Que vous soyez ou non allés en Nouvelle-Zélande, vous avez très certainement déjà vu des photos ou entendu parler de Milford Sound. A force de s’imposer sur les cartes postales, calendriers, mugs, bus, crèmes anti-moustiques, on en passe et des meilleures, la vue depuis le fond du Fiord à fait le tour du monde.
Effectivement, c’est très beau. Mais ce qui marque quand on arrive au bout de la route, c’est que l’endroit est très touristique, très petit et aucun sentier de rando n’apparaît sur les cartes topo.
Il existe cependant quelques possibilités pour s’évader… On vous amène au sommet du Mitre Peak et de Cascade Peak, qui ne voient que quelques paires de chaussures par an, mais il faut bien l’avouer, ils se défendent plutôt bien !
Au passage, connaissez vous la différence entre un Sound et un Fiord ? Nous non, mais on s’est renseigné. Un Sound est une vallée creusée par une rivière, alors que le Fiord est creusé par un glacier. Donc Milford Sound devrait s’appeler Milford Fiord, mais pour une raison qui nous échappe il a été baptisé Sound… Alors on l’appellera comme tout le monde, au risque de choquer les puristes.
Cet article regroupe deux itinéraires voisins, mais distincts. Ci dessous une carte des deux itinéraires, puis le topo de Mitre peak suivi de celui de Cascade peak.
On commence cet article par le Mitre Peak. Si c’est la cascade peak qui vous interesse, vous pouvez accéder directement à la deuxième partie de l’article en utilisant le bouton ci dessous :
Mitre Peak
Durée : 2/3 jours
Distance : 19.5 km
Dénivelé : 2 772 m
Massif : Fjordland– Nouvelle-Zélande
Point de départ : Milford Sound
Coordonnées du point de départ : -44.6738°N, 167.9226°E
Certainement la montagne la plus photographiée de Nouvelle-Zélande, le Mitre Peak est le sommet emblématique de Milford Sound. A première vue, l’endroit paraît inaccessible, aucun sentier sur les cartes et aucun accès par les terres, mais il est possible de s’y aventurer. II faut traverser une partie du Fiord, puis une forêt tropicale en grimpant sur des racines, bartassant dans les épaisses fougères et en rampant sous des troncs d’arbre mort, passer un étage de pentes herbeuses raides et exposées puis finir sur des dalles rocheuses encore plus exposées. Le tout dans une région où il pleut près de 7 mètres d’eau à l’année. Autant dire que ce n’est franchement pas recommandé. Quelques passages aériens sont assez délicats et feraient meriter à l’ascension une petite quotation d’alpi, probablement quelque part entre F et PD. Une petite expérience de montagne et grimpette est obligatoire.
Si par une chance extraordinaire vous avez une fenêtre météo sûre, et que vous êtes suffisamment inconscient pour tenter l’ascension, voici ce à quoi vous pouvez vous attendre.
Itinéraire complet
Mitre Peak J1
Distance : 7.2 km
Dénivelé + 1 407 m
Dénivelé – 661 m
Le point de départ de la sente se situe une 50aine de mètres au Nord-Est de l’embouchure du torrent Simbad Gully. Pour vous y rendre vous n’avez officiellement qu’une solution : le bateau taxi. Après une bonne dizaine de coups de fils on se rend à l’évidence : il n’existe qu’une seule compagnie et c’est très cher 120 $ par tête pour moins de 10mn de bateau… A prévoir dans le budget de l’excursion donc. La compagnie en question est Rosco’s Kayak. Vous pouvez les contacter à ce numéro : +643 249 8500. Ils vous demanderont d’envoyer votre expérience en milieu alpin à cette adresse : rosco@roscosmilfordkayaks.com.
S’ils la jugent suffisante ils vous déposeront et vous récupéreront au point de départ, à condition que vous ayez avec vous une balise GPS de détresse. Voilà pour la solution officielle.
Vu que le temps devrait rester au beau fixe sans vent pour les jours qui suivent, on décide d’économiser un peu et de pimenter l’expérience. On s’achète un petit bateau gonflable et une housse de matelas pour protéger les sacs et c’est parti ! Vu notre embarcation, on essaie de partir tôt car en règle générale le vent se lève en milieu de journée et vient du large. Donc à priori pas de risque de se trouver chassés vers la mer mais ça serait dommage de ne pas arriver au début de la rando. On se gare à côté de la piste de l’aérodrome pour pouvoir traverser le Fiord au passage le plus étroit.
