Durée : 9 jours
Distance : 85.5 km
Dénivelé : 6 883 m
Massif : Tian Shan– Kirghizistan
Point de départ : Dzhilusu
Coordonnées du point de départ : [42.2216°N ; 78.1675°E]
Les montagnes Kirghizes regorgent de sentes et petits itinéraires qui traversent des massifs encore incroyablement sauvages. Les vallées s’enchaînent sans croiser âme qui vive, hormis quelques marmottes qui semblent s’offusquer de notre présence. Les forêts de sapins pointus laissent place aux prairies, puis aux premières plaques de neige qui gardent les hauts sommets couverts de glace. Après une semaine seuls au monde, on croise un berger à cheval au fond de la vallée de Karakol qui redescend un troupeau laissé en pâture. Puis l’itinéraire rejoint le sentier classique d’Ala-kul où on renoue avec nos semblables autour du lac encore gelé, avant de finir en beauté dans une petite source chaude de la vallée d’Altynarasha.
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Itinéraire complet
Dzhilusu – Caxapya
Distance : 11.3 km
Dénivelé + 1 910 m
Dénivelé – 73 m
Après un premier parcours en Marshrutka conduit par un chauffeur étonnamment prudent, la Lada-taxi qui nous amène au point de départ de l’itinéraire semble avoir du mal à grimper la piste. Le moteur fume, alors le conducteur lui accorde une petite pause. Finalement, le vieil homme nous dépose comme convenu au bout de la piste, en lisière de forêt. Installés pour un premier pique-nique dans une clairière dégagée, un jeune Kirghize nous offre une visite. Ses parents sont descendus dans la vallée, il doit donc garder les bêtes restantes. Du haut de ses huit ans, il chevauche un âne qui lui obéit au doigt et à l’œil (à part quand ça monte trop…).
On s’engage ensuite sur une petite sente droit dans la pente, plein Est. La forêt se fait plus éparse, puis disparait complètement au profit d’une végétation buissonnante qui nous fera perdre la trace à plusieurs reprises. Alors qu’on se rapproche des sommets, les buissons aussi disparaissent, et bientôt ce n’est plus contre la végétation qu’il faut se débattre, mais contre une neige ramollie par le soleil de l’après-midi. Il faudrait peut-être se contenter de l’antécime, mais le vrai sommet nous fait de l’œil. Alors on se lance dans le kilomètre d’arête qui nous sépare du but. C’est laborieux, mais ça en valait la peine.
Les lumières orangées illuminent les nuages vers l’ouest alors que le soleil se reflète sur la surface de l’immense lac Isik-kul, sorte de mer intérieure du Kirghizistan. Après une nuit fraiche mais peu ventée, c’est l’Est qui s’embrase. Des écharpes de nuages entourent les hauts sommets vers le levant, dont les pics gelés à plus de 5 000 mètres prennent les premiers rayons de soleil. Si tout se passe bien, on devrait arriver au pied de ces titans de glace d’ici quelques jours. Pour l’instant ils paraissent encore bien loin.
Caxapya – Karakolsy
Distance : 29.2 km
Dénivelé + 2 325 m
Dénivelé – 3 366 m
La descente vers le col Archa-Tor nous causera quelques sueurs froides. On est hors sentier depuis déjà un bon moment, mais ici, il faut descendre au travers d’un terrain un peu trop vertical à notre goût. C’est d’autant plus anxiogène qu’on ne sait pas si on arrivera à trouver un passage. Alors on pose les sacs pour faire des petites missions de repérage. À force de persévérance, on arrive finalement jusqu’au col, et en un morceau.
Une grosse corniche occupe le col. Il faut la contourner pour descendre en mode luge sur les névés pentus. Ça fait du bien au moral, au jambes et au dos, mais pas aux fesses. En bas, alors qu’on galère pour trouver un passage pour traverser le torrent, un orage éclate. Trempés pour trempés, on traverse avec l’eau jusqu’à la taille. De l’autre côté, une longue remontée de la vallée nous mène jusqu’à un petit col pentu où on se fait prendre par la neige.On arrive ensuite sur un glacier recouvert par une petite couche de neige qui nous inquiète.
Le glacier à l’air bien fermé, mais le risque de pont de neige au-dessus de crevasses ne peut pas être écarté. En toute rigueur, la traversée devrait nécessiter corde et baudrier, à minima. Alors on pose la tente. Un peu trop enthousiastes, on n’arrive pas à renoncer à la suite de l’itinéraire. On décide alors de passer le lendemain très tôt sur une croute de neige encore prise dans le gel nocturne. Il n’y a certainement pas de quoi être fier, mais ça passe sans encombre. Alors qu’on atteint l’autre rive du glacier, les premiers rayons du soleil font scintiller le manteau blanc immaculé qui repose sur la glace et les ombres des sommets qui nous entourent s’étalent à nos pieds.
Un petit col perché au-dessus d’une pente couverte de neige nous permet de sortir du cirque glaciaire. C’est beaucoup plus raide que ce que les cartes ne suggèrent ! En face, les belles faces Nord immaculées du sommet Tel’mana ressemblent à un rêve de skieur. De l’autre côté, la neige laisse place à une moraine, puis à des pentes herbeuses assez raides. Le soleil se cache derrière de gros nuages noirs inquiétants qui ne tardent pas à nous bombarder de grêlons. Le sol se couvre alors d’un tapis roulant sur une descente déjà bien glissante. On se casse la gueule un bon nombre de fois.
