Durée : 7 jours
Distance : 72 km
Dénivelé : 3 150 m
Pays : Laos
Point de départ : Vang Vieng
Coordonnées du point de départ : 18.9276°N, 102.446°E
Au Nord de Vientiane, la petite ville de Vang Vieng a longtemps fait parler d’elle par sa production de substances neuroleptiques. C’est une ville assez moche, pleine d’hôtel sans charme construite dans le but d’accueillir des touristes occidentaux venu goûter aux effets de l’opium et autres substances, parfois plus « dures ».
En revanche, la vallée voisine est un petit paradis naturel qui regorge de petits sentiers, grottes et belvédères perchés sur des falaises karstiques colonisées par une jungle luxuriante qui semble de prime abord verrouiller l’accès aux sommets.
Une piste serpente au fond de la vallée et permet de relier facilement les départs de sentier qui serpentent dans ces forêts denses pour offrir un accès sur ces petits pains de sucre. Les distances sont faibles, le vélo se présente comme le moyen de transport idéal dans la vallée.
Video
Itinéraire complet
Vang vieng - Pha Ngern
Distance : 6.2 km
Dénivelé + 602 m
Dénivelé – 198 m
Les loueurs de vélo ne manquent pas à Vang Vieng, on se trouve un bolide assez tôt et on s’enfonce dans la vallée à l’Ouest de la ville. Rapidement, les falaises nous entourent et ferment la vallée, donnant l’impression d’être isolé du reste du monde.
On croisera vite la route des buggys : des petits véhicules 4×4 qui circulent en groupe sur cette piste en soulevant des nuages de poussière au nez des habitants de la vallée qui ne touchent pas un centime de ce sale business. On prendra un malin plaisir à occuper toute la largeur de la piste pour les forcer à ralentir. En dehors de ces convois, la piste est plutôt paisible et assez peu fréquentée.
Le premier point de vue auquel on s’attaque est l’un des plus hauts de la vallée. Un travail assez phénoménal a été réalisé par les locaux pour ouvrir un chemin, l’équiper, et l’entretenir. Cerise sur le gâteau, des petites cabanes de bois ont été construites au sommet de ces collines et offrent des panoramas spectaculaires. En conséquence, il faut donc s’acquitter d’un petit droit de passage au départ du sentier. On va devoir laisser les vélos en bas. Pour ne pas inquiéter ceux qui gèrent les entrées, on annonce notre intention de dormir là-haut.
Branle-bas de combat, la première personne à qui on s’adresse se sent un peu désemparée face à notre requête, visiblement une première ici. Après un premier coup de fil, la réponse tombe : c’est non. On se montre un peu insistants, l’une des personnes se trouve être le fils du chef du village. Il appelle son paternel, lui explique notre intention, nous fait promettre de ne pas toucher au snacks du petit stand perché et on finit donc par obtenir la permission de passer la nuit là haut !
La montée est assez rude sous la chaleur encore écrasante du soleil de fin d’après-midi. On monte d’une traite jusqu’au point de vue le plus haut où nous attendent deux petites cabanes qui offrent un spot de bivouac idéal. Une fois la nuit tombée on monte la moustiquaire sous le toit du dernier abri.
Pha Ngern - Pha Hon Kham
Distance : 9.5 km
Dénivelé + 442 m
Dénivelé – 353 m
Sur la descente on se prend une petite pause au point de vue intermédiaire. Les habitants du village d’en dessous y sont réunis à une petite quinzaine pour construire une plate-forme, probablement pour y agrandir le stand de snacks et boissons fraîches. Pour l’instant il est constitué seulement d’une grande glacière remplie de glaçons et boissons. La construction est assez impressionnante à voir. Certains sont affairés à faire tomber un bloc rocheux, d’autre découpent les pieux qui serviront à faire les fondations tandis qu’une autre équipe prépare le plancher ; un sérieux petit chantier perché à une centaine de mètres de hauteur.
Après un bon moment là haut, on finit par terminer notre escapade et regagner nos vélos avec quelques petits sacs remplis de détritus ramassés le long du sentier -l’endroit attire des touristes, visiblement pas tous convaincus de l’intérêt de descendre ses déchets-
On continue notre route à la recherche d’un autre nichoir perché. Selon nos cartes, le prochain n’est pas très loin, à quelques minutes en vélos. L’accès est facile à trouver, il se fait au niveau d’une cabane au bout d’une petite piste herbeuses. De nouveau, on demande l’autorisation d’aller dormir là-haut. La réponse ne fut pas celle attendue, même en expliquant qu’on avait déjà eu l’autorisation du chef du village voisin. On se bute à un -non- catégorique. On essaie bien de discuter mais cette fois ci rien à faire. Un peu déçus, on repart bredouille en quête d’un nouveau point de vue pour passer la nuit.