On laisse la voiture sous l’œil attentif d’un Kea et c’est parti! L’idée était de longer discrètement (et prudemment, ça va sans dire) la piste de décollage jusqu’au niveau du Fiord, mais on se fait attraper par les bretelles par un voisin qui nous rappelle assez amicalement que ce n’est généralement pas une bonne idée de traverser un grillage surmonté d’une pancarte « Danger! Trespassers will be prosecuted »… On le saura pour la prochaine fois. Finalement tant mieux car il nous indique le début d’un sentier caché qui traverse la forêt pour nous amener directement à notre point de mise à l’eau.
Après un bon moment de gonflage on est prêts à embarquer. Respectueux des prévisions météo, le vent ne se lèvera pas et la traversée sera plus facile que prévu. On traverse donc le Fiord au passage le plus étroit avant de longer la côte. Quelques minutes avant d’arriver à bon port, un coup de pagaie un peu plus fort que les autres raccourcira le manche de moitié. On espère que ce ne sera pas trop pénalisant pour le retour mais qu’importe, on est arrivé au point de départ de l’ascension !
Un kairn est visible depuis le rivage. On accoste à son niveau et le départ de la sente est effectivement juste derrière. On s’approvisionne en eau, on plie le « bateau » et on commence la montée. C’est pas gagné : dès le début il y a certains passages où il faut presque ramper sous des troncs d’arbre mort, très vite la pente s’accentue et on aura les premiers passages de grimpette sur les racines au milieu des fougères et enfin, la sente est par endroits très difficile à suivre. Mais tout ça est fidèle à ce qu’on nous avait décrit, donc on continue.
Des petits rubans accrochés aux arbres nous aideront à rester sur la sente (ou plutôt à la perdre moins souvent). Il fait chaud, on sue à grosses goutes et on en bave un peu, mais la forêt est magnifique. L’absence de chemin à proprement parler augmente encore la sensation de foisonnement végétal, parfois presque étouffante. Un petit oiseau nous accompagnera pendant une bonne partie de la montée dans un concert de gazouillis dont on se demande s’ils sont encouragements ou moqueries. La montée finit par s’adoucir puis par laisser place à une légère descente.
La sente s’améliore, la forêt devient moins dense, on a enfin la sensation d’avancer un peu ! Les premières vues sur le Mitre Peak se dessinent à travers les branchages. Il reste du chemin…
On arrive ensuite sur une zone où la forêt est moins dense. C’est la première possibilité de Bivouac de l’itinéraire. Quelques mètres au nord de la trace un replat permet de poser la tente. En continuant encore quelques mètres il y a un petit promontoire qui offre la première vue sur le Sound (enfin, le Fiord qu’on appelle Sound). On fera notre pause déjeuner ici.
On se remet ensuite en marche, et c’est reparti pour une petite montée sur le fil de l’arrête dans une forêt épaisse. La montée est relativement progressive jusqu’au Footstool, premier petit sommet, toujours dans l’étage de forêt donc pas vraiment de vue de là haut. La descente qui suit est très raide mais peu exposée. Sur cette portion la sente est bien marquée et vous aurez encore beaucoup de racines solides pour vous aider. Les difficultés viendront plus tard, après la sortie de la forêt.
Après les quelques centaines de mètres de descente vous trouverez une seconde possibilité de Bivouac, pas assez dégagé donc on continue. Quelqu’un a eu la bonne idée d’y laisser une casserole pour récupérer l’eau de pluie. Visiblement on est les premiers de la saison. La casserole est pleine d’eau, et d’algues… On risque d’être limite en eau donc on récupère ce qu’il y a, après un pré-filtrage dans un T-shirt, et on laisse derrière nous une casserole vide, mais propre pour la prochaine pluie.
La montée est ensuite assez raide et la forêt de moins en moins dense. Quelques centaines de mètres avant de sortir de la broussaille, on découvre une grosse bassine d’eau stagnante quelques mètres à l’Ouest de la trace (les coordonnées sont 44,64244°S, 167,86826°E), seule possibilité de ravitaillement en eau de l’itinéraire, la marre nous permettra de passer deux nuits là haut. On filtre encore au T-shirt, et on récupère 3 litres pour faire bouillir ce soir. La sortie de la forêt est proche, on a repéré un replat depuis le Footstool sur lequel on espère pouvoir s’installer.
