Durée : 5 jours
Distance : 72 km
Dénivelé : 4 882 m
Massif : Andes – Chili
Point de départ : Cochamó
Coordonnées du point de départ : -41°29415N -72°15451E
Le départ de la piste qui monte à la Junta est sur la route 2 km au sud de Cochamo, juste avant le pont qui franchit le rio Cochamo.
La vallée de Cochamo offre de nombreuses possibilités de randonnées à la journée autour du secteur de La Junta. Il faut cependant compter une 20aine de km depuis le pont qui enjambe le rio Cochamo pour accéder à ce petit paradis. Il y a plusieurs campings à La Junta (compter 4 000 pesos /tête/nuit). Il est également possible de faire une boucle autour du Lago Cormaz Vidal, plus à l’est (compter une petite semaine).
Découvert par les grimpeurs, le secteur est entouré de falaises de granite impressionnantes, comme taillées au couteau, et les forêts qui les bordent sont peuplées d’arbres millénaires.
D’après nos infos, en pleine saison l’endroit est très fréquenté. Le mois de Janvier en particulier est à éviter…
Itinéraire complet
On vient de Coihaique, après une nuit au bord de l’océan, on embarque pour 24h de bateau entre Puerto Chacabuco et Puerto Montt. On a pas mal trainé à El Chalten donc on décide d’avancer plus vite en prenant le raccourci par le fjord Golfo de Corcovado. On arrive vers minuit à Puerto Varas, on se trouvera un petit spot au bord du lac Llanquihue. Au lever du soleil, on découvre pour la première fois le volcan Osorno.
On file ensuite faire du stop direction Cochamo. Un pickup s’arrête et nous dépose un peu avant Ensenada. On découvre une petite plage toujours au bord du lac Llanquihue et avec en prime la vue sur le volcan Osorno. Parfait !
On finira notre route en stop jusqu’à Cochamo le lendemain avec deux chauffeurs différents.
Jour 1
Distance : 21.5 km
Dénivelé + 856 m
Dénivelé – 568 m
De Cochamo ce n’est pas terminé…. Il y a 2 km de route, puis 8 km de piste avant d’arriver sur le sentier. Coup de bol, on se fait prendre en stop sur la piste par un autre randonneur. Depuis la fin de la piste, il y a 13km jusqu’à la Junta sur un sentier bien balisé et très varié.
La forêt à énormément changé depuis le début de notre voyage. Il y a des fougères arborescentes, des lianes et de la mousse de partout. L’air est humide et chaud. On transpire vite. Par endroit la pluie à transformé le sentier en canyons creusées parfois sur plusieurs mètres de profondeur, ça donne une ambiance sympa.
On arrive pas loin de La Junta et il se fait tard. On découvre sur le chemin un chariot suspendu à un câble qui permet de traverser le Rio Cochamo sans se mouiller. Excellent ! Pas besoin de baudrier, il suffit de se poser dedans et de se laisser glisser jusqu’à de l’autre côté. (bon, parfois il faut tirer un peu sur la corde pour arriver sur l’autre rive…)
La zone de La Junta dispose de plusieurs campings, tous payants. Il faut compter 4000 pesos par nuit et par personne. Mais comme il fait presque nuit et qu’on doit partir tôt demain, on décide de planter la tente juste sur la plage qui se situe sous le chariot.
Jour 2
Distance : 15.6 km
Dénivelé + 1 743 m
Dénivelé – 1 074 m
On se réveille une heure avant le lever de soleil pour se trouver un endroit plus ouvert pour prendre le petit dej avec les premières lumières.
On trouve une clairière qui fait office de camping (Vista Hermosa), mais la zone est complètement vide …. La saison est terminée. On entame la montée après le petit dèj. Aujourd’hui on prévoit de planter la tente pas loin du Cerro Laguna, à côté du Cerro Trinidad.
Le sentier est grandiose. Il est facile et bien balisé. Plus on monte, plus les arbres deviennent immenses. Les plus impressionnants sont les Alerces ( Fitzroya ou cyprès de Patagonie), un arbre emblématique du Chili. De la famille des Sequoia, il peuvent vivre jusqu’à 3000 ans. Ils ont été pendant très longtemps utilisés dans la construction mais sont maintenant protégés. Les plus grands spécimens atteignent une 50aine de mètres pour un diamètre allant jusqu’à 3m. On se sent vraiment tout jeune et petit à côté.
