Durée : 5 jours
Distance : 1.2 km
Dénivelé : 80 m
Coordonnées du point de départ : -14°022 N -171°332 E
Les Île des Western Samoa forment un petit archipel perdu dans le Pacifique Sud. Le climat et la végétation sont tout ce qu’il y a de plus tropical , avec un bon 25-35 degrés toute l’année et un mélange de cocotiers, fougères arborescentes et arbres séculaires, le tout dans une ambiance de foret luxuriante bordée de lagon bleu turquoise.
A ce paysage de carte postale s’ajoute le sens de l’accueil incroyable de la majorité de la population, tout particulièrement dans les lieux reculés.
En revanche, l’ile d’Upolu n’est pas l’endroit idéal pour user de la semelle. Les quelques sentiers sur l’île sont majoritairement de courte durée, et les rares randonnées faisables sur plusieurs jours vous feront marcher sous une chaleur pesante sans vraiment offrir de point de vue spectaculaire en récompense.
Ce n’est pas non plus le paradis du campeur : toutes les terres sont privées, les plages « appartiennent » aux différents villages, il ne faut donc pas s’imaginer pouvoir poser sa tente n’importe où. Ceci dit, à beaucoup d’endroit il est possible de passer la nuit dans une Fale : un toit de feuilles de bananier monté sur quelques troncs. Les prix varient de 10 tala (3€) à 1500 tala (500 €) par nuit.
On vous amène ici dans l’une des plages les moins touristiques, mais de loin la plus belle de celles que l’on ait vu sur l’île : Vavau Beach
Video
En supplément, petit « best of aérien » de 3 îles des Samoa : U’polu, Tutuila et Ofu.
"Itinéraire" complet
Jour 1 : Découverte
Si l’on veut faire passer ça pour une balade, le départ se fait de la route qui longe le Sud de l’île, au niveau du panneau qui indique Vavau village en venant de l’Ouest . Aucun panneau n’indique la plage, on a repéré le lieu sur les images satellite de l’île et on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Tout ce que l’on sait c’est qu’il y a une plage de sable sur laquelle on pourrait peut être poser la tente, sans aucune habitation autour, chose assez rare sur l’île d’ U’polu.
Avant de descendre, vous devrez vous acquitter d’un droit d’entrée de 5 tala (2€) par tête. Une petite piste descend vers la plage, quelques centaines de mètres plus loin. Une fois arrivés en bas difficile de ne pas s’émerveiller de l’endroit. La plage est séparée en deux par une petite presqu’île. La partie Est, assez ouverte, offre une vue sur la côte Sud Est de l’île, et sur la petite île de Nu’ Utele, quelques centaines de mètres au large. La partie Ouest, plus intime, est protégée de la houle par une barrière de corail et une petite île.
Le lieu offre quelques fales simples et un coin toilette avec douche froide un peu en recul de la plage. Ce petit paradis perdu est parfait pour barboter dans l’eau (entre 28 et 31 degrés toute l’année), et jeter un œil à ce qui se passe sous la surface.
La majorité des plages de l’île sont profondes de quelques dizaines de centimètres seulement. Ici vous trouverez quelques poches d’eau un peu plus profonde (3-4m), qui abritent plus de vie.
Vu que la partie randonnée terrestre était un peu courte, on rallonge un peu jusqu’à la plage voisine avec masque et tuba. L’idée initiale était de disparaître de la circulation pour deux ou trois jours en allant planter la tente sur la plage voisine. Ce ne sera finalement pas possible : un mur végétal à peu près infranchissable sépare les deux plages, la seule possibilité pour accéder à la plage voisine est par la mer, trop profonde pour y amener les sacs. En arrivant sur la seconde plage on se rend compte que la ligne de marée haute arrive au raz de la végétation, donc impossible d’y poser la tente ou d’y installer une moustiquaire.
Retour donc sur la plage de Vavau. On demande la permission de passer la nuit à des locaux venus récupérer le corail mort ramené par la marée. Permission accordée, moyennant quelques Talas. Sa’ali nous décrochera quelques coco fraiches, qu’on dégustera à la tombée de la nuit, seuls sur la plage. On s’installera ensuite sous une fale pour la nuit, sous laquelle on tend une moustiquaire.