Effectivement l’endroit s’avérera être le meilleur spot de Bivouac de l’itinéraire, entre la sortie de la forêt et le début des difficultés. On s’installe pour la nuit, épuisés de notre montée dans la jungle, époustouflés par la vue qu’on a déjà ici et un peu inquiets de ce qui nous attend le lendemain.
Mitre Peak J2
Distance : 5.2 km
Dénivelé + 820 m
Dénivelé – 1 254 m
La météo ne s’est pas trompée, il fait encore grand beau. On va en profiter pour voir jusqu’où on peut monter. On profite d’un lever de soleil exceptionnel, aux premières loges, un kilomètre au dessus du Sound.
On prépare un sac léger pour la journée et on laisse l’autre au camp.
Essayez de rester le plus light possible pour la suite. Les difficultés ne se font pas attendre. L’arrête devient vite très fine et très exposée. On est encore dans la partie herbeuse de l’ascension, ce qui rend le passage d’autant plus délicat. Les bâtons seront d’une aide précieuse. Une fois passé cette étape, l’arrête devient plus clémente mais très étroite. L’herbe laisse place à une roche hyper abrasive et la pente devient très faible voire nulle sur 200/300m.
Une autre petite descente d’une 50aine de mètres sur une pente herbeuse exposée permet d’accéder au pied de la pente sommitale. Dans l’ordre, vous aurez ensuite le droit à :
-une 50aine de mètres d’escalade facile sur une roche excellente, mais exposée.
-un mix roche / herbe sur une centaine de mètres.
-200 m de dalles rocheuses inclinées. Assez facile et moins exposée mais attention au choix d’itinéraire.
-quelques passages mixtes roche/herbe où il vous faudra passer quelques mètres sous l’arrête pour contourner une difficulté, quelques passages très exposés.
-une centaine de mètres sur l’arrête un peu moins exposée
Il y a deux relais qui pourraient permettre un assurage sur les parties delicates, mais ils ne sont fait que de cordes et ne sont pas doublés. Un peu léger pour une installation fixe…
Nous voilà arrivés au sommet Est ! On devine déjà la mer Tasman et une vue plongeante de l’ensemble du Sound. Une fois ici l’accès au sommet est relativement facile (mais encore assez exposé). Il vous faudra traverser une dalle rocheuse quelques mètres avant l’arrivée au sommet. Le passage est relativement simple mais encore faut-il le repérer.
Cette fois ci c’est bon ! On est au sommet. La vue s’ouvre encore plus sur la mer Tasman à l’Ouest, quelques glaciers au Nord et des falaises et cascades de partout.
Derrière les premières lignes de falaise on devine d’autres falaises, qui cachent d’autres falaises. Si vous refusez de participer au ballet d’avions et d’hélicoptères (et vous avez bien raison !) c’est l’un des seuls sommets « accessible » qui offre ce genre de vue sur les Fiords du Sud-Ouest de Nouvelle-Zélande.
On profite d’être ici pour se lancer dans la construction d’un kairn. L’objectif est qu’il soit visible du parking. Après quelques essais on arrive à quelque chose de convainquant, mais il faut bien se rendre à l’évidence, il va falloir penser à descendre. Au sommet, il reste un tapis de neige de la dernière tempête, on en profite pour remplir la gourde avec. On se remet en marche, conscients que le plus compliqué reste à venir. On sera très lents à la descente mais on préfère assurer le coup : ça serait dommage de ne pas avoir l’occasion de voir notre Kairn d’en bas…
On arrivera au camp dans le milieu de l’après-midi, soulagés d’avoir descendu les parties les plus compliquées sans frayeur. On se serait bien installés là une deuxième nuit mais on doit être vigilants avec l’heure à laquelle on traversera le Fiord le lendemain. Sachant que le vent se lève dans l’après midi, on doit redescendre tôt à notre embarcation. On récupère donc le sac laissé au camp de la veille et on poursuit jusqu’au camp 1.
Ça fait une assez longue journée, la montée raide du Footstool se fait sentir. On arrive exténués, bien après le coucher de soleil. On plantera la tente avec les dernières lueurs du jour et on prendra l’apero et le dîner à la frontale.
Mitre Peak J3
Distance : 7.1 km
Dénivelé + 545 m
Dénivelé – 797 m
Quelques nuages accompagneront le lever de soleil.