On arrive sous le Cerro Elefante, qui porte bien son nom. Monumental ! On est au pied d’une dalle de granite déversante de près de 1 000 mètres de haut. Trois grimpeurs partagent le maté à côté de leur tente. Il y a encore de la place pour nous. Vu la densité de la végétation, on décide de poser le bivouac ici. Comme il fait beau et qu’il nous reste du temps, on en profite pour faire un aller retour avec des sacs plus légers jusqu’au Cerro Laguna. On laisse donc nos gros sacs et on continue.
Le sentier est toujours aussi beau, la végétation toujours aussi tropicale. Arrivés sur un replat au milieu du cirque entouré du Cerro Laguna, Trinidad et Elefante, la végétation luxuriante a laissé place aux Lengas dans leurs couleurs d’automne. On découvre sous un énorme rocher un spot de bivouac pour grimpeurs. Bien aménagé. Le coin est vraiment fait pour eux. Des dalles de granite lisses de partout! Les voies d’escalades doivent demander un sacré niveau. Et bien sur ici tout se fait en traditionnel… Aucune voie n’est équipée.
Sur la carte un sentier mène jusqu’au sommet du Cerro Laguna mais il n’est pas balisé. Dans notre recherche de l’accès au sommet on est comme happés par une énorme faille. On sait que le sentier ne passe pas par là mais elle est trop belle pour passer à côté. Elle à l’air de monter assez loin, ça serait trop beau qu’elle débouche là haut
On entame donc l’ascension. Des blocs et des éboulis de granite de partout, mais ça tient plutôt bien.
Au bout de quelques heures on se retrouve face à un énorme bloc coincé entre les deux pans de la faille.. à gauche ça passe pas, à droite non plus, dessous toujours pas et dessus n’en parlons pas. On est un peu déçus de ne pas avoir pu déboucher au sommet, mais on ne regrette pas d’avoir essayé…
On redescend. Ça nous prendra beaucoup plus de temps. Toujours plus facile de grimper que de redescendre…
De retour sur le replat face au cirque, on aperçoit sur le chemin du retour un sentier marqué par un kairn qu’on n’avait pas vu à l’aller. Il commence à se faire tard mais c’était un peu frustrant de ne pas pouvoir trouver le sentier qui mène là haut. On décide de le tenter. On arrive sur des petits lacs coincés dans des cuvettes de granite et face à nous se dresse une énorme dalle. La pente et l’adhérence sont suffisantes pour pouvoir marcher dessus sans risque. Arrivés là haut, on perd la trace des kairns. Le granite se fait de plus en plus pentu… Ça ne passe pas par là non plus. De toute façon on avait plus le temps d’aller jusqu’en haut.
En redescendant on aperçoit un accès potentiel par une vire rocheuse sur laquelle une ligne de forêt semble mener au dessus des difficultés. Trop tard pour aujourd’hui : on redescend rapidement pour arriver à temps pour le couché de soleil. On arrive au point de bivouac 10 mn trop tard…
Jour 3
Distance : 9.2 km
Dénivelé + 1 369 m
Dénivelé – 772 m
Réveil toujours matinal. Mais pas autant que nos voisins grimpeurs qui se sont levés à 5h pour commencer l’ascension dans une faille….Aujourd’hui, grosse journée. 1000 m de descente et 1700 m de montée pour arriver sur le sommet de l’autre côté de la vallée, le Cerro Arcoiris.
On entame la descente. Ça commence bien.. on perd sur quelques mètres le sentier balisé par les petits papillons roses.
On décide pour varier un peu l’itinéraire de prendre une autre direction pour la descente, côté Anfiteatro. On tombe tout de suite sur de belles bassines d’eau aux couleurs crystallines. Impossible de passer par là sans se baigner. L’eau est super froide mais avec l’humidité et la chaleur de la forêt, ça fait du bien. Le lieu appelé Anfiteatro est plus haut, ça nous ferait remonter un peu, mais avec le programme de la journée on décide de ne pas poursuivre dans cette direction et de descendre directement sur la Junta.
On retrouve un autre chariot pour traverser le Rio Cochamo, juste au dessus d’une belle plage bien ensoleillée qu’on choisira comme coin de casse croute.