On remarque une petite cabane perchée un peu plus loin dans la vallée, un peu à l’abandon. Elle n’est répertoriée sur aucune de nos cartes. Une fois au pied de la colline, aucune cabane de péage, aucun départ de sentier. On demande notre route dans une habitation au pied des falaises. D’après le peu qu’on comprend de leur réponse, il n’est pas possible de monter là-haut, ce qui ne fait bien sûr qu’augmenter notre envie d’y aller. Visiblement ça n’est pas interdit, juste fortement déconseillé. On se lance.
Le sentier est très peu marqué mais vu la jungle dans laquelle on évolue, il doit y avoir un minimum de passage pour qu’il ne soit pas complètement mangé par la verdure, il y a même quelques marques et aménagements, donc on continue sur la petite sente. Au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans la jungle, le doute s’installe. Le sentier donne certainement la possibilité de boucler autour du massif mais nous éloigne de plus en plus de la petite cabane perchée. On finit par accepter l’évidence ; on fait fausse route. En fouillant les buissons sur le retour on trouve un ancien départ de sentier qui semble partir dans la bonne direction.
On lance le drone en éclaireur, une passerelle de bambou à moitié détruite pend dans le vide au-dessus de la falaise. On comprend mieux les avertissements. Demi-tour sous les acclamations des fermiers à qui on avait demandé de l’aide sans écouter les conseils…
Une nouvelle fois on retourne bredouilles à nos vélos. La journée a déjà bien avancé, il commence à devenir urgent de se trouver un point de bivouac. On continue de s’avancer plus loin dans la vallée. En préparant l’itinéraire on a repéré deux cabanes perchées sur un fil d’arête, on vise la plus avancée des deux.
Une bonne partie de la montée a été taillé au travers d’une jungle épaisse et quelques passages se font soit à même la roche soit sur un mince escalier métallique au ¾ rouillé planté au dessus du vide. Arrivés là-haut, quelques marches taillées directement dans la roche donnent accès au sommet de la dorsale de calcaire. On n’est pas déçus : une toute petite cabane domine une arête aiguisée comme une lame. Ambiance aérienne garantie.
Le lendemain on se réveille perchés au-dessus d’une mer de nuages. Des bancs de brume enveloppent le fond de la vallée et les arêtes dépassent comme des îles verticales sorties tout droit d’un conte de fée. Le soleil finit par percer à travers les nuages et vient illuminer l’océan de brume sous nos pieds. Instant irréel, seuls au monde perchés dans notre cabane face à un spectacle de nature comme on en voit rarement.
Après quelques heures on plie bagages, encore étourdis par ce qu’on vient de voir. Un petit détail nous fait vite redescendre de notre nuage : un rongeur à visiblement passé la nuit dans un sac de bouffe. Le problème n’est pas tant le morceau de pain qu’il faudra jeter, mais plus les deux trous béants qu’il a laissé dans le sac à dos…
Pha Hon Kham - Ban Nampoum
Distance : 10 km
Dénivelé + 215 m
Dénivelé – 230 m
On continue ensuite de s’enfoncer vers l’Ouest entre rizières et montagnes. Ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre on avait prévu quelques réserves de nourriture mais tous les petits hameaux ou villages que l’on croise ont leur petit restaurant de bric et de broc dans lesquels on mange souvent très bien pour pas grand-chose. On se fait rarement prier pour s’arrêter.
Le soleil commence à tomber, il faut chercher un coin tranquille pour poser la tente. En s’éloignant de la piste on tombe sur un petit cours d’eau dans laquelle patauge une bonne quinzaine de buffles. On pose la tente un peu plus loin dans une rizière asséchée.
Ban Nampoum – Pha Ngern
Distance : 22.4 km
Dénivelé + 720 m
Dénivelé – 400 m
On aimerait continuer sur cette lancée quelques jours de plus, mais le moment est venu de faire demi-tour. Il est possible de boucler par le Sud de la vallée pour éviter l’aller-retour par la même piste. On avait repéré un point de vue sur une falaise plus au Sud, mais il est manifestement abandonné. Vu l’exposition des chemins qui montent à flanc de falaise on préfère ne pas tenter l’exploit. On reste tranquillement sur nos vélos en fond de vallée direction Vang Vieng.
