Durée : 6 jours
Distance : 79 km
Dénivelé : 6 646 m
Massif : Bromo Semeru – Java, Indonésie
Point de départ : Village de Sukapura, Est Bromo
Coordonnées du point de départ : -7.92107°N, 112.99664°E
Au beau milieu de la ceinture de feu du pacifique, l’île de Java est parsemée de volcans. Ces cheminées à ciel ouvert sculptent le paysage de l’île. Les monts Bromo et Semeru sont certainement parmi les endroits les plus visités de l’île et le panorama du lever de soleil sur le cratère du Bromo a fait le tour de la planète. Malgré ça, il est encore possible de passer plusieurs jours dans le parc national Bromo-Tengger-Semeru en tout tranquillité, loin des foules.
Le mont Bromo se trouve à quelques heures de bus de la ville de Surabaya. Il faut compter une bonne 15aine d’heures depuis Jakarta. Dans les deux cas, la dernière escale obligatoire en transport public est Probolinggo. De là, il y a deux options pour rejoindre les pentes du Bromo, le bus public qui partira uniquement quand il sera plein, ou un transport privé qui permet d’accéder au volcan en 1 heure. La journée avance, et les chances de trouver un bivouac là-haut se font de plus en plus faible ; on opte pour la solution la plus rapide.
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Itinéraire complet
Jour 1
Distance : 5.5 km
Dénivelé + 809 m
Dénivelé – 203 m
Pour monter sur l’arête Nord de la caldeira du Mont Bromo, le sentier classique part des hauteurs du dernier village qui borde le cratère. Il existe un autre chemin, beaucoup moins fréquenté au départ du village de Ngadisari. Le chauffeur essaie de nous convaincre qu’il n’y a rien à voir là où on va, les premiers locaux font de même. Pourtant d’après nos cartes il y a bien un sentier qui part d’ici. La ruelle du village se transforme vite en piste puis s’amincit pour laisser place à une sente plus étroite mais plus agréable. Ça a l’air de continuer comme les cartes l’indiquent.
Le sentier monte dans des champs d’oignons, de pommes de terre et de choux, le tout cultivé sur des pentes parfois très raides. Les nuages nous engloutissent quelques minutes avant le coucher de soleil. A la tombée de la nuit on croise un villageois qui explose de rire en nous voyant. Visiblement ça ne doit pas être commun de croiser des touristes ici. Pour marquer cette rencontre il nous demande un selfie avec lui, (premier d’une longue série).
Arrivée au sommet du mont Wonotoro de nuit, on se dégote une toute petite parcelle de terre non cultivée où l’on monte la tente.
Jour 2
Distance : 14.6 km
Dénivelé + 1 376 m
Dénivelé – 1 294 m
Réveil à 4h30 pour ne pas rater le lever de soleil. La première vue sur le Mont Bromo fait forte impression. Fidèle à sa réputation, une épaisse fumée se dégage de son centre. On plie tout notre matos et on se met en route. L’objectif est de suivre la ligne d’arête sur une quinzaine de kilomètres. A notre droite, les vallées en pente sont cultivées jusqu’au dernier centimètre carré, à gauche le mont Bromo fume toujours autant et le mont Semeru lâche des pets de fumée au loin.
Pour rester le plus possible au bord de la caldeira, notre itinéraire nous fait passer dans les champs cultivés. Il est encore tôt et des personnes sont déjà à l’oeuvre à préparer la terre et à semer. Les gens sont à la fois étonnés et amusés de nous voir ici… On essaye d’échanger quelques mots en gesticulant des mains mais on arrive pas franchement a communiquer, c’est plutôt marrant. On retrouve par moment une piste de terre qui nous permet d’avancer plus vite. Plus de 6h se sont écoulées depuis le petit dej, on espère pouvoir s’offrir un Nasi Goreng (riz frit avec parfois quelques légumes) en arrivant au belvédère, réputé pour le lever du soleil sur le Mont Bromo.
On arrive au milieu d’un amphithéâtre de béton encerclé par des antennes relais. Il y a bien quelques boutiques mais toutes ont l’air fermé, l’endroit est désert. On ne perd pas espoir et on se met à chercher. A force de sillonner les rues vides, on croise un habitant qui sort de chez lui et nous ouvre sa boutique. Soulagés de savoir qu’on aura finalement le droit à notre plat préféré, on demande au patron le menu. Il nous sort deux sachets de nouilles et nous montre sa cuisine. Visiblement si on a faim, c’est à nous de préparer le repas.
Il nous allume la gazinière et on finit par se faire un bol de Mie Goreng improvisé avec quelques œufs et du riz. Pendant qu’on cuisine il nous apprend qu’il y a tous les jours minimum 200 à 300 personnes pour le lever de soleil, on a du mal à l’imaginer. On se refait un ravitaillement en eau et on continue notre route le ventre bien rempli.
