Durée : 8 – 12 jours
Distance : 123 km
Dénivelé : 9 244 m
Massif : Andes – Pérou
Point de départ : Llamac
Coordonnées du point de départ : -10,11491°N, -77,01471°E
Sans aucun doute l’un des plus beaux treks que l’on ai fait jusque là. Relativement difficile d’accès, la cordillera de Huayhuash est une « petite » chaîne au sud de la bien plus grande cordillère blanche, quelques centaines de kilomètres au nord de Lima. Il existe deux itinéraires qui font le tour du massif : le sentier classique et l’alpin. L’itinéraire que l’on a trouvé est une sorte de variante alpine du circuit alpin. Dans les plus hauts étages accessibles sans corde et matériel d’alpinisme, c’est une randonnée longue, physique et exigeante avec quelques passages exposés.
Il faut prévoir une bonne dose d’acclimatation avant de se lancer. L’absence de ravitaillement pendant plus d’une semaine rend les sacs importables, on ne descend presque jamais en dessous de 4 000 et la majeure partie de l’itinéraire est hors sentier. Probablement faisable en 7 jours, on vous conseille d’en prévoir une dizaine. Les distances parcourues sont modestes, mais la pluie et le combo dénivelé, altitude et poids des sacs incitent à … prendre le temps de profiter des paysages.
La plus grande ville à proximité est Huaraz (4/5h de bus depuis Lima). Une fois à Huaraz, le plus simple est de rallier Llamac (liaisons quotidiennes en 2/3h de bus). Les deux autres accès à la cordillère sont Cajatambo au Sud-Ouest et Matacancha au Nord-Est, que l’on peut programmer comme échappatoire en cas de pépin ou comme fin possible du trek. Il est possible de trouver des guides locaux à Huaraz (à la maison des guides) ou à Llamac. Il est aussi possible (et commun) de s’offrir les services d’un âne pour porter les vivres sur la version classique de l’itinéraire.
Itinéraire complet
On arrive à Llamac le soir de la fête annuelle du village. Deux cortèges traversent le village (une centaine de maisons). Accompagnés de quelques instruments ( trompettes, violons, tambours, tubas), une poignée de danseurs, deux trois offrandes et une MONTAGNE de pétards et feux d’artifice (enfin des gens qui gèrent un budget de festivité comme il se doit !)
La fréquence de tir des fusées est en moyenne d’une fusée toutes les deux minutes, avec constance pendant toute la durée des festivités. Et pour bouquet final l’embrasement d’une construction pyrotechnique et un feu d’artifice Hollywoodien. Ici tout le monde se connait et comme la patronne du bus savait qu’on recherchait un coin pour passer la nuit elle demande à plusieurs villageois. Finalement c’est son père qui se propose. Il tient le plus haut bâtiment du village et la superette du village. C’est assez sommaire, que du béton, pas d’électricité, mais ça fera très bien l’affaire.
Jour 1
Distance : 26,4 km
Dénivelé + 2 287 m
Dénivelé – 1 293 m
Première fusée du dernier jour des festivités : 06:00. Faut pas trainer il y a encore un stock de fusées à écouler. Le bruit des fusées s’estompe au fur et à mesure que l’on remonte le fond de vallée. C’est 10 km de piste qui nous attendent avant de rejoindre le début de l’itinéraire à proprement parler. On passe les premiers péages, ici les villageois se sont regroupés et font payer le droit d’entrée dans la cordillere. Le fond de vallon s’eternise, du coup on pas à lève le pouce à la première voiture venue. Ca nous permettra de remonter la moitié de la piste en camion d’exploitation minière. Vu le poids des sacs (25 et 32kg), c’est franchement pas de refus.
Ça y est on est au début du sentier. Attention de quitter la piste au bon moment, le départ du sentier n’est pas bien indiqué, il se trouve dans un virage à côté d’un abri de berger. La montée au col se fait d’abord au travers des prairies de plus en plus pentues, puis à flanc de falaise sur un bon chemin. La vue depuis le premier col est un peu décevante, les grands sommets sont pris dans les nuages. On a entendu dire qu’il y aurait des sources chaudes dans le coin, mais on ne sait pas exactement où et il n’y a ni tâches soufrées ni fumerolles en vue alors on continue. On apprendra après coup que la rivière est bordée de petites sources chaudes, ça vaut peut être le détour..
