Durée : 4-12 jours
Distance : 51.7 km
Dénivelé + 4 426 m
Dénivelé – 5 200 m
Massif : Annapurna – Népal
Point de départ : Manang
Coordonnées du point de départ : 22,6668°N, 84,01981°E
Une bonne douzaine de jours à gambader dans la neige au nez et à la barbe des géants de glace du massif des Annapurnas, impassibles. Cet itinéraire propose une variante “Alpine” de la traversée Manang – Jomson via le lac Tilicho, normalement faisable en 4 jours.
La neige est tombée en abondance cette année, tout est encore couvert de blanc. On fera des petites étapes, le poids des sacs et l’altitude (10 jours au-dessus de 5 000 mètres) forcent à avancer à un petit rythme. Ça tombe bien, on est là pour profiter !
La neige parfois à mi-cuisse nous a fait regretter de ne pas avoir trouvé de ski avant de se lancer dans la traversée. Si vous faites l’itinéraire encore tôt dans la saison, l’endroit est un véritable réservoir à neige, ça vaut le coup de chercher des planches à Kathmandu…
Video
Itinéraire complet
Manang - Pussem Danda Ridge
Durée : 4 jours
Distance : 16.8 km
Dénivelé + 2 324 m
Dénivelé – 587 m
La piste qui mène à Manang vient d’ouvrir. Pour les costauds il est possible de commencer la rando depuis Besisahar, ce qui rajoute une semaine de marche pour rejoindre Manang. Certaines parties de cette portion (surtout dans la première moitié) se font directement sur la piste, beaucoup de fond de vallon, on prend donc une Jeep jusqu’à Manang. La piste est pour le moins chaotique, il faut compter 7 à 8 heures de trajet et environ 4 000 roupies par personne (~30€) pour le trajet.
Une fois à Manang, deux cols permettent de rejoindre Jomson. Le premier ; Thorong-La est sur l’itinéraire classique du tour des Anapurnas. Certainement pas sans intérêt, l’itinéraire est bordé de TeaHouses où il est possible de manger et dormir. On a la ferme intention d’user de la sardine, on opte pour le passage par le lac de Tilicho. Beaucoup nous disent qu’il est encore fermé à cause de la neige. On a presque 15 jours d’autonomie dans les sacs, on va voir jusqu’où on peut aller. Si ça ne passe pas, retour par Manang.
Les paysages de la vallée de Manang ressemblent beaucoup à ceux du Mustang voisin, des colonnes rocheuses sculptent le fond de la vallée. Après Manang, direction Kangsar : dernier village de l’itinéraire. On en profite pour faire une petite étape et glander dans le village l’après-midi. On assistera à une session d’entraînement de tir à l’arc en vue de la compétition qui aura lieu 4 jours plus tard. Certaines rues sont encore pleines de neige, on a peine à imaginer ce que doit être la vie du village au cœur de l’hiver. Ça nous laisse le temps de réfléchir à une petite variante pour atteindre Tilicho. On pense monter dans un premier temps sur le plateau au-dessus de Kangsar, histoire d’améliorer l’acclimatation avant de se lancer dans la traversée.
Après une dernière nuit en dur et un dernier vrai repas, on attaque la montée. On part de 3700 m, lorsque l’on passe les ruines du village abandonné de Upper-Kangsar. La neige est déjà là. On monte à flanc de montagne sur un sentier potable au début, puis vite complètement recouvert de neige. On commence à comprendre. Les sacs nous écrasent et on s’enfonce dans une neige qui commence déjà à fondre. Chaque mètre de gagné est une petite victoire. Premier jet de tente devant une petite bergerie d’été, encore aux trois quarts recouverts par la neige.
On continue la montée vers le plateau. La neige trop dure du matin nous empêche de décoller avant 9/10h, et cette même neige une fois fondue rend toute progression lente et pénible après 13-14h. Bien. On fera des petites journées. Malgré ça on en chie quand même pas mal. On pose le camp avec l’arrivée du mauvais temps en bordure du plateau, tout juste au-dessus de la barre des 5000 mètres. On ne le sait pas encore mais on passera les 12 prochains jours au-dessus de cette altitude.