Jour 2 : To Sua
Réveil sous la moustiquaire, après une nuit calme et paisible. Personne d’autre n’est sur la plage, les premiers rayons de soleil illuminent la moustiquaire qui s’agite délicatement sous l’effet d’une petite brise matinale. Après un petit déjeuner, toujours à base de noix de coco, on chausse les masques et tuba pour aller passer une petite heure dans l’eau juste devant notre spot.
Un autre avantage de cette plage ; elle se situe à quelques centaines de mètres à peine de To Sua. Ce jardin est connu principalement pour son gouffre : une cavité verticale profonde d’une 30aine de mètres qui communique avec l’océan via un tunnel subaquatique. L’eau est donc à la même température (une trentaine de degrés) calme et cristalline. Sans doute une des plus belles piscines qu’on ait vu jusque là.
L’entrée vous coûtera 20 tala (7€), et si tout le monde reste concentré dans et autour de ce trou, le reste du jardin et le front de mer valent le détour. Vous y trouverez notamment quelques évents, d’autres piscines et des tunnels de lave…
Le « trou » en lui même est assez spectaculaire. Une échelle constituée de deux troncs massifs permet de descendre au fond pour profiter de l’eau calme. Les deux gouffres sont reliés par un tunnel. Il est possible d’y nager de l’ un à l’autre.
Il est théoriquement aussi possible de rejoindre l’océan via le tunnel subaquatique, fantaisie réservée aux apnéistes expérimentés. Environ 25 mètres de tunnel séparent To Sua de l’océan et suivant la hauteur de vagues il peut y avoir des courants assez forts à l’intérieur du tunnel. On se contentera de faire la planche au fond du trou et d’aller jeter un coup d’œil à la côte, par la terre ferme.
Après avoir passé la journée là bas on se remet en route pour passer une nouvelle nuit sur la plage de Vavau.
On arrive sur la plage à l’heure où sortent les chauves souris. Les « flying fox » (qui tiennent ce nom de leur pelage roux) n’ont pas grand-chose à voir avec les chauves souris que l’on connaît en Europe : les plus grandes peuvent atteindre 1m d’envergure et sont d’excellents planeurs. Impressionnantes à voir passer, on les croise principalement à la tombée de la nuit, mais certaines sortent également pendant la journée.
Jour 3 : Taofua
Il a plu cette nuit, et on s’est rendu compte que notre toit n’est pas si imperméable. On a donc passé une partie de la nuit un peu mouillés, mais la température ambiante rend l’expérience tout à fait supportable…
Alors que les derniers nuages accrochés à l’Est de l’île commencent à s’évaporer, on profite de la plage déserte et des eaux calmes du lagon avec un premier bain matinal.
Difficile de ne pas entendre parler de Taofua quand on est dans le coin. Tout le monde en parle comme la plage « number one in the world ». Effectivement, la plage est jolie, mais elle n’a ni l’intimité ni le caractère de Vavau… La route passe à quelques mètres de la plage, très fréquentée à la fois pas les touristes et les locaux.
Jour 4/5 : Retour maison
Il faut compter entre 70 et 300 tala (25-100€) par personne et par nuit pour séjourner dans une Fale sur la plage de Taofua.
À croire qu’on s’est habitué à notre plage isolée, on regrette un peu d’avoir fait le déplacement jusqu’ici… On profite quand même de la journée pour mettre un peu le nez sous l’eau et faire un tour du village voisin. On retourne ensuite à notre petit bout de paradis en stop (pas de bus le dimanche, jour de prière).
De retour à la maison, on reprend vite nos marques. On retrouve Fa’apaia et ses enfants qui nous inviteront à partager leur repas. Fa’apaia est une femme du village de Vavau. D’un certain âge, aux cheveux courts et avec du caractère, son sourire généreux et son regard vif rendent le personnage attachant. Elle vient tous les jours chercher les morceaux de corail mort qui serviront de fondations aux futures constructions.
On installe donc de nouveau notre moustiquaire, gonfle les matelas et se prépare à une nuit seuls avec les chauves-souris, seules âmes qui vivent sur la plage passé 18h.