Plus loin on croise deux gardes-parc. Pour l’instant nous n’avons payé aucune entrée, on s’attend donc à devoir le faire. Finalement ils seront plus intéressés par savoir d’où on vient et se prendre en photo avec nous. Il commence à se faire tard. On continue toujours sur l’arête, à l’Ouest du Bromo, de nouveau sur une partie de la caldeira plus sauvage. Après quelques centaines de mètres de marche sur une toute petite sente, on se dégote une plate-forme avec vue, plutôt confortable.
A peine les sacs posés, les nuages commencent à lâcher quelques grosses gouttes qui se transforment vite en douche tiède. On monte rapidement la tente pour se mettre à l’abri. Finalement ça durera une bonne partie de la nuit.
Jour 3
Distance : 9.6 km
Dénivelé + 762 m
Dénivelé – 755 m
Le lendemain, une fois que les derniers nuages s’évaporent il fait grand beau. On repart en longeant la partie Ouest de la caldeira. Le sentier est facile à suivre mais on décide de le quitter pour filer droit dans la pente herbeuse et rejoindre le plancher de la caldeira. Un bassin alimenté par une petite source claire (signalé par un drapeau) se trouve à quelques centaines de mètres des premières pentes. Ça tombe vraiment bien, on commençait à être à sec. On stérilise quelques bouteilles avant de se remettre en route.
Sur le plateau, le sol est aride et sableux. En toile de fond, les monts Batok et Bromo ajoutent une touche dramatique au panorama. Il est possible de monter sur le mont Batok en suivant un drapé jusqu’au sommet. Au fur et à mesure de la montée, un paysage désertique contrastant avec le vert des forêts aux alentours vient se découvrir sous nos pieds. L’arrivée au sommet est impressionnante. On domine toute la caldeira. Le mont Bromo juste en face laisse échapper d’énormes volutes de fumée soufrée.
Après avoir fait le tour du sommet, on descend de l’autre côté pour ensuite monter au belvédère au-dessus de la bouche béante du mont Bromo. Il est tard dans la journée et à part quelques locaux, il n’y a que nous. Des villageois enjambent la barrière pour descendre dans le cratère y jeter quelques offrandes. On contourne le cratère par le côté Ouest sur une arête saillante. Le gouffre d’un côté et les vallées désertiques de l’autre donnent une perspective hallucinante. On continue jusqu’à se trouver sur le premier petit sommet entre les trois cratères, offrant un super spot de bivouac.
Jour 4
Distance : 22.3 km
Dénivelé + 1 523 m
Dénivelé – 1 627 m
Aujourd’hui on espère rejoindre la route au Sud du parc pour aller au village de Ranupani. La sente sur laquelle on s’aventure est de plus en plus discrète. On traverse le mont Widodaren pour rejoindre le mont Watangan. De là, on découvre un nouveau paysage de l’autre côté du cratère, au Sud du Bromo, incroyablement plus vert. A partir de ce sommet il n’y a plus de sentier qui descend dans la vallée, une belle sente relie le mont Kursi mais c’est la direction opposée.
Finalement on ira au plus court en coupant à travers des herbes hautes. Par moment on devine sous nos pieds un semblant de sente qu’on essaye de suivre en espérant aller dans la bonne direction. On finit par arriver sur la piste au Sud du parc, les chaussures pleines d’herbes et de graines en tout genre. Le contraste entre les deux côtés de la caldeira est saisissant. Il y a même quelques fougères arborescentes. La piste en terre battue se transforme en une route bétonnée moins sexy.
On décide de grimper derrière deux motards pour nous épargner une longue portion goudronnée jusqu’à Ranupani où on trouvera un petit “resto” pour manger un Nasi Goreng qui nous manquait tant.
L’accès au départ du sentier qui gravit le mont Semeru se trouve au Sud du village. Cette partie de l’itinéraire est plus fréquentée. Ce sont en grande majorité des indonésiens qui usent de la semelle ici. Vous suivrez une sente assez large jusqu’au lac Kombolo. Elle sillonnera à flanc de vallée dans une forêt épaisse où se côtoient bambous et fougères arborescentes. On sera accompagnés toute le montée par les bruits d’oiseaux. Le long du sentier, des petites échoppes offrent boissons, tranches de pastèque et nourriture locale. Deux belles découvertes : le Tahu et Sambà Petis: un soufflé aux vermicelles sur lequel on vient étaler une sauce pimenté. Un régal !
On arrivera un peu avant le coucher de soleil au lac Kombolo. Une petite dizaine de tentes sont déjà installées au bord du lac mais l’autre rive offre quelques emplacements plus intimes.
Jour 5
Distance : 8.5 km
Dénivelé + 1 466 m
Dénivelé – 205 m
On commence la journée par longer le lac pour retourner sur le sentier. Au camping tout le monde est déjà debout. Un bon groupe d’Indonésien s’affaire à tout ranger aussi. On passe encore pour des “stars”, les selfies sont aux rendez-vous. La deuxième partie du sentier traverse tout d’abord un replat aux herbes dorées avant de s’enfoncer dans la forêt.