Une fois de plus, le lendemain aucun nuage au lever de soleil. La météo sera sensiblement la même sur les 10 premier jours (avant que les choses ne se gâtent) : grand ciel bleu au réveil, d’énormes nuages qui commencent à fleurir en début d’après-midi pour éventuellement nous engloutir pour la fin de la journée. Le plan initial était de monter jusqu’au plateau pour une nuit puis redescendre ensuite récupérer l’itinéraire classique. Maintenant qu’on est là on irait bien voir ce que ça donne au niveau de l’arête qui ferme la partie Nord du plateau.
On remplit les réserves et on monte. Ça aurait été dommage de ne pas passer par là. On se retrouve en haut d’une arrête au centre d’un immense cirque montagneux. Au loin le Manaslu commence à amasser les premiers nuages. On creuse une plateforme dans une étrange pierre mille feuilles de laquelle sortent de belles dalles qui seront très utiles pour monter un petit pare-vent. L’exposition au vent justement nous pousse dans les duvets quelques secondes après que le soleil disparaisse. On se partage trois sacs de couchage, un chaud et deux zéro degrés. Avec toutes nos couches dessous ça passe mais il ne faudrait pas 10 degrés de moins…
Pussem Danda - Tilicho ridge
Durée : 4 jours
D4istance : 11.3 km
Dénivelé + 980 m
Dénivelé – 809 m
Le lendemain matin, grand beau, petit vent, très grand froid. Le thé servi avec levé de soleil fait des miracles. Puis le vent s’arrête. On a l’impression d’avoir gagné 50 degrés d’un coup. De l’autre côté du plateau on commence à scruter un col. Seul passage possible entre le plateau du MoonLake et celui du Tilicho. Sur les cartes, le passage paraissait trop raide pour être envisagé. Avec la neige c’est différent. La pente est orientée plein Est, si on arrive au bon moment, après le gel et avant la fonte, ça peut le faire à coup de petites marches dans la croute encore dure. On va essayer.
Du coup on ne décolle pas trop tard, on a tout le plateau à traverser avant que la neige ne porte plus pour se retrouver au pied du verrou et attendre la bonne heure pour monter au col. Après être redescendu récupérer les sacs de bouffe qu’on avait laissé au lac, on trace. La neige est déjà un peu molle par endroits. On commence déjà à sérieusement regretter de ne pas être venu à ski. Ce n’est que le début. C’est magnifique. On est seuls au monde sur ce grand plateau immaculé face aux drapés des 7000 de l’autre côté de la vallée.
On n’arrivera pas au pied du verrou ce soir, la neige a déjà trop ramolli. On s’arrête sur un petit mamelon qui dépasse un peu de l’étendue blanche. Le lendemain on plie le camp aux premières lueurs, avant même le premier thé. On a repéré un petit ruisseau qui coule à quelques centaines de mètres, certainement un des derniers du séjour. On va prendre le petit dej et remplir les gourdes là bas.. Finalement le col n’est pas si près que ça. Il y a une bonne heure avant d’arriver au pied du mur, mais sur une neige qui porte, ça fait plaisir.
On arrive au début de la pente sérieuse vers 9h en espérant que ce ne soit pas trop tard… les premiers -Z- sont encore un petit peu dur, mais le but c’est d’arriver à finir avant que ce ne soit trop mou, donc on continue. La montée est épuisante. Il faut taper chaque nouvelle trace de pied pour faire de belles petites marches. On arrive sur la partie la plus raide, à 5 400. Chaque pas demande 2 ou 3 respirations complètes à nos petits poumons encore peu acclimatés.
Trop raide pour les -Z-, maintenant c’est tout droit dans l’pentu. Et le timing est parfait. La neige a transformé sur 5 à 10 cm, dans lesquels on peut planter les pieds de la pointe au talon. Il ne reste plus qu’à arriver en haut avant que ça ne fonde plus. Plus de sucre dans les poches ni dans les jambes, pas franchement le temps de tout déballer, les derniers mètres s’arrachent avec les dents de devant. Ça commence à se ramollir à mesure que la pente se calme, puis la vue se dégage. On pose les sacs, on s’assoit, on admire et on respire…
Première vue sur le lac Tilicho, dans lequel se jettent les séracs qui s’accrochent aux faces Nord sur près de 3000 mètres. Tout est blanc étincelant. De l’autre côté, comme les cartes l’indiquaient, une pente beaucoup plus douce descend du côté du lac. On a gagné notre passage vers la suite de l’itinéraire. Pour autant, on n’a aucune envie de descendre tout de suite. Après le repas on commence à envisager de passer la nuit ici. Rien de vraiment plat. La neige est molle sur les 10 premiers centimètres, puis une croûte de glace solide comme du marbre apparaît. Impossible de faire une plateforme suffisamment grande.