On commence notre descente vers le lac Ninacocha, en coupant à flanc par l’itinéraire alpin. Après 3 mini cols, on quitte l’itinéraire alpin pour descendre directement sur le lac. Une petite avancée plane sur le lac côté Nord-Est permet de poser la tente au bord de l’eau. Quelques minutes après, un troupeau d’une vingtaine de vaches s’avance vers nous. Certaines n’ont pas lair très contentes de nous voir ici. On comprend qu’on vient de leur piquer leur place. Tant pis on passera la nuit tous ensemble ici.
Couché de soleil nuageux, nuit claire, levé de soleil nuageux. Quand ça veut pas…
Jour 2
Distance : 7.9 km
Dénivelé + 827 m
Dénivelé – 528 m
Pour le passage du prochain col il faut rejoindre l’un des deux itineraires. Pour ça on a essayé de raccourcir en montant directement sur le flanc Sud-Est du lac, mais on va se retrouver obligés de redescendre une bonne partie de ce qu’on vient de grimper pour rejoindre l’itinéraire alpin.
Il est plus facile et plus logique de récupérer la sente directement au Nord-Est du lac. L’itinéraire alpin rejoint le col en traversant une succession de petites falaises et dalles inclinées, le tout saupoudré d’un petit gravier qui ne demande qu’à envoyer dans le décor le premier venu. Pas rassurant, et carrément suicidaire par temps pluvieux. D’autant plus angoissant qu’il n’y a qu’un seul endroit où passer la dernière barre qui s’étend sur plusieurs kilomètres. Bien rester dans un rayon de +/- 5m de la trace alpine visible sur la majorité des cartes topo, c’est un peu difficile à croire au début mais ça débouche.
Il faut s’attendre à un tout petit pas d’escalade, mais rien de méchant. Une alternative plus sage est d’emprunter l’itinéraire classique pour monter sur le plateau puis couper à travers la plaine pour rejoindre de nouveau la trace alpine afin d’arriver au col. Cela vous permettra d’avoir la vue la plus intéressante de la matinée sans avoir a passer par les falaises… Arrivés sur l’arrête qui précède le col, les nuages s’écartent pour nous offrir notre premier aperçu des faces drapées du centre de la cordillere. Enfin !
On reste sur la sente jusqu’au lac Alcaycocha. Ensuite, au lieu de descendre plus bas sur le sentier alpin, on restera à flanc pour remonter par un col qui permet d’arriver directement au lac Chaclan, au pied du Cerro Alcay. De l’autre côté du col il faut descendre quelques centaines de mètres avant de pouvoir trouver le passage, par un petit couloir entre deux falaises. Quelques kairns nous ont aidé, on en a rajouté d’autres. Il faut mettre les mains par endroit, mais pas d’exposition.
On arrive sur un replat, juste au dessus du lac avec une vue probablement superbe des sommets centraux, de nouveau dans les nuages…. Il y a de l’eau qui coule du glacier donc on décide de s’arrêter là. Avec un peu de chance il fera beau demain…
Jour 3
Distance : 7.3 km
Dénivelé + 641 m
Dénivelé – 638 m
Réveil sous les nuages, quelques bancs se détachent pour nous offrir un joli lot de consolation, les sommets ne semblant pas disposés à se montrer. Trop timides aujourd’hui encore.
Une bonne trace parsemée de kairns descend du lac en direction… des autres lacs de la vallée… des Tres Lagos.
On rejoind le chemin officiel en bas dans la vallée et décidons de pique-niquer entre le premier et le deuxième lac, au meilleur endroit pour admirer la succession de chutes de ceracs sur le versant juste en face. On lève la tête en direction de la suite du sentier. Une grande barre et une petite vire perchée là haut semblent barrer l’accès au col, pourtant d’après les cartes c’est bien par là que ça passe… On remballe tout et on se met en marche jusqu’au col Siula. Quelques passages un peu exposés mais le sentier est propre. Toute la montée se fera en balcon des chutes de ceracs et avalanches qui s’en suivent.
D’après les cartes on devrait avoir une vue fantastique de là haut, au dessus des trois lacs et juste sous les grands sommets. Il commence à pleuvoir.