En bas, on trouve un spot plat au creux de la vallée sous le mont Karakol pour poser la tente, sous la tempête. Une quinzaine de minutes après avoir monté notre abri, le ciel se dégage et le soleil est de retour… Une histoire de mauvais Karma. Maintenant qu’on est posés, on en profite pour tout étaler et sécher les affaires trempées. Premier signe de vie depuis quelques jours, un berger passe à cheval, il descend un troupeau de chevaux et vaches qui était allé s’aventurer au fond de la vallée.
Le lendemain, on laisse la tente pour un petit aller-retour sur une arête en face du mont Karakolsky, mastodonte de glace du fond de la vallée. Quelques passages en varappe nous permettent d’accéder à un fil d’arête aérien au-dessus du glacier Ontor. En face, les hauts sommets du massif croulent sous les séracs qui alimentent le glacier. Plus bas dans la vallée, les bras de la rivière s’entrelacent sur plusieurs kilomètres avant de fusionner dans un torrent qui dévale la pente en direction du grand lac Isik Kull.
Karakolsy – Altynarasha
Distance : 45 km
Dénivelé + 2 648 m
Dénivelé – 3 834 m
En redescendant la vallée, on croise beaucoup de marmottes, un renard et quelques randonneurs. Pour rejoindre le lac Ala-Kul, le chemin classique descend plus bas pour atteindre le lac par son déversoir Ouest, mais on va tenter une petite variante par un col directement au Sud du lac. On commence sur une petite sente qu’il faut ensuite abandonner pour monter dans le lit d’un ruisseau, puis droit dans la pente sur un pierrier instable. Il est déjà tard quand on arrive au col, mais plutôt que de se contenter de planter la tente ici, on grapille quelques centaines de mètres jusqu’au pic au nom mélodieux de Vlksm.
Après quelques errances et grimpettes au travers d’un dédale rocheux, on arrive sur l’arête sommitale, recouverte d’une épaisse couche de neige. De menus travaux de terrassement nous permettent de créer une petite plateforme pour accueillir notre tente. Directement en contrebas, le lac Ala Kul est encore gelé. Bien plus loin, on aperçoit les rives du lac Isik Kul sur lequel se reflètent les derniers rayons de soleil. Alors que la pénombre s’installe au fond des vallées, les lumières de Karakol s’allument au loin.
Le lendemain, après un petit dej aux premières loges, on redescend avec l’apparition des premiers nuages. La glace commence à libérer les rives du lacs et à dessiner des formes étonnantes sur les couches restantes, qui devraient disparaitre d’ici quelques jours. On rejoint l’itinéraire classique d’Ala-Kul, étonnamment fréquenté en comparaison avec le reste de l’itinéraire. On remonte ensuite sur le col Nord, d’où on aura la chance de glaner quelques vues avant que les orages n’éclatent tout autour. On descend alors en vitesse jusqu’au village d’Altynarasha où on s’offre un repas dans une petite lodge à l’écart du village.
Le village est connu pour ses sources chaudes, mais la majorité d’entre elles est captée par quelques lodges. La cuisinière de celle où l’on se trouve nous apprend l’existence de deux petites bassines plus secrètes, aménagées en bordure de la rivière. Le ventre plein, on part y installer le camp. Une petite sente descend vers la rivière, aucun fléchage ou indication n’indiquent les sources, mais au bord du torrent, deux petites bassines retiennent l’eau chaude dans un cadre champêtre. Parfait pour finir la randonnée en douceur.
Dès le reveil, on replonge dans les sources pour le petit dej avant de finir la rando par la piste qui nous sépare des premiers bus en partance pour la ville de Karakol.
10 Comments
Toutes vos photos sont belles mais certaines sont magiques! Quels téméraires vous êtes! Ah, vous avez de quoi rêver durant le confinement! Je vous embrasse.
Merci Tribouline !
Avec ce qu’on a ramené je crois qu’on a encore du boulot pour quelques année…
Mais effectivement ça nous permet de voyager, même coincés à la maison, et au passage de vous embarquer avec nous !
Photos sublimes ! Ca fait rêver ! Merci merci
Merci Vadrouille & Tambouille, effectivement c’est un super coin !!
C’est génial, déjà que nous avions envie d’aller au Kirghizistan… Ça motive encore plus de lire des articles comme ça. Sans avoir votre niveau il y a de quoi faire à priori ! Bonne continuation
Romain
Hello Romain, merci.
Oui c’est dingue ce pays, foncez ! (quand vous pourrez…)
Si vous voulez des avis quand vous commencerez à planifier, n’hésitez pas à passer un coup de bigophone !
A+
WOW! Je vous suit depuis votre voyage en Amerique du Sud… Mais la , etant moi meme alle faire le circuit classique Ala-Kul, j’arrive mieux a imaginer l’aventure que vous avez pu vivre, surtout avec ce circuit plus long, et selon moi assez risque….! Merci pour les photos qui ramenent de bon souvenirs.
Bon voyage!
Merci Alex !
Oui, ce circuit était vraiment cool, et effectivement avec un petit passage un peu limite… :/
Mais tout ça était fort joli, et ça en valait bien la peine !
A bientôt !
Juste incroyable cette région, elle me tente beaucoup. Merci pour ces images qui permettent de se donner une meilleur idée!
Très beau site d’ailleur 😉
Merci Lionel !
Vu tes photos (de ouf !) le compliment va droit au cœur !