La seule solution serait de décaisser / remblayer sur la partie plus rocheuse de l’arête. Il est tout juste midi, il y a le temps. C’est parti. C’est l’occasion de faire chauffer la pelle qu’on s’est confectionnée à Pokhara. Mauvaise surprise après quelques coups de pelle, une grande dalle inclinée se trouve à peine quelques centimètres sous les premiers cailloux. Impossible de décaisser. Reste la solution de remblayer. 3 heures plus tard, la tente repose sur une petite plateforme de boue granuleuse gelée tout juste de la bonne taille, en balcon devant le spectacle. Ballet de nuages ponctués de chutes de séracs et de vols de vautours occuperont ce qui reste de l’après midi.
Chose étonnante, le fait d’être si haut relève tous ces petits instants d’apnée du quotidien, et il y en a beaucoup : prise de photo, fermeture de veste, ouverture d’emballage, nœuds de chaussure, etc. Là où d’habitude il suffit d’une ou deux bouffées pour récupérer son souffle sans percevoir le moindre manque, ici on a l’impression d’asphyxier et on se met à respirer comme si on sortait d’une apnée de 25 minutes. La nuit aura été fraîche, mais heureusement sans vent. Le lendemain, toujours le même scénario, on jette un œil hors de la tente pour voir un lever de soleil sans nuage, d’un froid saisissant. On attend que ça chauffe un peu, puis thé et porridge dehors.
On retourne se mettre sous la tente qui a eu le temps de chauffer pour “ranger”. Suivant le programme de la journée le rangement peut prendre un certain temps. Aujourd’hui, tout petit programme… On ouvre tout, on est bien dans la tente. Sans vent, le soleil est très efficace et nous met aux ¾ à poil, avec seuls les séracs pour témoin. Il en faut plus pour les faire rougir.
On fait le compte, ça fait déjà 5 jours qu’on n’a croisé personne, et vu le désert blanc qu’on a en face de nous ce n’est pas près de changer.
Tant qu’on est sur notre bout d’arête, on en profite pour explorer. Vers l’Est on est vite bloqués. L’arête est très fine et exposée, la roche mauvaise, et le petit saupoudrage de neige fraîche n’est pas pour arranger les choses… En revanche on peut facilement remonter un peu vers l’autre côté pour dégager un peu plus la vue.
On déplace le camp pour s’avancer un peu plus mais aussi pour être un peu moins exposés, la météo a été clémente une nuit mais rien ne dit que ça dure. On se trouve juste en contrebas un spot plat à côté d’un petit lac dans lequel viennent se jeter les restes d’un glacier mourant. Donc il y a de l’eau, encore faut-il pouvoir y accéder. De nouveau grâce à notre petite pelle métallique, on casse les 10-15 cm de glace pour pouvoir remplir nos gourdes.
Le lendemain on vise l’arête qui surplombe le lac Tilicho, encore une petite journée, mais l’altitude commence à se faire sentir. On creuse notre trou au milieu de l’arête juste devant les faces Nord du pic Tilicho qui déversent leurs séracs sur le lac, encore gelé. Le spot est plutôt sympa. On va peut-être s’y arrêter un peu…
Tilicho - Jomsom
Durée : 4 jours
Distance : 23.6 km
Dénivelé + 1 122 m
Dénivelé – 3 604 m
Comme d’hab, pas un nuage au lever de soleil, froid et venté. On finit par sortir le nez de la tente en milieu de matinée. Le vent est tombé, le soleil est toujours là, on est bien. On commence à explorer un peu les alentours, on tombe vite sur un piège photo caché sous quelque rochers, et des dizaines de traces de félins. A priori un gros et au moins un petit.
Quelques recherches une fois descendus nous apprendrons que ces pièges avaient été installés dans le cadre d’une étude sur les léopards des neiges.
En 2013, après avoir récupéré des images de léopard, les boîtiers ont également capturé des images de petits félins, des chats des Pallas qui n’avaient encore jamais montré leur nez au Népal
Les dimensions des empreintes suggèrent certainement un léopard adulte avec au moins un petit, mais on ne verra pas le bout de leur museau de tout notre séjour là-haut.