En s’arrêtant dans un petit restaurant on discute avec le patron du problème des buggys qui ravagent la vallée. Pour ceux qui habitent la vallée depuis plusieurs générations c’est un désastre. S’ils voient généralement d’un bon œil le développement du tourisme et des revenus qui vont avec, ils ne peuvent que fustiger ces convois traversant les villages pleins gaz sans s’arrêter enterrant les maisons sous une épaisse couche de poussière. Le propriétaire nous confie ne rien pouvoir faire d’autre que jeter ses ongles sur la piste en signe de protestation. D’autres viennent déverser des clous sur la piste en espérant crever quelques pneus.
Autre ombre au tableau, quelques kilomètres plus au sud de la vallée, une mine grignote un pain de sucre pour alimenter les besoins en calcaire de la cimenterie Chinoise. Celle-ci fut installée au sud de Vang Vieng pour la construction de la ligne à grande vitesse TransAsian qui devrait rallier la Chine à Singapour en traversant le Laos et la Thaïlande.
La boucle est bouclée. On a rejoint la partie Nord de la vallée, avant de rentrer on retourne poser la tente sur le perchoir de la première nuit pour faire nos adieux à la vallée. On reprend vite nos marques, c’est assez agréable de revenir au même endroit, on se sent un peu comme à la maison.
Notre séjour dans la vallée touche à sa fin mais on n’a aucune envie de partir. Les restaurants nous on fait économiser sur les réserves de bouffe, il nous reste encore de quoi tenir largement deux jours. Il n’en fallait pas plus pour nous pousser à rajouter un dernier bivouac sur la route.
Pha Ngern - Vang vieng
Distance : 23.9 km
Dénivelé + 1 300 m
Dénivelé – 1 800 m
De nouveau, on pose les vélos pour monter au point de vue. Même topo que les jours précédents, une sente a été aménagé au travers d’une jungle épaisse. Un sentier de béton habille les premiers mètres en montant droit dans la pente. Quelques lacets prendront le relais dans une épaisse forêt de bambous jusqu’à arriver au premier replat de la crête où on trouve une première petite cabane.
On continue la montée, le vrai spectacle est au sommet. On y arrive assez vite. Ce point de vue semble avoir moins de notoriété que les précédents, peut-être est-il plus récent, mais la cabane du sommet est certainement la plus impressionnante de la vallée. C’est un duplex de petites branches où des passerelles relient la cabane avec des plates-formes organisées autour des pics calcaires qui marquent le sommet. On s’y sent rapidement chez nous.
Le lendemain une petite brume éparse occupe le fond de la vallée, mais rien à voir avec la fabuleuse mer de nuages qu’on avait eu trois jours avant. On se remet en route pour Vang Vieng, cette fois ci pour de bon. Sur la route en prendra quand même le temps d’aller faire un tour dans la grotte Khan Kham cave au milieu de laquelle trône un Boudha éclairé par la lueur vacillante de deux bougies. Il y a un petit parcours de spéléo dans un boyau étroit de la grotte, quelques marques sur les parois aident à s’y retrouver dans ce labyrinthe souterrain. Par moment il faut ramper dans des petites galeries, mais les flèches aident à rester serein même si on n’y connaît pas grand-chose en spéléo… Claustrophobe s’abstenir !
Une fois à l’air libre, on reprend les vélos direction Vang Vieng. Sur la route, il est conseillé de ne pas manquer le point de vue Pha Poak. Beaucoup moins haut que les précédents, le mini sommet est quand même très intéressant. Des pointes de calcaire dépassent d’une falaise à l’aplomb d’une forêt dense et verdoyante. Ce sera pour nous le dernier avant le retour vers Vang Vieng.
On finit donc ce petit périple avec un sentiment mitigé. On en a pris plein la vue et les paysages de la vallée sont vraiment exceptionnels, mais impossible de s’empêcher de ressasser cette discussion avec un habitant de la vallée qui nous confiait son désespoir sur l’évolution du tourisme avec l’arrivée des buggys qui ont défiguré le fond de la vallée en seulement quelques années. Il faut espérer que quelque chose sera fait pour rendre à la vallée ce petit paradis tropical.
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