Durée : 4 jours
Distance : 40.3 km
Dénivelé : 4 760 m
Massif : Bornes– France
Point de départ : Annecy le vieux
Coordonnées du point de départ : 45.9193°N , 6.1582°E
Mélange de grands classiques et petites sentes, forêts et crêtes, tomme et reblochon, cet itinéraire permet de découvrir les différents visages que les abords du lac ont à offrir. L’objectif initial était de rallier Annecy à Faverges par les crêtes. La traversée de la pointe de la Beccaz nécessitant du matériel d’escalade, nous nous sommes rabattus sur une descente vers Doussard par le col de la Forclaz. L’itinéraire reste cependant une belle petite randonnée, probablement faisable à la journée en mode trail ultralight, mais ce serait dommage de se priver des couchers de soleil sur le lac depuis les hauteurs (et pour être honnêtes, on n’a pas la caisse pour engloutir les 4 700 mètres de dénivelé en une quinzaine d’heures…). Chargé, il faut prévoir entre trois et quatre jours suivant les variantes. Cerise sur le gâteau : départ et retour en bus possible depuis Annecy.
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Itinéraire complet
Annecy – Mt Baron
Distance : 6 km
Dénivelé + 930 m
Dénivelé – 212 m
La voiture reste au garage, on atteint le pied du Mont Veyrier en bus. Depuis l’IUT d’Annecy-le-vieux, il faut marcher une petite demi-heure pour trouver le départ du chemin. On quitte rapidement le sentier principal pour une petite sente qui monte dans une forêt enchanteresse couverte de mousses, avant de retrouver l’itinéraire classique au pied du Mont Rampon. Un gros sentier monte ensuite jusqu’au Mont Veyrier, premier point de vue dégagé sur le lac et l’enfilade des arêtes des Bauges.
La traversée Mont Veyrier – Mont Baron au-dessus des falaises est un classique, mais ça reste tout de même agréable. Le chemin serpente dans une forêt en offrant une ombre appréciable et quelques points de vue éparses. Au bout de cette ligne de crête, le mont Baron est un point de vue particulièrement fréquenté au coucher de soleil, du fait de son accessibilité (une vingtaine de minutes de marche depuis le col des contrebandiers). C’est aussi un bel exemple de restitution à la nature d’un espace défiguré par le tourisme.
En 1935, un banquier annécien décide de l’implantation d’un téléphérique et d’un hôtel de luxe au sommet, une verrue d’acier et de béton dans un cadre privilégié, confisqué au profit de quelques locataires. L’installation devenue vétuste est contrainte de fermer en 1984, mais évidemment, personne n’est prêt à financer un démantèlement, et le béton demeure. Il faudra un accident mortel d’une jeune femme de 17 ans pour que le département et la région se décident à financer le démantèlement en 2001 sur le denier public, une cinquantaine d’année après la mort du banquier bétonneur.
Aujourd’hui, une grande plateforme de terre battue reste le seul vestige de ces folies humaines. Au pied d’un arbre un peu à l’écart, on dégage les rochers pour en faire un spot intime pour passer la nuit à la belle. On occupe la fin de l’après-midi entre sieste et jumelage des alentours, assis sur un gros rocher calcaire plutôt confortable. Après quelques heures, une tache marron frétille à une cinquantaine de centimètres de l’endroit où nous sommes assis. La tache marron se déroule, une énorme vipère péliade sort de sa sieste.
Visiblement incommodée par le dérangement, elle quitte néanmoins son spot dans un concert du jurons sifflé dans une langue fourchue. Pas spécialement rassurés à l’idée de passer la nuit en telle compagnie, on passera une bonne partie de la soirée à taper sur les pierres autours du bivouac pour signaler notre présence.
Mt Baron – Dents de Lanfon
Distance : 11.8 km
Dénivelé + 1 350 m
Dénivelé – 1 020 m
Le lendemain, on poursuit l’itinéraire vers le sud en descendant vers le col des contrebandiers. Après le parking, un petit chemin à peine marqué s’attaque à la traversée du Mont Baret, de nouveau dans une forêt magnifique, avare en point de vue et en randonneurs. De passage au village de Bluffy, on remplit nos gourdes chez un habitant avant de remonter en direction des dents de Lanfon. On aurait en fait pu se passer de monter les 7 litres, car un petit filet d’eau coule juste sous le col… Rien ne dit qu’il ne s’assèche pas au cœur de l’été.
On rencontre une randonneuse qui semble bien connaitre le coin. Elle redescend des aiguilles et nous prévient que pour trouver un spot pour passer la nuit là-haut, il faudrait traverser jusqu’à l’aiguille Nord qui offre un replat idéal pour passer la nuit. A la question « est-ce que ça passe sans corde ? » elle nous lâche un laconique « il faut avoir le pied alpin »… Bon, on va voir ça. Un itinéraire en pointillé sur les cartes IGN contourne les dents par en bas, mais on se motive pour traverser par au-dessus.
Le début de la montée est équipé de câbles, et vu l’exposition ce n’est pas de refus. En haut, le relief s’adoucit et les câbles disparaissent. C’est un peu limite, mais effectivement ça reste jouable. Les dents de Lanfon sont marquées par une succession de petites falaises et la sente alterne entre petites vires herbeuses et passage en varappe, dans une roche globalement seine mais par endroit assez friable.