On profite de notre journée de repos pour faire une petite promenade sans sac jusqu’au bout de l’arête sur laquelle on se trouve. Un pur bonheur. Le soleil cogne fort et chauffe (un peu) ce cirque de glace pour le rendre vivable, l’espace d’un instant. Il doit faire presque 10°c, véritable canicule. De nouveau, les nuages d’orage s’amoncellent autour du lointain Dhaulagiri dans un premier temps, puis gagnent la barre des Annapurnas par l’Ouest avant d’engloutir tous les 7000 qui nous entourent. Retour dans les duvets.
Une fois de plus, réveil sous un soleil bienvenu pour dégivrer la tente. Aujourd’hui on se prépare pour demain. On compte s’attaquer à un petit 6 000 (sans nom) au Nord du Bassin de Tilicho, que l’on scrute depuis une semaine. L’objectif de la journée est de s’y rapprocher avec la tente pour diminuer l’étape du lendemain. Une fois de plus, petite étape sur le papier mais déjà tôt dans l’après-midi on commence à s’enfoncer. Le ciel commence à se charger plus tôt et plus vite que d’habitude…
On arrive dans une petite cuvette au bord d’un lac gelé. Moyennant un trou dans la glace on arrivera à récupérer de l’eau, c’est toujours ça de gaz de sauvé. On se met à l’abri du vent qui commence déjà à forcir. Le ciel se fait de plus en plus foncé, et les premiers petits flocons laissent place aux plus gros, puis aux grêlons. Le vent soulève inlassablement des quantités de neige qui viennent s’infiltrer par la moindre aération entre la toile et la moustiquaire. Une fois piégée à l’intérieur, la neige fraîche est tamisée au travers de la moustiquaire grâce au vent qui secoue la tente toujours plus fort. Des voiles de microparticules de neige chutent doucement, scintillant au passage du faisceau de la frontale avant de se poser en douceur sur l’épaisse couche du plume de nos duvets, une île de paix au milieu d’un océan de chaos.
Le vent ne lâche rien. Il faut tenir la tente une partie de la nuit pour soulager les arceaux, déjà pliés sous le poids de la neige. On dirait que la température aussi chute. A cette heure on ne se fait déjà plus trop d’idées sur nos chances de monter sur le sommet le lendemain. Un bon 15-20 cm de neige est déjà tombé.
Malgré la tempête qui aura duré une bonne partie de la nuit, le lendemain le ciel s’est bien vidé de ses nuages, mais ils ont laissé une couche de poudreuse de 30 à 50 cm, voir plus dans les bassines. Non seulement ça dézingue notre espoir de sommet aujourd’hui mais ça complique considérablement le passage du col pour descendre sur Jomsom… Plus possible de viser de grandes traversées à flanc comme c’était prévu par peur des avalanches. Plus possible non plus de passer dans les reliefs mous du col sous peine de s’enfoncer jusqu’à la taille.
La meilleure solution serait d’occuper le camp au moins 2 ou 3 jours pour laisser la neige se tasser, mais il nous reste à peine un jour de nourriture. A cours de solution, on décide de passer par les crêtes. Faisable moyennant une petite traversée à flanc pas franchement seine et quelques centaines de mètres d’arête. Si le temps tient bon quelques heures on a une fenêtre pour passer. Une petite heure à peine après le départ, les premiers nuages arrivent. Par en dessous.
On est pris dans un brouillard dense. On voit à peine à 5 mètres, et il n’y a rien d’autre à voir qu’une grosse tâche blanche sans relief. Le vent se lève.
On arrive au premier col grâce au GPS. Aucun endroit pour planter la tente. De là il suffit de suivre l’arête sur une bonne centaine de mètres de dénivelé. Une petite vire rocheuse assez aérienne permet de contourner la difficulté principale de l’arête. Maintenant il neige à l’horizontale. Un autre cadeau laissé par la tempête, on a perdu une bonne dizaine de degré… Premier spot de tente au sommet au bout de l’arête. On n’hésite pas longtemps. Quelques coups de pelle et la tente est montée, au milieu de la tempête, à 5700m.
