Durée : 4 jours
Distance : 77.4 km
Dénivelé : 3 441 m
Massif : Eyjafjallojökull – Islande
Point de départ : Skogar
Probablement le trek le plus connu d’Islande, l’itinéraire entre Skogar et Landmannalaugar est un must pour beaucoup de voyageurs, et on a compris pourquoi… Nous n’avions jamais rien vu de semblable auparavant. Une grande partie de l’itinéraire se fait sur du sable de roche volcanique d’un noir profond, ce qui crée un contraste saisissant avec les mousses qui tirent au vert fluo. Les paysages sont très changeants tout le long de l’itinéraire, entre champs de lave, cascades et volcans. En un mot : grandiose !
La randonnée en elle même est facile et bien indiquée, mais c’est les conditions météo qui compliquent souvent la partie. En ce qui nous concerne on a eu un temps mitigé les deux premiers jours, et cataclysmique les deux derniers. Pour une raison qui nous a échappé, la quasi-totalité des randonneurs sont dans le sens Nord-Sud. Du coup on a décidé de le faire dans le sens Sud-Nord. En dehors de quelques personnes que l’on croisait en milieu d’étape, cela nous a permi d’être quasi seul au monde pendant ces 4 jours.
Itinéraire complet
Jour 1
Distance : 9,3 km
Dénivelé +652 m
Dénivelé – 16 m
Départ de la cascade Skogafoss, plutôt franchement impressionnante ! 60 m de chute d’eau sur 25 m de large, ça fait du bruit et ça mouille, mais c’est très beau. En tout cas comme point de départ de trek, ça en jette. On attaque donc la montée avec nos 6 jours d’autonomie en bouffe sur le dos (on avait prévu de bien prendre notre temps…). Le programme de l’après-midi : remonter le torrent Skoga de cascade en cascade jusqu’à la fin de journée. Le temps va progressivement s’améliorer jusqu’au coucher du soleil. Si on avait su la météo qui nous attendait on en aurait surement plus profité…
Pour cette première nuit de Bivouac on a trouvé un spot cinq étoiles : un tapis de mousse à mémoire de forme d’une dizaine de centimètres d’épaisseur. Après quelques secondes allongés dessus la mousse forme le négatif de notre corps… Royal !!
Jour 2
Distance : 20,3 km
Dénivelé + 789 m
Dénivelé – 1 177 m
Passage du plus haut point du trek, un col addosé au massif de l’ Eyjafjallajökull. Il peut rester encore pas mal de neige sur cette partie, mais peu de pente donc ça passe. Sur certaines portions le sol est encore chaud, l’ Eyjafjallajökull n’est pas loin… La neige fond donc par dessous, créant des galeries qui diffusent une lueur bleutée où l’épaisseur de neige est moins importante.
Après le col, la descente sur Porsmork est magnifique. On descend progressivement au-dessus d’un bras de décongélation de l’Eyjafjallajökull. C’ est ça de mettre un glacier au-dessus d’un volcan actif : quand il chauffe, des milliards de mètres cube d’eau dévalent les pentes, créant des bras de rivière de centaines de mètres de large qui se vident de leurs eaux le reste du temps pour ne laisser que quelques ruisseaux sinuer dans ces lits de fleuves éphémères.
Une fois en bas, on sera confronté à la première traversée de rivière. Le pont a été arraché par la récente éruption, nous obligeant à nous mouiller jusqu’à la taille dans une eau glacée. On trouvera notre spot de bivouac après avoir passé Porsmork.
Jour 3
Distance : 17.8 km
Dénivelé + 537 m
Dénivelé – 256 m
Réveil sous la pluie. Pour l’instant c’est une petite pluie fine, et les ponchos sont encore entiers. Donc on plie le camp et on décole.
Le paysage de la journée : du sable de plus en plus noir et de la mousse de plus en plus verte. On regrette de ne pas avoir eu d’éclaircie de la journée pour forcer encore un peu plus les contraste de ces paysages, encore une bonne raison de revenir. Après avoir passé la journée à marcher sous la pluie on arrive à un refuge d’étape dans lequel il reste exactement deux places au sec !!