Les premiers depuis 3 jours… Pour l’instant pas de vent. On profite donc du lever de soleil depuis le promontoire rocheux à quelques mètres de la tente.
On finit par se remettre en route. La descente n’est pas de tout repos, plus on descent, plus la forêt se densifie, plus il est difficile de suivre la sente. On la perdra à quelques reprises, ce qui nous permettra de rencontrer un couple de Weka avec leurs petits. Mais on finit par arriver là où on avait planqué le navire.
Le vent s’est un peu levé. Heureusement comme prévu il pousse dans le bon sens. On se confectionne des « gilets de sauvetage » avec des frittes de piscine qu’on avait prévu au cas où. Ça fait vraiment pas sérieux, mais c’est certainement mieux que rien au cas où. On a pas pensé à prendre de photo, mais c’est peut être tant mieux…
Après avoir gonflé notre embarcation, on met les voiles direction Milford Sound village. En longeant la côte l’effet du vent est moins important que prévu. On finira par enlever nos frites de sauvetage, vraiment pas pratiques, d’après le constat qu’il y ait plus de chances qu’elles soient cause de naufrage plutôt qu’elles nous soient d’une quelconque utilité.
On aperçoit ensuite quelques ailerons de dauphins, ils passeront juste sous notre navire ! Clou du spectacle pensait-on. Quelques minutes après, un autre banc de dauphins -plus gros- fonce droit sur nous à une vitesse impressionnante en sautant complètement hors de l’eau. La scène est vraiment incroyable. Ils tourneront quelques minutes sous et autour de notre bateau, visiblement intrigués par cette embarcation inhabituelle dans le coin.
On finira par arriver à bon port, non sans avoir cassé la deuxième moitié du manche d’une des deux pagaies, obligeant l’un des deux matelots à finir le trajet en tenant la pagaie directement à la main. On est à la fois satisfaits d’être allés là haut, et heureux d’être de retour à la voiture. C’était une sortie assez épique, maintenant on va prendre quelques jours tranquilles pour s’en remettre…
Ou pas.
Cascade Peak
Durée : 2/3 jours
Distance : 11.7 km
Dénivelé : 2 070 m
Massif : Fjordland – Nouvelle-Zélande
Point de départ : Milford-Sound
Coordonnées du point de départ : -44.670°N, 167.928°E
Les prévisions météo sont encore bonnes pour les 3 jours à venir. Les locaux n’en reviennent pas : « d’habitude quand on a deux jours consécutifs de beau temps il pleut non stop pendant une semaine pour compenser ». Du coup on se sent coupables de ne pas profiter plus de la fenêtre météo visiblement exceptionnelle, d’autant qu’on a appris l’existence d’une autre sente -encore moins connue- qui mène au sommet de Cascade Peak, depuis lequel on devrait avoir une vue imprenable sur… le Mitre Peak !
Donc en route pour Cascade Peak. Cette randonnée est faisable à la journée mais on vous conseille de prendre au moins deux jours histoire d’avoir le temps de profiter de la vue de là haut. L’exposition est globalement bien plus raisonnable que sur le Mitre Peak, mais il y a quand même quelques passages aériens et un peu d’escalade de racines en jeu. La principale difficulté du parcours sera de trouver la trace.
Itinéraire complet
Cascade Peak J1
Distance : 4 km
Dénivelé + 908 m
Dénivelé – 313 m
Le départ de la sente se trouve sur le bord de la route entre le village de Milford Sound et les quais quelques centaines de mètres au Nord du parking. Aucune indication ne marque le départ, mais quelques rubans roses vous indiqueront ensuite que vous êtes sur la bonne voie. Le début de la sente est assez évident à suivre, probablement car il est utilisé pour la maintenance du pipeline qui capte l’eau de la rivière Bowen pour alimenter le village de Milford Sound. Après une bonne 15aine de minutes vous arrivez devant ce pipeline qu’il faut suivre jusqu’à la rivière.
Les premières centaines de mètres sont assez raides sur de la roche glissante, mais vous trouverez des cordes fixes (en bon état quand nous sommes passés) installées pour les équipes de maintenance, qui aident bien sur les passages délicats. La pente s’adoucit et il devient ensuite possible de marcher directement sur le tube, on profite volontiers de cette aide qui permet d’arrêter de se débattre dans les fougères pour quelques instants.