Le début de l’ascension du cône se fait aisément, au travers d’une belle forêt, ça se complique par la suite. Pour avancer, il faut se débattre dans une semoule volcanique, à chaque pas, on recule de 20 cm. Derrière nous, la vallée se fait parfois envelopper dans d’épais nuages blancs nous offrant cette ambiance si particulière des randonnées au-dessus des nuages. Là-haut, on se fait coucher par les rafales de vent mais le panorama est spectaculaire quand les nuages ne s’accrochent pas. Il n’est pas très tard alors on pose tout et on se met au travail pour monter un mur de pierre.
On plante la tente en veillant à bien ancrer les sardines. Les nuages se seront installés pour la nuit au sommet et nous forcent à l’intérieur de la tente. On ne le voit pas mais on sent et on entend que le cratère est juste à côté ; les odeurs de souffre, les rafales qui brusquent la tente et les grondements volcaniques rendent l’ambiance assez mystique.
Jour 6
Distance : 18.5 km
Dénivelé + 680 m
Dénivelé – 2 222 m
Le réveil pique un peu, la tente se sera faite secouée toute la nuit. On est en plein brouillard, on décale alors l’alarme. Une heure plus tard, la météo ne se sera pas arrangée mais on ne sera plus seuls au sommet à subir les bourrasques. Les premiers arrivants se prennent en photo devant le drapeau indonésien pendant que d’autres trouveront refuge au pied de notre tente. Finalement après plusieurs heures à attendre, on se retrouve de nouveau quasi seuls. Les nuages auront finalement décidé de décamper nous laissant enfin découvrir les alentours.
L’idée est de descendre de l’autre côté du Semeru pour rejoindre la route au Sud en passant par l’une des coulées pour finir dans un lit de rivière. On longe l’arête entre le Mahameru et le Semeru pour aller voir de plus près le fond du cratère d’où viennent les grondements. Il ne faudra pas plus de quelques minutes à attendre au-dessus du cratère pour que la première explosion se produise. Grandiose ! Un gigantesque amas de fumée se dégage du fond du cratère rocheux dans un bruit assourdissant. On adore. On attendra là un bon moment pour assister à plusieurs séquences de ce spectacle.
On part chercher un endroit pour descendre les 3000m de dénivelé. Les pentes Sud du volcan Semeru ne sont pas franchement propices à l’exploration. Sous nos pieds, un enchainement de pierriers très raides et de petites barres rocheuses finiront par nous décourager. On décide de faire demi tour. Finalement, la descente du Mahameru s’avérera un jeu d’enfant s’il fallait la comparer à la montée de la veille. Genoux fléchis, on plante les talons et c’est partie pour 40 minutes de ski-semoule. Dans notre descente on croisera encore quelques indonésiens étonnés et amusés par notre technique. On envie certains qui sont équipés de guêtres.
Arrivés en bas on vide les chaussures pleines de cailloux et on s’enfonce de nouveau dans la forêt. Sur notre retour, on croisera des dizaines de petits groupes de jeunes indonésiens en vacances. On s’amuse à les voir préparer leurs téléphones à notre approche. On n’échappera pas aux plusieurs séances photos. De retour au camping du lac Kombolo, on se prend un café et on décide de faire varier notre itinéraire pour rentrer sur Ranupani. Quelques centaines de mètres au Nord du lac, un sentier qui ne figure pas sur les cartes se dirige vers la vallée Ouest. On verra bien où il nous mènera.
Au milieu d’une pampa dorée on croisera un indonésien d’un certain âge mais en grande forme. Sans échanger un mot dans la même langue, il arrive à comprendre qu’on cherche à rejoindre les faces Sud du Semeru, et nous à comprendre qu’il essaye de nous en dissuader. Il y arrivera. Il nous accompagnera jusqu’à un col d’où on pourra rejoindre le village de Ranupani. Arrivés au village, on se fait guider par les locaux jusqu’à la station des jeeps, seul moyen pour quitter le parc depuis Ranupani. Il faudra échanger la jeep pour un mini bus à Tumpang puis prendre le bus public depuis Malang pour rejoindre Surabaya.
2 Comments
Bonjour Alexandra,
C’est toujours un très grand plaisir de vous suivre au travers du monde. Merci de nous en faire profiter avec vos films, photos et commentaires!
Je profite de ce début d’année 2019 pour t’adresser tous mes vœux les plus cordiaux , à partager bien entendu avec ton compagnon.
Je vous souhaite de continuer à découvrir de nouvelles beautés sur notre planète. Quelles sont vos prochaines destinations?
Bises.
Pierre-Yves
Bonjour Pierre-Yves, on te souhaite également une très bonne nouvelle année. On est toujours autant ravis de te compter parmi nos plus fidèles lecteurs.
Après avoir passé 3 semaines en Indonésie, un mois aux Philippines et un mois au Vietnam, on est sur la route pour le Laos. Nous continuerons nos aventures en Birmanie et finirons par 3 mois au Népal avec quelques petites haltes entre les deux. Le retour dans l’hexagone se rapproche.
À bientôt 😊😉
Alex