Le lendemain on laisse le camp monté. On occupera la journée entre freesbee, snorkeling, aller-retours sur la plage et ouverture de noix de coco. Planning chargé donc…
On arrive vite au surlendemain et à l’heure des adieux déchirants avec les habitants du village et le coin de paradis qu’on s’était trouvé.
J6/7 : Togitogiga & Papapapaitai
Sur la route de retour vers Apia, on s’arrête au parc national O Le Pupu Pue. L’endroit est connu pour sa cascade à plusieurs étages, à peine plus fraiches que l’océan, autant dire largement assez chaude pour y passer quelques heures. C’est aussi l’un des seuls endroits naturels où l’entrée est gratuite. On demande la permission au Ranger pour planter la tente dans le parc. Visiblement c’est la première fois qu’on lui demande ça. D’abord surpris, il finit par accepter, en échange d’une donation pour le parc. Étrange, mais pas déconnant.
En observant le Ranger grimper aux racines du mur végétal, on découvre un terrain de jeu qui nous occupera toute la soirée et une partie de la journée d’après… Une fois de plus, on aura l’endroit pour nous seul la soirée et la nuit.
Le lendemain, après un petit bain matinal on reprend la route en direction d’Apia. On s’arrête en chemin à un point de vue sur une autre cascade complètement différente ; Papapapaitai (il faut bien se concentrer pour prononcer le bon nombre de -pa-). La cascade de cent mètres de hauteur se jette dans une gorge d’un vert luxuriant. Ca donne très envie d’aller s’aventurer en bas mais à notre connaissance aucune sente ne permet d’y descendre.
On repart donc en direction d’Apia, pour prendre le bateau qui devrait nous amener sur l’île de Tutuila aux Samoa Américaines.
Dimanche Samoen
En cherchant un endroit pour passer la nuit, on trouve sur les cartes une petite avancée verdoyante bien orientée pour admirer le coucher de soleil. En arrivant sur les lieux, on se rend compte que le terrain appartient aux habitants de la maison voisine.
On demande donc la permission d’installer la moustiquaire pour la nuit. D’abord étonnés par la démarche, ils acceptent ensuite rapidement, après avoir demandé l’avis de Ni’ouiear, la doyenne de la famille. James, une quarantaine d’années, un esprit vif dans un corps calme, nous installe quelques planches de bois pour y poser nos matelas. Ils nous invitent ensuite à partager ensuite le dîner avec eux. On parlera de la vie sur les îles, de leurs projets, de notre voyage, avec une curiosité réciproque et une soif de découverte partagée.
Le lendemain, on est invités à partager le Humu dominical : le plat traditionnel Samoen, cuisiné de partout sur l’archipel. Tous les dimanches, la préparation commence tôt le matin aux alentours de 5h. La première étape consiste à préparer le feu sur un lit de pierres qui diffuseront ensuite lentement la chaleur sous des feuilles de bananiers. Il faut ensuite ouvrir les noix de coco, râper la chair et la presser pour obtenir le lait de coco. Le soleil levant illumine quelques pinceaux de fumée alors que toute la famille est maintenant à l’œuvre depuis un bon moment.
James et son frère maintiennent le feu et préparent les feuilles qui serviront à couvrir le feu, Lilly prépare la soupe et alimente le feu qui la chauffe, Loco plume la poule dont on vient tout juste de tordre le cou, le voisin râpe les cocos, le beau fils épluche le taro, et tout le monde se démène pour que la doyenne en fasse le moins possible.
Une fois le lait de coco pressé, la préparation des Palusami peut commencer. Il faut pour cela superposer 5/6 feuilles de Taro, les disposer de manière à ce qu’elles forment une petite coupe, la remplir de lait de coco, et la fermer de manière à ce que le lait ne s’échappe pas. Le poisson est arrosé de lait de coco et d’épices, emprisonné dans une feuille de bananier puis tressée dans une feuille de cocotier : le Laui’a est prêt à cuire. L’ensemble est ensuite disposé sur les pierres rougeoyantes, accompagné de Taro : une racine épaisse qui une fois cuite ressemble quelques peu à notre bonne vieille patate. L’ensemble est recouvert d’un épais amas de feuilles de bananiers et laissé de côté pour une grosse demie heure.