On se fait finalement rincer en bonne et due forme juste en arrivant au point de vue. Il n’en faudra pas plus pour nous décourager. On monte la tente sous l’averse pour y ranger au sec nos affaires humides. La suite de la soirée sera une succession de passages gris, d’averses et de brouillard. On reste ici pour la nuit, convaincus que cette fois ci c’est la bonne, demain il fera beau.
Jour 4
Distance : 5.4 km
Dénivelé + 400 m
Dénivelé – 390 m
Après une nuit à rêver de sommets blancs éclatants on se réveille pour le 4ème jour de gris. Après trois heures à faire trainer le petit déj et les préparatifs, on se résoud à plier la tente sous la pluie pour continuer la montée au col Siula. Arrivés là haut, on aura une éclaircie timide qui dévoilera quelques pentes mais se fera vite recouvrir par une averse… de grêle.
On vise un bivouac au lac Sueroco, au pied du Carnicero. Pas de sentier mais depuis le col ça parait facile. Le plus simple est de suivre les courbes de niveau depuis le second col, en passant au dessus d’un marécage puis d’une barre rocheuse qui nous a contraint à descendre un peu trop avant de devoir remonter jusqu’au lac Sueroco. Il a plu toute l’après midi, cette fois ci on mettra les affaires trempées dans une tente humide. Autour de nous on distingue le lac parsemé de petites îles bien vertes. L’endroit parait magique. Cette fois ci plus aucun doute, demain il fera beau
Jour 5
Distance :17.1 km
Dénivelé + 928 m
Dénivelé – 1 101 m
Il est là !!
Nous on est au raz d’une brume qui nous inquiète… 10 mn au dessus, 10 mn en dessous… Elle se dissipera finalement une petite heure après le levé de soleil. On réquisitionne tous les cailloux dans les 30m à la ronde pour faire sécher notre attirail. On est retenus une bonne partie de la matinée par ce soleil tant attendu qui nous réchauffe. Ça fait du bien. Le bord du lac est occupé par des petits ilots de mousse verte qui forment une avancée sur le lac.
On abandonne notre terrain de jeu et plutôt que de descendre directement sur l’itinéraire alpin qui longe le lac Carnicero, on opte pour la traversée à flanc. Les sentes de vache vont beaucoup nous aider à trouver les passages tout au long de la traversée. On se fait un casse-croûte sur l’épaule qui se situe juste au dessus du lac. Les couleurs d’en haut sont splendides. La fin de la traversée à flanc se fait sur des pentes herbeuses assez raides, à éviter par jour de pluie donc.
On retrouve l’itinéraire classique au lac Mitococha, en retrouvant au sens propre un sentier battu pour quelques temps. C’est au niveau de ces lacs que se séparent les deux itinéraires (classique et alpin). L’itinéraire classique cette fois ci a un énorme atout pour lui : des sources chaudes !! Parce que ça fait quand même bientôt une semaine que les nuits sont plutôt fraîches, l’idée d’une nuit au bord d’une piscine entre 38 et 40° est plutôt réjouissante. La légende dit même qu’on peut y acheter des bières ! Sceptiques, on décide d’aller vérifier ça. Ça rajoute de la longueur à l’étape, d’autant qu’on a passé pas mal de temps à profiter du soleil ce matin, mais l’envie d’atterrir dans des sources chaudes écrase tout le reste.
On croisera sur la route un berger de moutons, plus loin un autre d’alpacas, une sorte de lama à la toison toute ébouriffée. On arrivera finalement bien après le coucher de soleil. Mais la récompense est de taille : non seulement il y a deux grandes piscines chaudes qui nous attendent, mais en plus ils vendent de notre bière préférée, la Cusqueña Negra!!
Après quelques heures dans l’eau à contempler les étoiles, on filera finir la nuit dans la tente avant le bain du lendemain matin.
Jour 6
Distance : 10.3 km
Dénivelé + 1 037 m
Dénivelé – 420 m
Il fait beau, le soleil se lève et on est bien dans notre bassine fumante, le café à la main (paraît il que c’était encore tôt pour la bière). Le petit ravitaillement s’avère finalement assez complet, mais tout est en faible quantité. Difficile de compter dessus pour un ravitaillement total, mais il est possible de recharger en barres chocolatées et autres.