Les chaussures sont devenues des enclumes de glace, sous peine de gelures sévères on ne prend pas le temps de protéger le camp. On fait tout juste un petit saut de vent pour éviter les bourrasques par en dessous, puis on file au fond des duvets
Une fois de plus la nuit sera l’occasion d’un déchaînement de violence. La neige remplit les absides. Plusieurs fois on aidera la tente à endurer les plus grosses rafales. Il faut qu’elle tienne…
Le lendemain, la partie n’est pas gagnée mais on a de notre côté le soleil matinal nous aidera à supporter les dernières heures de neige. Deux heures après le lever de soleil il fait encore -15°c. Le vent qui n’a pas faibli rend la chose assez pénible dès qu’on met le nez dehors. En finissant les derniers restes de bouffe, on se résolu à descendre les 3 300 mètres qui nous séparent de Jomson aujourd’hui. Il ne faut pas trainer. On enfile des chaussures qui sont déjà des blocs de glace pour aller patauger dans la neige.
Grosse déception, on ne trouvera pas de neige suffisamment dure pour descendre en « ramasse ». Ça nous aurait bien économisé les genoux. A la place on mouline dans la poudreuse avec deux gros blocs de neige glacés sur les chaussures. Les orteils, eux, ramassent.
Après une grosse heure à nager dans la puff, La neige fond et les premiers rochers commencent à ressortir. On essaye de ranimer un peu le bout des pieds en même temps qu’on finit nos 4 derniers crackers avec un rognon de fromage de yak.
On trouve un premier cours d’eau sous un pont de neige. La longueur du bras suffit tout juste à remplir quelques gourdes. Paradoxalement, l’une des choses les plus difficiles à gérer pendant ces deux semaines dans la neige -après le froid- fût le manque d’eau. De quoi péter un plomb.
On continue notre descente vers la vie. Les premières tâches de terre, puis d’herbes, un renard (premier terrien que l’on voit depuis deux semaines), les premiers arbustes. Puis les oiseaux gazouillent, le soleil chauffe, les premiers insectes apparaissent,
quelques petits arbres et c’est un festival de vie qui nous entoure. Puis les premières traces humaines apparaissent. Premier chemin, premier cairn, première ruine, premier camping, et premiers déchets.
Au fur et à mesure que l’on descend on croise de plus en plus de ruines, le chemin se fait plus large mais toujours pas âme qui vive. Après une grosse journée de descente on s’approche à la tombée de la nuit du premier village, très compact, une centaine de maisons serrés les unes contre les autres d’où s’échappent quelques rires d’enfants et autres bruits de nos semblables. Malgré les odeurs de cuisine on ne s’arrêtera pas à ce village. On sort les frontales pour parcourir les derniers kilomètres avant le village de Jomsom.
Débauche de luxe : chambre avec douche CHAUDE !! Lits, couette, prises électriques, mais surtout cuisine népalaise au rez-de-chaussée. Rarement on n’aura apprécié à ce point les petits agréments d’une vie civilisé -peut être aussi après deux semaines à pédaler sur l’Altiplano, les gelures en plus-.
Après une nuit d’une profondeur insondable et un petit déjeuner gargantuesque, on se dirige vers l’épreuve principale de l’itinéraire : 10-12 heures de bus sur la piste qui descend de Jomsom. Vu l’état des pieds, des genoux, du dos et du reste, on ne sera finalement pas si mécontents de se faire descendre entre quatre roues. Les pensées encore un peu prises dans les glaces, on regarde défiler la vallée, les arbres, les fleurs, les gens. Dans le confort du bus le plus tappe-cul qui soit, on se laisse secouer doucement, débarrassés des préoccupations de survie des derniers jours.
On arrivera à Pokhara au milieu de la nuit. On a quelques jours pour réchauffer les orteils, et préparer la prochaine excursion.
5 Comments
Bravo et merci ! Quel dépaysement de vous suivre !
Wow, cette expédition a été épique ! Les images sont magnifiques ! J’imagine que vous avez eu un peu peur lorsque les nuages vous ont enveloppés. Aviez vous un moyen de consulter la météo?
Merci Maël, et désolé pour le retard de la réponse…
On a un peu flippé oui, surtout par rapport au niveau de bouffe qu’il restait ! Pas de moyen de consulter la météo. Du coup on a croisé les doigts 🙂
[…] douceur pour ceux qui souhaitent s’engager ensuite au Nord des Annapurna par le col de Thorong-La ou du Tilitcho. Ce parcours varie entre forêt de rhododendrons, champs en terrasse et arêtes rocailleuses. La […]
[…] On arrive donc au milieu de la nuit dans la vallée, les champs entêtants de l’après-midi résonnent encore dans nos têtes pour quelques jours, alors qu’on prépare notre prochain périple dans les Annapurna. […]