Contrairement à ce qu’on a fait, il faut suivre le pipeline jusqu’au torrent, et ne pas suivre les rubans roses qui montent sur la droite. Vu qu’on a pas eu la chance d’avoir cet avertissement, on suit le marquage rose qui nous amènera dans une belle petite galère. La sente devient de moins en moins bien marquée, mais suffisamment pour nous faire bien dévier de l’itinéraire le plus logique. Après avoir suivi le marquage pendant une petite heure, on arrive sur un piège à hermine, puis plus rien.
On a le choix entre faire marche arrière ou essayer de retrouver une sente qui monte sur l’arrête qui mène au sommet. Galvanisés par notre expérience du Mitre Peak, on tente d’aller au plus court et de couper à travers la forêt en direction de l’arrête. On gagne quelques centaines de mètres en suivant le lit du torrent avant d’arriver sur une zone de rapide qui nous obligera à nous enfoncer dans la forêt (le terme est bien choisi…)
Suivre une sente peu marquée c’est une chose, faire la sienne en est une autre ! On avance péniblement, chaque mètre est une petite victoire. A priori la sente passe sur l’arrête, on a que quelques centaines de mètres à parcourir, mais au rythme où l’on va ça va nous demander un bon moment. C’est épuisant physiquement mais surtout moralement. Se retourner en sueur après un quart d’heure d’effort inhumain pour voir l’arbre sous lequel on était 10 mètres avant, ça fatigue… En plus d’être dense la forêt est raide et nous impose des détours pour éviter les zones les plus délicates.
Une bonne grosse heure après avoir quitté le torrent on aperçoit enfin un ruban rose !!! Il nous faudra un bon moment pour parcourir les 20 mètres qui nous séparent de la sente, mais ça y est, on y est. Pour être honnête, ce n’est pas beaucoup mieux que ce qu’on a fait jusque là. Il n’y a pas franchement de sente, jusque quelques rubans qu’il faut suivre, mais c’est bon pour le moral de ne plus avoir à se demander par où passer. Après une bonne grimpette on arrive enfin sur l’arrête, et on aura le droit à une première vue sur le Sound et le Mitre Peak au travers des branchages.
Il n’est pas très tôt, on se remet en route en espérant trouver un spot avant la nuit. On le trouvera finalement quelques minutes avant le coucher de soleil. C’est le seul endroit avant Cascade Peak ou l’on peut planter sa tente. N’espérez pas trouver quelque chose avant, chercher plus loin serait hasardeux. On installe la tente ici et on ira dîner quelques centaines de mètres plus haut, devant la meilleure vue qu’on ai trouvé de toute la région.
Ça vaut vraiment le coup de faire les quelques minutes de marche qui séparent la chambre de la salle à manger. D’ici on peut voir une grande partie du Fiord, son ouverture sur la mer Tasman, le Mitre Peak et une partie du glacier Pembroke. Une cascade de nuages qui se déverse depuis la mer dans le Sound agrémentera le spectacle du coucher de soleil depuis le promontoire. Incroyable…
Cascade Peak J2
Distance : 2.4 km
Dénivelé + 616 m
Dénivelé – 360 m
Ce matin la mer de nuage a envahi le Fiord. On aura le droit au spectacle des ombres des sommets qui se raccourcissent sur les nuages en contrebas. Inutile de préciser qu’on a filé voir ça depuis notre promontoire. On prévoit de passer une deuxième nuit là haut, donc on est large niveau timing. En revanche on risque d’être un peu limite en eau, on commence à se rationner. On est monté avec 8.5L donc ça devrait pouvoir le faire.
On plie le camp et on embarque le tout direction Cascade Peak. Entre le camp et le premier sommet la sente est globalement plus facile que pour la montée au camp. On arrive assez rapidement au faux sommet : un replat avec une vue dégagée sur le Sound. Le vrai Cascade Peak est quelques centaines de mètres plus loin. On espère trouver un spot pour la tente plus haut.
La sente que l’on suivait jusque là semble mourir au premier petit sommet, et il reste encore un bout de forêt à traverser coincé entre les deux sommets. Encore une fois il faudra y mettre du cœur, la forêt est toujours aussi dense et visiblement ça fait un bon moment que personne n’est passé par là. Les sacs à dos n’arrangent pas les choses.
Après bien des efforts on sort enfin de la forêt. Ensuite une arrête bien taillée garde le sommet. Pas de difficulté mais quelques beaux passages aériens. Cascade peak est en fait une enfilade de trois petits sommets, donc trois fois plus de chance de trouver un spot de bivouac en haut.