On s’arrache difficilement de notre bain après quelques heures passées dedans et c’est franchement pas facile. Les muscles sont comme restés dans la source, impossible de se remettre dans le rythme. On cherche à rejoindre le col Cuyoc. On suit donc principalement l’itinéraire classique, jusqu’à une succession de trois jolis lacs au pied du Jirshanca où on décide d’installer le camp.
On profite des quelques heures qui nous restent pour essayer de monter sur le Jirshanca juste au dessus de nos têtes (5 350m). On buttera par deux fois sous des dalles rocheuses pas franchement engageantes. On contournera la première pour monter directement dans les pierriers de la face Nord. La deuxième nous arrêtera quelques centaines de mètres sous le sommet, mais déjà d’ici la vue est plutôt sympa… On repartira une petite heure plus tard, après avoir pris notre soupe, pour redescendre sur les lacs où l’on a laissé les affaires. L’eau des deux lacs est très stagnante. Mais il y a une source pas loin, près du sentier.
Jour 7
Distance : 11.6 km
Dénivelé + 1 010 m
Dénivelé – 912 m
Aujourd’hui on a deux cols à traverser et on est pas franchement sûr que le second passe facilement, donc on part plus tôt que les jours précédents. Lever de soleil au niveau du premier col, juste sous les ceracs du Cerro Cuyoc. On quitte l’itinéraire classique un peu après le col. La descente est glissante.
Pour rejoindre le col San Antonio, on va essayer de garder à flanc le plus tôt possible. On passe juste sous les falaises de la face Ouest du Cuyoc : des colonnes basaltiques de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. On garde le plus haut possible mais ce n’est pas franchement une bonne idée… Cela implique presque deux kilomètres de traversée dans un éboulis de rocaille assez instable et chaotique avec un passage potentiellement exposé aux chutes de ceracs. Il vaut mieux descendre jusqu’à la prairie 400m sous le col, au pied du pierrier pour remonter ensuite vers le col San Antonio par le fond de vallon. Plus sûr, aussi rapide et nettement moins chiant.
On arrive finalement au pied du col San Antonio, le grand point d’interrogation de l’itinéraire. Faire demi tour ici implique un détour de deux jours qu’on aurait fait si nécessaire. Un guide qu’on a rencontré la veille dans les sources chaudes nous a dit qu’il pouvait y avoir un passage mais pas forcément en condition et déconseillé sans guide. On va quand même jeter un œil. Vu de dessous effectivement on se dit qu’il y a peu de chance qu’on passe, une énorme langue glacière couvre toute la moitié Est du col, l’autre moitié est couverte de falaises. On s’engage au milieu du col. Dans le lit du ruisseau gelé, on aperçoit un petit passage un peu délicat mais rien de bien méchant. On se retrouve nez à nez avec le glacier. Un mur blanc plus haut que nous.
On arrive ensuite dans la zone rocheuse, finalement ça passe sans trop de difficultés. Quelques Kairns indiquent la route à suivre. Il faut remonter un peu sur la gauche pour accéder sur une vire rocheuse en balcon du glacier. Au bout le col attendu. L’arrivée est magistrale ! On arrive sur un point de vue en balcon d’un grand glacier entouré d’immenses faces abruptes drapées de neige. On devine par endroit des chutes de ceracs récentes, d’autres sont encore en équilibre précaire, suspendus à la parroi ne demandant qu’à rejoindre leurs aînés quelques centaines de mètres plus bas. Tous les grands sont de sortie : Sarapo, Rasac, Siula, Yerupaja, tous culminant au dessus de la barre des 6 000. La scène est presque himalayenne. On reste une bonne heure à contempler le spectacle depuis le col avant de décider de changer de point d’observation.
Le soleil commence à baisser. On va essayer de trouver un spot dans les parages. Si jamais on ne trouve rien il faut se garder le temps de redescendre, on se met donc à la recherche d’un endroit plat non rocheux pour la tente, ce qui n’est pas gagné d’avance…
On trouvera finalement un spot avec assez de place pour 2/3 tentes qui viendra directement se placer dans le top 1 des bivouacs de tout l’itinéraire. On est au raz d’un tout petit lac en balcon dans lequel se reflètent les sommets d’en face, relativement bien abrité du vent et avec une source à proximité. Si vos réserves de vivres le permettent, ça peut faire un très bon camp de base pour se prendre une journée à explorer les grottes de glace et autres curiosités environnantes. Nous on commence à être juste, on profite à fond du spot malgré la pluie verglaçante de la fin d’après midi.