On suit une petite sente qui se dirige vers la dent Nord, mais on bute finalement sur un pas un peu trop risqué à notre gout. Alors demi-tour vers les dents centrales où on s’arrange une petite plateforme tout juste assez grande pour poser deux matelas. Juste avant de basculer derrière l’horizon, le soleil perse la couche de nuages et illumine les sommets autour, le temps d’un instant.
Dents de Lanfon – Mamelon vert
Distance : 7 km
Dénivelé + 1 120 m
Dénivelé – 773 m
Aujourd’hui, l’arrivée de la pluie est annoncée. On n’a pas vraiment envie de se faire prendre là-haut, alors on s’envoie un petit-dej express pour redescendre la falaise avant les premières gouttes. Finalement, ça s’éclaircit un peu et on restera au sec, au moins la matinée. On finit la traversée du Lanfonet par le pas de l’Aulp (qui n’a de « pas » que le nom), avant d’entamer la remontée vers la star d’Annecy, la Tournette. Ce faisant, on passe par les chalets de l’Aulp où l’on trouve la meilleure tomme fermière de la région.
Le sommet est enfoncé dans une épaisse couche de nuages, peut-être à tendance orageuse. Alors on laisse tomber l’idée de passer la nuit en haut pour se rabattre sur un objectif plus raisonnable, le Mamelon Vert. L’orage éclate effectivement pendant la montée. Passé le refuge de la Tournette, on quitte l’itinéraire pour monter sur notre plan B, sous la flotte. Le Mamelon Vert n’a finalement rien d’un mamelon. Vu d’en bas, il ressemble à une grosse colline herbeuse, mais une fois dessus, il devient arête, où on trouve malgré tout un spot pour monter la tente.
Une fois le camp monté, il faut tuer le temps qu’il nous reste avant la tombée de la nuit. La tomme du chalet de l’Aulp y passera…
Mamelon vert – Doussard
Distance : 15.5 km
Dénivelé + 1 360 m
Dénivelé – 2 810 m
Pendant la nuit, les nuages se sont effondrés sur le lac. Au petit matin, le ciel est redevenu bleu et une mer de nuages dense flotte sous nos pieds, au-dessus du lac. Une petite couche de glace recouvre la tente. Ça explique pourquoi on s’est autant caillé cette nuit. On laisse sécher le camp pendant l’aller-retour au sommet de la Tournette. Au bord du chemin, deux bouquetins ne semblent absolument pas inquiets de notre présence. Ils se laissent volontiers approcher. Assis sur un rocher, le plus jeune ne prend même pas la peine de se lever.
On a beau être fin mai, il reste encore de beaux névés, directement au-dessus des falaises. Heureusement, il y a déjà eu du passage les jours précédants, et les traces sont plutôt bien marquées. La vigilance est de rigueur, mais c’est jouable. Arrivés sous le sommet, la vue s’ouvre vers l’Est et sur le Mont Blanc et ses deux frères (Tacul et Maudit) qui dépassent de la mer de nuages. Un énorme bloc rocheux d’une dizaine de mètres de hauteur marque le sommet, connu sous le nom de « Fauteuil ».
Pour y grimper, les premiers mètres sont équipés de chaines, pas forcément indispensable lorsqu’il n’y a pas de neige dans la goulotte, mais il faut bien admettre que sans le petit escalier de métal des derniers mètres on serait bien embêtés pour atteindre le sommet. Mais pourquoi ne pas se contenter de l’antécime et laisser le sommet à ceux en capacité de le grimper sans artifices ? Après les beaux discours, on utilise sans vergogne les chaines et l’escalier métallique pour se hisser en haut.
On avait comme projet de faire la traversée du sommet, mais la partie Sud de l’itinéraire traverse une série de petits névés suspendus directement au-dessus des falaises. Là, c’est trop. Demi-tour par le même itinéraire qu’à l’aller, sur le versant Ouest. On remonte ensuite sur le Mamelon Vert où on plie la tente sèche. En explorant les pentes qui donnent sur le lac, une petite vire rocheuse permet de rejoindre le versant sud, puis de descendre dans la combe du Charvet.
D’ici, on se rend bien compte que le projet initial de traverser par les arêtes de la pointe de la Beccaz au Crêt des Mouches était pour le moins … ambitieux. Une petite falaise d’une bonne quinzaine de mètres d’escalade verrouille l’accès à la pointe de la Beccaz, et au moins autant en descente verticale de l’autre côté. Bon, on redescend tranquillement vers le village de Montmin, d’autant qu’on a un rendez-vous au col de la Forclaz.
Le vues sur le lac ont été nombreuses pendant ces 4 jours, mais celle du col de la Forclaz est très certainement la plus harmonieuse. D’ici, la lac dessine des contours tortueux, le châteaux de Duingt et la fôret du Roc de Chère se font face et semblent vouloir couper le lac en deux. Comme prévu, les parents sont effectivement au rendez-vous. On s’offre le luxe d’une petite bière au col avant de redescendre tous les 4 au travers d’une belle forêt qui filtrent les rayons du soleil couchant.
2 Comments
Finalement où que vous soyez vous trouvez des grimpes pas possibles! j’ai adoré vos photos d’animaux….je parlais des bouquetins!!!! J’ai bien aimé aussi votre commentaire sur le bétonnage du banquier… Comme d’hab. superbes photos.
Ah oui mais c’était un peu trop aérien à notre gout…
Mais ca n’est que partie remise, on y retournera avec un bout de corde ! 😉