Rien au premier, toujours rien au deuxième, rien au troisième non plus… En plus de compliquer la marche, les buissons qui arrivent à hauteur de genoux empêchent d’envisager de passer la nuit là haut. On ne lâche pas l’affaire, on n’a pas monté tout notre matos jusqu’ici pour rien ! On continue sur l’arrête.
Notre persévérance sera récompensée à peine quelques centaines de mètres plus loin. On aura même le droit au luxe du choix de l’emplacement. On trouve un semblant de plate-forme en balcon du Fiord, ça nécessite un peu de terrassement mais la vue en vaut la peine.
Une petite heure plus tard l’emplacement est prêt, on se trouve de nouveau face à un dilemme. On manque très clairement d’eau (au point de décider de remplacer la soupe et le couscous du soir par deux tranches de pain), la question est doit-on ou non boire le rhum qu’on a monté jusqu’ici. A force d’hésitations on finira par se siffler le fond de bouteille devant la même cascade de nuages que la veille qui se déverse depuis la mer Tasman dans le fiord.
Quelques instants après le coucher de soleil une autre mer de nuages, plus haute, commence à se former en contrebas du glacier Pembroke. Il fait très soif. On met en place une tentative de récupération d’eau de rosée en installant au niveau du sol la toile imperméable de notre tente en forme de parabole. Ça ne coûte rien d’essayer…
Cascade Peak J3
Distance : 5.3 km
Dénivelé + 546 m
Dénivelé – 1 377 m
Expérience étrange cette nuit. Visiblement il est possible de rêver d’eau ! Du coup au réveil on se dépêche d’aller voir ce que notre installation a donné. Il y a un joli petit fond d’eau, qui dépassera le marqueur des 500 ml une fois dans la casserole ! Ça aura fonctionné bien au delà de nos espérances !
On repart ensuite direction Milford Sound, un petit peu moins assoiffés. On finira au premier sommet les dernières gouttes d’eau que l’on avait précieusement mises de côté. A partir de là il ne reste plus que de la descente en forêt avant d’arriver au torrent. On devrait y arriver…
On perdra de nouveau la sente avant d’arriver à la rivière, mais cette fois ci on devait être beaucoup plus près. Préférez suivre notre trace GPX de descente que celle de montée, ça vous fera gagner du temps et économiser beaucoup de sueur…
Immense satisfaction de retrouver le torrent après ces deux jours de soif ! On se sent regagner en énergie gorgée par gorgée, et il y en avait besoin… On longe ensuite la rivière jusqu’à trouver une traversée à pied sec, juste avant de tomber sur des échelles qui permettent de remonter du lit de la rivière sur les pipelines. Ils nous mèneront jusqu’au village Milford Sound où l’on se prendra une bière de fin de rando amplement méritée (et désirée).
9 Comments
Vous êtes des grands barjots, mais c’est génial.
Photos magnifiques et super récit, comme d’hab !
Continuez à faire rêver
<3
Choukrane gros Matou, c’est vrai que sur celle ci on s’est fait plutôt plaiz !
[…] Le tracé Gpx de l’itinéraire est téléchargeable sur le lien suivant. […]
Merci pour la trace GPX, on essaie de faire de même demain
Au top ! Vous devez être en train de dormir là-haut à l’heure qu’il est. Veinards !
Profitez bien !
Bonjour,
merci pour le partage de cette superbe expérience. Nous aimerions nous y lancer aussi en utilisant votre tracé mais je n’arrive pas à télécharger le tracé GPX, pourriez vous me l’envoyer par mail par hasard ?
Merci beaucoup
Bonjour Théo.
Vous partez sur le Mitre Peak ou Cascade peak ?
On va t’envoyer ça par mail, mais ça semble fonctionner sur la page.
Tu n’arrives pas à lancer le téléchargement ou à ouvrir le fichier ?
C’est un .rar, il faut le décompresser pour trouver les formats GPX, mais on peut t’envoyer du la trace GPX directement par mail.
On te fait ça dans les jours qui viennent.
Vous partez quand ?
Hello ! Merci pour toutes infos de rando 🙂
Le Mitre Peak ça donne bien envie. Ou avez vous trouvé votre bateau gonflable ?
Effectivement c’est une belle balade !
On avait acheté le bateau gonflable dans au Warehouse de Invercargill.
Bonne chance !