Jour 8
Distance : 9.77 km
Dénivelé + 580 m
Dénivelé – 945 m
Encore un lever de soleil fantastique. Un banc de nuage moutonne derrière les crêtes sans arriver à passer, pour l’instant ça s’annonce bien ! On traîne encore un peu après le lever de soleil avant d’entamer la descente sur le lac Jurau. Là encore ça passe, mais pas de partout ! On se situe sur une énorme dalle rocheuse avec des barres camouflées à certains endroits. Heureusement que les Kairns sont là pour nous sortir de ce labyrinthe rocheux ! On complétera le marquage au kairn par endroits.
Après un casse croûte pour fêter l’arrivée sur le plancher des vaches, on remonte la vallée Sarapococha. Pour ce soir on vise un bivouac en balcon en face du Sarapo. Sur le flanc Nord-Ouest du fond de la vallée il y a un replat susceptible d’accueillir notre tente. Par contre selon les cartes on a peu de chance d’y trouver de l’eau. Il faut donc prendre ce dont on aura besoin pour la nuit, le petit déj et toute la journée du lendemain, pas loin de 10L. On récupère donc les kilos que les sacs avaient perdu.
Les nuages qui ont passé les sommets centraux se font de plus en plus menaçants. On arrive au niveau du replat en même temps que la neige. Une fois de plus on se range mouillées dans la tente, un peu déçus d’être allé se percher là haut pour rien. Contre toute attente, les nuages se dispersent une demi-heure plus tard, juste à temps pour nous offrir un peu de répis pour un repas devant un superbe coucher.
Jour 9
Distance : 7.2 km
Dénivelé + 733 m
Dénivelé – 766 m
Aujourd’hui encore il y a quelques doutes concernant l’itinéraire… L’itinéraire alpin passe par le col juste au-dessus de nous pour descendre directement dans la vallée de l’autre côté, alors qu’il semble faisable de suivre l’arrête sur le fil direction Nord-Est pour descendre directement sur le lac Caramarca. A partir de ce lac, l’itinéraire alpin nécessite du matériel glaciaire pour passer le col Rassac, avec une belle traversée glacière face Sud et une désescalade rocheuse en face Nord. N’étant pas équipés pour ça, notre dernière partie dans les hauteurs se fera sur le fil d’arrête juste avant. On part donc encore avant le soleil histoire d’avoir le temps de faire marche arrière si ça ne passe pas.
La nuit a chassé la plupart des nuages, au moins on aura la météo avec nous. Arrivés au col on voit un énorme kairn plus loin sur l’arrête, à priori ça passe ! On quitte de nouveau l’itinéraire pour le plus beau kilomètre du circuit.
L’arrête est en balcon de tous les grands sommets de la chaîne : orientée face au Sarapo, Yarupaja et Rassac, il est possible de suivre l’arrête sur un bon kilomètre avec une vue 360 en plein cœur du massif. Sans doute un des moments les plus forts du voyage.
L’arrête n’est pas exposée mais quelques passages sont délicats. Ça passe plutôt bien par temps sec, mais il vaut mieux éviter de se faire prendre par la pluie ici… Au bout de l’arrête, on arrive sur un autre col. Il faut prendre sur la gauche pour descendre progressivement par le versant Sud-Ouest du lac Caramarca, où il y aurait assez de spots de tente possible pour accueillir une colonie de vacances. On aura encore le droit à une averse de fin d’après midi qui nous poussera au fond de la tente plus tôt que prévu.
Jour 10
Distance : 9 km
Dénivelé + 412 m
Dénivelé – 636 m
C’est notre dernier jour là haut, et on a vraiment pas envie de descendre. On se programme donc une petite excursion au pied du Passo Rassac, sur lequel on sait qu’on va butter. Mais la veille depuis l’arrête, on avait aperçu un tout petit lac coincé au pied des ceracs. On décide donc de se lever bien avant le lever du soleil pour aller prendre le petit déj là haut, devant ce mur de crystal bleu et blanc. Même si vous n’êtes pas équipés pour passer le col, l’aller-retour jusqu’au lac vaut quand même la peine !