L’heure est venue de se rendre à l’église. Vu l’accueil qui nous a été réservé on ne se sent pas de refuser. Une fois endimanchés par la famille (lava lava pour les femmes et les hommes ; une sorte de paréo disposé autour de la taille pour remplacer le pantalon.) L’ambiance est assez festive, les gens discutent un peu et chantent beaucoup. Ça devient plus solennel au moment des lectures de la Bible.
De retour à la maison, la table est dressée et les mets disposés, le moment tant attendu arrive. La découverte du Palusami est exceptionnelle. A la fois fondant et incroyablement goûteux, chaque bouchée procure sa dose d’extase. Le poisson aussi est exceptionnel. La cuisson à l’étouffé avec le lait de coco rend la chair très tendre et la chapelure se marie parfaitement avec le poisson. Un bol de Hoka a également été préparé pendant que l’on était à l’église. Le Hoka est un plat typique à base de poisson cru mariné au lait de coco et jus de citron. Sublime.
Après ce repas de roi, la sieste s’impose. Tout le monde s’allonge à même le sol (grand-mère y compris) pour profiter de la fraicheur du carrelage. On ferme les yeux pour une heure ou deux, avant d’être l’objet de la curiosité des enfants de la famille….
On serait bien resté plus longtemps, mais il nous faut partir le jour même. Pour sûr, on se souviendra un moment de ce dernier dimanche au Samoa.
4 Comments
Quel plaisir pour moi de me balader avec vous dans ce reportage qui m’enchante. J’ai eu l’impression de me retrouver en Polynésie, surtout dans l’archipel des Australes. Les gens sont semblablement typés, les noms aussi à rallonge et le repas du dimanche, appelé la-bas le « ma’a » ressemble fort. Ah le taro! n’y a-t-il pas le fruit de l’arbre à pain (le « uru »)? Et les délectables corossols? Vous me semblez avoir passé de bons moments avec les autochtones. La vie peut être simple avec des gens si accueillants (ça remet l’âme en place, non?). N’avez-vous pas eu envie d’y rester? D’accord le passge obligé au Temple (ne sont-ils pas protestants ou sanitos ou ???…il y a tellement de drôles de religions!) vous a peut-être dissuadés! Les voix sont-elles magnifiques?
Bref, très très grandMERCI!
Vous parlez quand même assez peu du sous-l’eau et des myriades de poissons tous plus beaux les uns que les autres…pas intéressant?
Je vous embrasse.
Merci Tribouline,
Contents que ça t’ai plu, un ou deux articles similaires devraient bientôt voir le jour 😉
Il y a aussi des arbres à pain là-bas, le fruit est appelé le ulu, le -l- a dû se raccourcir dans le voyage, à moins que ce ne soit l’inverse ?
C’est vrai que c’est tentant de s’y installer pour quelques temps, mais cette fois ci on avait déjà un billet retour… Côté religion ils sont en grande majorité catholiques sur les Samoa, mais on n’a peut-être pas saisi toutes les subtilités de ce côté-là.
Pour ce qui est des fonds marins on devrait en parler dans l’article sur Ofu, l’ile est beaucoup plus sauvage et les coraux plus incroyables encore !
Patiente donc 😉
A bientôt !
Un régal de lire votre aventure. Votre écriture est très immersive et les photos qui dépeignent vos histoires nous donnent l’impression d’être à vos côtés. Un vrai voyage par procuration ( et un pincement au cœur de ne pas être venu vous retrouver là-bas). Votre naturel et votre simplicité vous rend accessible et vous permet d’entrer dans la vie des autochtones. C’est une très belle façon de voyager et vous l’incarner avec brio.
PS: Je vais demander une augmentation pour pouvoir voyager avec vous l’année prochaine !
Merci pour ton message Jess, ça fait zizir !
Maintenant qu’on est redevenu des citadins en manque d’air frais on ne rêve que d’y retourner… Ca serait top si vous pouviez nous rejoindre pour un petit moment !
Si ce n’est pas l’année prochaine en Asie (à 5;), il faudra qu’on s’organise un voyage à notre retour en France -on risque d’en avoir besoin-
Pourquoi pas Madagascar ?