50 € par personne pour la nuit seule : on continue…
On plantera la tente dans l’une des plus belles parties de l’itinéraire : un désert de sable noir d’où sortent quelques petites montagnes pointues, entièrement recouvertes de cette mousse vert fluo. Le paysage est à couper le souffle, mais la pluie et le froid nous feront manger dans la tente. Toutes nos affaires commencent à être franchement humide, y compris les duvets…
Jour 4
Distance : 26 km
Dénivelé +811 m
Dénivelé – 736 m
Judgment day. Au petit matin il pleut encore raisonnablement. On quitte notre désert noir en commençant par une traversée de rivière, ça réveille. La pluie et le vent vont s’intensifier tout au long de la journée. On s’abritera quelques minutes sous un rocher pour grignoter une barre. Ce sera notre seul repas de la journée. En arrivant sur le plateau du Kaldaklofsfjoll le vent redouble de violence, fini d’arracher les ponchos et nous mettra à quatre pattes à plusieurs reprises. On avait prévu de passer la nuit là haut, mais ce ne sera pas possible… beaucoup trop de vent pour la tente.
On a quand même beaucoup de chance dans l’histoire : on a le vent de dos ! Et quand il pleut des cordes, ça change beaucoup de choses (on s’en rend surtout compte en croisant quelques randonneurs qui descendent vers le sud, le visage fouetté par la pluie, obligés de maintenir les capuches à la main pour ne pas qu’elles s’envolent).
On pensait pouvoir se reposer quelques minutes dans un des refuges de l’itinéraire mais une 20aine de personnes nous attendent entassées dans le sas de l’entrée de 3m². Seuls ceux qui ont payé la nuit sont autorisés à rentrer…
On est au milieu d’une tempête d’une rare violence. On est trempés jusqu’aux os, on à froid et on a faim (les sacs sont pleins de bouffe mais impossible de trouver un abri pour sortir de quoi manger sans finir de tremper complètement tout ce qu’on a sur les dos) donc on marche…
On ne peut pas monter la tente, ni s’arrêter pour manger, ni sortir l’appareil photo, ni avoir une conversation sans crier, ni faire quoi que ce soit d’autre que marcher. On finira par tripler l’étape (11 h de marche et 10 mn de pause) pour pouvoir redescendre poser la tente plus bas, vers Landmannalaugar, en espérant trouver un coin abrité du vent.
Cette marche forcée nous amène à l’arrivée du trek : les sources chaudes de Landmannalaugar.
On arrache les habits et chaussures pour se plonger dans les sources. Ascenseur émotionnel de 1 500 étages. La sensation est indescriptible, après avoir marché toute la journée la faim au ventre dans le froid et la pluie, se retrouver dans une source chaude de 40°C (toujours sous la pluie), ça n’a pas de prix. A tel point qu’on se demande si on ne va pas passer la nuit dedans.
Après plusieurs heures dans l’eau on finit par se rendre à l’évidence : il faut ressortir sous la pluie, remettre les habits froids et trempés pour aller chercher un endroit abrité du vent pour planter la tente, et se replonger dans les duvets maintenant complètement trempés. Heureusement, on sait qu’un bain chaud nous attend au réveil…
6 Comments
Un grand bravo a vous pour ce site. Vos récit ainsi que vos images sont superbe! Vivement le prochain départ :).
Continuez comme ça et éclatez vous !
Magnifiques photos d’un trek que vous racontez si bien que…. je ne l’aurais fait pour rien au monde! Votre récit me glace les os…..mais le bain dans l’eau chaude…..ça, je ne dis pas!
Plus que « continuez comme ça » je vous dirais: sachez prendre soin de vous et…. régalez-nous les yeux.
Bonjour, je souhaite effectué ce trek au mois d’aout a 2, j’ai vu que vous aviez utilisé un tente de type ferrino, la conseillerez vous pour ce trek? Quels autres conseil auriez vous a m’apporter pour effectuer le plus sereinement ce trek? merci d’avance, super blog, des photos magnifiques. Bonne continuation, Paul.
Merci Paul,
Effectivement la Ferrino a tenu le coup. C’est un bon rapport poids/resistance au vent pour l’Islande.
Quelques conseils en vrac :
-Prendre des bon poncho !
-Envelopper toutes les affaires (surtout les duvets dans des sacs plastiques)
-Pour la popote, si tu n’as pas de jetboil, investir dans un petit pare-vent
-Le faire du sud au nord pour finir par les sources chaudes (royal !)
Profites bien !!
Patrick le papa de Jessica.
Je parcours votre site u peu par hasard en ayant trouvé le lien sur l’ordi de Névine.
Magnifique trek en Islande. Vos textes et photos sont agréables à lire et à voir et donnent envie de parcourir ces espaces.
Le seul frein à cette envie serait l’hygrométrie ambiante.
Avez vous parcouru des tunnels de lave ?
Continuez de nous faire rêver.
Bonne continuation.
Cordialement
Patrick
Salut Patrick,
Merci pour le commentaire. Non, on est pas allé dans les tunnels de lave, juste quelques explorations sous la neige dans les zones volcaniques…
Mais la prochaine fois on ne les ratera pas 😉
A+