On traverse le camping La Junta et on commence à monter. On planque un sac dans la forêt pour nous alléger un peu. Des personnes qu’on a rencontré sur le chemin nous ont dit que le sentier est très difficile et voire « impossible à faire avec de gros sacs ». Comme on souhaite planter la tente là haut on a pas le choix que de prendre quand même le strict nécessaire pour y passer une nuit (ce qui implique aussi un minimum de 4 litres d’eau : il n’y a pas de source en haut).
La forêt est toujours aussi verdoyante, humide et belle. Sur la montée on entend le bruit d’un cours d’eau. Son accès n’est pas visible depuis le sentier mais facile. On en profite pour vider notre gourde de 1 L et la remplir de nouveau.. il se faisait soif!
On arrive 1 heure après sur le premier passage de corde. Celle-ci n’est pas forcément nécessaire. Le sentier est pentu, le terrain bien humide et glissant mais il y a pleins de racines pour s’aider à monter, et pas n’importe quelles racines, du genre de celles qui ont 2000 ans… Le deuxième passage est plus délicat. La corde passe au dessus d’une langue rocheuse mouillée. Mais c’est du granite et donc ça tient toujours quand même. Par contre cette fois ci il y a du gaz. On prend nos précautions mais la traversée se fait sans difficulté.
On arrive après quelques minutes de marche au dessous d’un troisième passage de corde.
Là ça fait complètement flipper. La corde est mouillé, le passage se fait sur une pente raide de granite trempé et sous un plafond de racines. En effet pas évident avec les sacs et il n’y a pas vraiment d’endroit pour mettre les pieds pour sortir du passage. On est obligé de s’aider de la corde dont on est pas certain de l’état.
Jusque là ça va. Le problème vient plutôt d’en dessous… L’exposition est monumentale ! On surplombe une falaise de plusieurs centaines de mètres… Pour ceux qui ont le vertige il vaut mieux s’abstenir, avec des enfants on oublie (ou avec baudrier). Les ancrages sont limites (pas doublés !) et la corde est effritée, elle frotte sur le rocher. Pour un lieu visiblement assez fréquenté en pleine saison on est étonné par la faible qualité de l’équipement…
D’autres passages délicats suivront mais celui-ci était le pire…
On arrive finalement au premier mirador bien sympa. De nouveau, on sort de la forêt luxuriante pour un petit passage de Lenga. Il y a beaucoup de spots de bivouac mais on nous a dit que le deuxième mirador, 1 heure et demie après vaut carrément plus le coup. Il est tard, on se remet un peu de nos émotions et on pousse jusque là haut pour arriver avant le coucher de soleil.
L’ascension finale se fait uniquement sur des dalles bien saines de granite. On commence à en avoir plein les pattes mais à notre arrivée on est pas déçus. La vue est beaucoup plus aérienne, avec en prime un bras du fjord de Cochamo et le volcan Osorno. Grandiose !
Là haut ça souffle fort. On s’abrite derrière un rocher pour dîner avec les lumières du coucher de soleil. Vu le prix à payer pour arriver ici ça aurait été dommage de rater ça…
On plie tout, on sort les frontales et on se met à la recherche d’un spot pour la tente. On trouvera une zone plate et abritée du vent juste en contrebas du mirador.
Jour 4
Distance : 15.7 km
Dénivelé + 462 m
Dénivelé –1 957 m
On se fait réveiller par la lumière du soleil. Panne de réveil. Il est 8h30 et on a déjà 10 minutes de retard sur le soleil ! Pendant qu’on roupillait tranquillement le spectacle suivait son cours…. On prend toutes les affaires du petit déj et on file au mirador manger avec le reste des lumières du lever..
On remballe tout et on quitte le Cerro Arcoiris. On descend les dalles de granite sans difficulté : c’est d’une adhérence incroyable. Un jeu d’enfant quand on sait ce qui nous attend derrière.
On passe le premier mirador puis on arrive sur les cordes mouillées qui permettent de descendre les 10 mètres de dalle pentue. Les premiers mètres accrochent bien. La corde en est presque secondaire. Sur les parties où la mousse a bouché les pores du granites on a pas le choix que de compter à 100℅ sur la corde.
Quelques mètres plus bas on arrive sur le passage qu’on appréhendait le plus, mais bizarrement la descente se passe beaucoup mieux. On sait où mettre les pieds et où s’accrocher. Toujours avec une vue imprenable sur les centaines de mètres de falaise au dessus desquelles on pend.