Après un dernier petit déj aux premières loges, on redescend vers le camp pour une petite baignade dans cette eau cristalline avant de rejoindre la civilisation. Ca aura été la seule baignade dans un lac durant ce sejour. On garde la vue sur le Rassac au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans la vallée. On posera la tente au dernier point de vue sur les sommets de glace, ça fera une toute petite journée mais de toute façon on aurait pas atteint le village de Huayllapa avant la tombée de la nuit. Bonne excuse pour rester un soir de plus un peu en hauteur.
Jour 11
Distance : 10.9 km
Dénivelé + 389 m
Dénivelé – 1 232 m
Cette fois ci c’est vraiment le dernier. On fait trainer le petit déj et le pliage de camp avant de descendre pour de bon sur Huayllapa. On commence à retrouver de la vegetation, après 12 jours d’herbe pelée, de roche et de glace. Ca fait du bien de se remettre au vert. On croise sur la descente un muletier qui a perdu ses bourricots, on l’envoie plus haut dans la vallée où on les a croisé quelques heures avant.
Il faut payer la dernière taxe de passage avant de sortir des sentiers de la grande cordillère (40 soles -10€- par tête). On se renseigne sur les liaisons en bus dès notre arrivée au village. Le village est dépaysant. Ici les ruelles sont de terre battue et les maisons de briques de terre. Pas d’isolation, quelques tôles tenues par des rochers font office de toiture, le tout de couleurs bariolées. L’accueil est chaleureux. On croise parfois un enfant qui rentre de l’école et qui ramène par la même occasion le troupeau d’ânes de la famille avec une fermeté impressionnante pour son âge. On apprend qu’il n’y a aucun bus avant demain matin 3h.
On prend donc le temps de se balader dans les rues, on s’offre même un petit repas. Ici on ne mange pas au restaurant, mais dans la maison des cuisinières. Finalement on se trouvera une chambre chez la tante de la femme du chauffeur de bus. On partagera notre bière préférée avec elles. L’ambiance est drôle. Elles paraissent gênées mais à la fois amusées de partager un verre avec des inconus. Cela dit la tante nous préparera un dîner dont on profitera en présence des cochons d’inde de sa cuisine (ça nettoie par terre et de temps en temps ça finit à la casserole).
6 Comments
Salut,
Je nous présente, Louis et Anais, en tour du monde depuis Janvier.
C’est Nico de Décathlon qui m’a parlé de vous, il nous a en partie équipé aussi.
Je viens de voir votre article, ca a l’air vraiment pas mal et ca donne envie.
On vient de finir le Pérou pour nous et nottamment un dernier trek qui devrait vous plaire, le tour de l’Ausangate faisable en 4 ou 5 jours.
On est maintenant en Bolivie.
Au plaisir de se croiser
Louis et Anais
Salut vous deux, merci pour votre commentaire.
Vous avez pas trop froid en ce moment sur l’altiplano ??
En tout cas profitez bien, la Bolivie c’est trop joli 🙂
Toujours un plaisir de suivre vos périgrinations, bonne continuation, il n’ y a pas moyen d’avoir un peu de son…
Merci Didier !
On espère que tout va bien de ton côté aussi. Pour le son sur les vidéos tu n’est pas le premier à nous faire la remarque… Du coup on va essayer de s’y mettre pour les prochaines 😉
Bonjour,
J’ai fait le tour de la cordillère Huayhuash en juin 2016. Objectivement, c’est l’un des plus beaux treks que j’ai fait. Les sites de bivouac sont juste… somptueux.
Cet article me rappelle de bien jolis souvenirs. Mais il est vrai que c’est un circuit exigeant car il se fait quasiment tout le temps au-dessus des 4000 mètres d’altitude.
On a eu beaucoup moins de nuages que vous, même si le premier jour c’était aussi bien couvert.
Bravo pour votre article et vos jolies photos (les gros plans sur ces montagnes enneigées et leurs glaciers : magnifique).
J’ai publié quelques photos sur mon site.
Stéphane
Bonjour Stéphane,
Merci de ton mot, et désolé de l’avoir laissé sans réponse.
Effectivement c’est plutôt physique comme itinéraire, surtout qu’on ne connaissait pas la possibilité de ravitos sur la partie Ouest de l’itinéraire donc on a pas mal porté. Mais c’est aussi terrain de jeux incroyable. Ca passe hors sentier à beaucoup d’endroits sans avoir trop à trop s’exposer… Un régal !