Durée : 2 jours
Distance : 20 km
Dénivelé : 1 870 m
Massif : Aravis– France
Point de départ : Romme
Coordonnées du point de départ : 46.0275°N, 6.5733°E
La veille du départ, le bulletin avalanche annonce un risque à trois. Le chiffre traître : ni haut ni bas, qui n’incite pas assez à renoncer. De fait, plus de la moitié des accidents d’avalanche mortels ont lieu par risque trois. Et si la tentation de sortir les planches reste grande, il faut savoir composer avec ce risque insidieux.
Il est communément admis que l’inclinaison minimale pour qu’une avalanche se déclenche est de 30°. En pratique, il reste 1% des avalanches qui ont été enregistrées sur des pentes entre 25 et 30°, mais il s’agit souvent de coulées de surface en neige humide, plutôt au printemps donc. Donc un risque 3 en plein hiver permet de s’amuser dans la neige en toute sécurité, à condition de ne pas aller s’exposer sous (ou dans) des pentes à 30°.
On visait le Charvin pour cette sortie, mais on révise notre plan en fonction du risque annoncée : l’itinéraire serpente dans une belle face avec plus de 1 000 mètres de pente à plus de 35/40°, sur une herbe bien lissée par le manteau neigeux. Du coup, avec ses petites collines molles, la pointe d’Areu à l’extrême opposé du massif des Aravis n’a pas grand-chose à voir, mais peu importe, l’essentiel est d’être dehors, d’autant que la météo annonce une belle mer de nuages à peine au-dessus de 1 500 mètres !
Video
Itinéraire complet
Jour 1
Distance : 19.6 km
Dénivelé + 1740 m
Dénivelé – 1740 m
Départ tardif depuis le petit village de Romme, encore sous les nuages. On sent que le soleil n’est pas loin, ça motive à grapiller rapidement du dénivelé. Il a bien neigé la veille et les jours précédents, belle ambiance hivernale. On s’éloigne rapidement des télésièges pour s’enfoncer dans la forêt en direction du premier petit sommet : la tête de la Sallaz.
Chemin faisant, on sort de de la mer de nuages. D’un coup, l’ambiance change, la température monte et on se fait même accompagner de quelques gazouillis d’oiseaux. En sortant de la forêt, la vue s’ouvre sur une mer de nuages qui s’étend à nos pieds. La vallée de l’Arve et le bassin du Léman sont recouverts d’une épaisse couche de nuages cotonneux. La pyramide du Môle dépasse comme une ile au milieu d’un océan de nuages.
On ne sait pas encore trop ou dormir, la tête de Sallaz est relativement fréquentée, et on a encore le temps de pousser un peu plus loin. Alors on continue sur les bosses plus au sud, en passant la tête des muets, puis la pointe du Château. Juste en dessous, une petite pente orientée Est, totalement vierge de traces nous fait de l’œil. Il n’y a que 200 mètres de pente, mais sur une neige parfaite, sans trace… difficile d’y résister. Alors on pose les sacs et on passe la fin d’aprem à s’amuser sur ce petit bout de descente.
On avait prévu de faire un Igloo, mais heureusement qu’on a pris une petite tente, au cas où. Vu le temps passé à faire mumuse sur la descente, le soleil va bientôt se coucher, et la neige soufflée aurait rendu difficile la construction de l’igloo au sommet, alors on monte la guitoune. Le soleil se couche derrière la pointe d’Almet, au raz d’une mer de nuage qui enveloppe le bassin de Thônes. Un petit coucher de soleil sur une mer de nuage en feu, ca faisait longtemps, et ca nous avait manqué.
Il commence déjà à faire nuit quand on attaque l’apéro. Les petits godets d’aclool de griotte permettent de faire patienter le temps que la neige fonde dans la popote pour préparer les nouilles. Vu les températures qui chutent, le repas se fera emmitouflé dans les duvets sous la tente. On a profité du poids “léger” des sacs qui ne contiennent que des vivres pour une nuit et deux jours pour y ajouter quelques feux d’artifices qu’on fera péter au-dessus d’une mer de nuages rétroéclairée par les lumières de Cluses, sous un plafond d’étoiles.
Jour 2
Distance : 13.5 km
Dénivelé + 780 m
Dénivelé – 1530 m
La nuit a été fraiche au-dessus du manteau protecteur de la mer de nuage qui est toujours là. En face, le Môle reçoit les premiers rayons de soleil avant que la mer de nuages ne s’illumine d’une lumière froide d’un lever de soleil sur un ciel bleu. Belle journée en perspective. On laisse tout notre attirail sur place pour continuer en direction de la pointe d’Areu. Petite descente de notre pointe du château avant de repoter pour attaquer la montée en direction de la pointe d’Areu. 500 mètres plus haut, on arrive sur la pointe des Arbennes.
Le sommet offre une vue dégagée sur l’ensemble des massifs autour. Plein Est, le Mont Blanc dépasse du reste, comme à son habitude. Vu d’ici, la pointe percée a fière allure. Hormis les enfilades des Aravis cachées derrière leur point culminant, la vue s’étend loin sur les sommets, de part et d’autre du Mont Blanc, on devine quelques sommets suisses et italiens. Il n’y a pas un souffle de vent, on s’installe au sommet le temps d’un casse-croûte.
Il reste quelques dizaines de mètres qui séparent la pointe des Arbennes de celle d’Areu, quelques dizaines de mètre d’arrêtes tranchantes couvertes de neige. Vu l’exposition et le risque avalanche, aucune envie de tenter le diable pour gagner quelques mètres. On reste donc sur cette pointe des Arbennes à profiter du soleil, sans chercher l’exploit.
Sur les premiers mètres de descente, la neige est assez abominable. Le vent des jours précédente a créé des stries de neige gelée ou croutée. Beurk. En revanche, quelques dizaines de mètres en dessous, on retrouve une couche feutrée où on pourra négocier quelques beaux virages, jusqu’au replat sous la pointe du château où nous attendent nos affaires. On replie le camp qui a eu le temps de sécher avant de reprendre le chemin de la descente. Avec tout notre attirail sur le dos, c’est plus tout à fait la même affaire…
Les sacs sont plus légers que lors de notre précédente escapade sur le glacier d’Aletsch, mais ça reste éprouvant pour les cuisses et les genoux. Chargés comme on est, on opte pour l’option descente douce en suivant le chemin d’été qui serpente dans la forêt en gardant une pente faible. On croisera un bouquetin à la recherche des jeunes pousses sur une dalle rocheuse au soleil, puis on se laisse porter sur quelques kilomètres de descente, presque sans virages, tout en douceur.
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