On reprend ensuite le sentier facile avec plus de légèreté jusqu’à la Junta. On décide de se poser pour le pique-nique sur la plage qu’on avait trouvé la veille, histoire d’en profiter pour faire une petite trempête méritée. On traverse donc une nouvelle fois le chariot, en mode free style local (après avoir délogé le martin pêcheur qui utilisait le cable comme spot de repérage).
Sur la descente en direction de Cochamo on se dit qu’il faudrait aller avertir la municipalité du mauvais état des cordes. Mais le chemin est long et la nuit approche. Parfois sous les bois il fait tellement sombre qu’on hésite à en sortir les frontales. On arrive enfin au début de la piste. On est crevé. On aura descendu pas loin de 2000m de dénivelé sur plus de 20 bornes. On passe devant un camping. On décide de faire une entorse à notre régime de camping sauvage et passer la nuit là. Ça nous coûtera 3000 pesos pour nous deux pour un camping sans douche et dans un dépotoir, mais dans quelques minutes il fera vraiment noir. Il était temps de s’arrêter. Nous ne sommes pas les seuls occupants du camping, chiens et chats sont assez intéressés par l’abri de notre abside et l’odeur de notre sac de bouffe…
Jour 5
Distance : 9.6 km
Dénivelé + 452 m
Dénivelé – 465 m
On se réveille tôt car on espère croiser des voitures pour nous éviter les 13 km jusqu’à Cochamo.
Malheureusement il n’y a pas grand monde ce matin… Pour ne pas dire personne.
On prend nos sacs et on entame la piste. Sur la route on croisera en direction de la montée une voiture de pompier. Étrange. Elle redescend quelques minutes plus tard. On lève le pouce sans trop d’espoir, mais il s’arrête ! On monte à bord. Le pompier nous explique qu’aujourd’hui c’est la journée nationale du recensement et qu’il est en charge de cette zone ainsi que de celle de Cochamo. On en profite pour lui demander si la mairie est ouverte, on souhaite les avertir de l’état des cordes. Il nous informe qu’il est également en charge de l’entretien des sentiers de la vallée de Cochamo. Ça tombe bien. On lui explique alors et on lui montre quelques photos. Il est plutôt surpris. Apparemment l’équipement date de cette année mais il en prend note. Il nous lâche sur la route principale de Cochamo. Pour sa part il lui reste encore des personnes à recenser.
Il est midi. Tout est fermé. Le village est vide. On se pointe à la sortie sur le bord de la route.
Jour de recensement national, tout le monde doit rester chez soi. Pas un chat.
On finira par se faire prendre par la première voiture qui passe… trois heures plus tard ! (record battu !)
5 Comments
Là vous m’avez carrément angoissée….ne pouvez-vous vous contenter d’admirer de beaux paysages moins perchées? (il y a aussi de somptueux lever et coucher de soleil en plaine!). Certes le rocher est fabuleusement beau…. En parlant d’animaux, n’avez-vous pas croisé qqs serpents dans cette chaude et humide forêt?
Quand allez-vous décider de rester un peu plus tranquilles? retrouvez vite un coup de main à donner … un autre gite à aménager par exemple…. Que l’on puisse respirer plus à l’aise!
Si je vous dis « prenez soin de vous », saurez-vous ce que ça veut dire?
Je vous embrasse fort……quand même!
Oui on prend soin de nous ! Au point de flipper la ou des centaines de touristes passent sans crainte en haute saison… Ceci dit on a toujours préféré les lever et coucher depuis la haut… Pour l’instant toujours pas de gros serpents en vue, enfin rien de plus que chez nous…
A bientôt pour d’autres récits, certainement plus sûrs 🙂
[…] L’itinéraire est téléchargeable sur le lien (il comprend également la montée sous le Cerro Elefante) : http://world-wild-camp.com/vallee-cochamo-la-junta […]
Salut ! Super votre article et vos photos sont oufs ! Ça aide bien pour s’organiser un petit trek dans la vallée de Cochamo ! Petite question : vous êtes partis à quelle période ? Nous on aimerais partir vers le 10 avril !
Merci d’avance pour votre réponse !
Salut Ania,
Merci, contents de voir que ça donne envie 😉
Nous aussi on est partis courant Avril. Ca devrait aller nickel pour vous niveau températures (du genre 15-25°C la journée, 5-10 la nuit)
Si vous allez la haut ça vaut le coup de monter au moins deux / trois jours de bouffe, il y a vraiment de quoi à faire dans la vallée.