Durée : 15/20 jours
Distance : 260 km
Dénivelé + 7 870 m
Massif : Tian Shan – Kirghizistan
Coordonnées du point de départ : 42.14991°N, 79.44654°E
Aux confins du Kirghizistan, à quelques encablures de la frontière Chinoise se trouve la vallée d’Inylchek. Accessible seulement quelques mois dans l’année, c’est une région sauvage et rude qui abrite l’un des plus longs glaciers de la planète. L’aventure fut riche en péripéties avec notamment une petite embrouille avec l’armée locale, soldée par deux nuits dans un camp militaire, sur un petit promontoire avec une vue magnifique sur la vallée.
Il faut compter environ une semaine de marche pour remonter la vallée jusqu’au pied des géants de glace qui marquent la frontière avec la Chine. Il existe un passage par le col de Tyuz qui permet ensuite de remonter au Nord, en direction du camp militaire Echkilitash puis jusqu’à la frontière avec le Kazakhstan. Suivant le rythme de croisière et les variantes d’itinéraire, il faut compter deux à trois semaines de marche.
Un permis est nécessaire pour entrer dans la zone frontalière avec la Chine. Une bonne semaine est nécessaire à son édition, mieux vaut faire la demande en ligne avant d’arriver.
Video
Itinéraire complet
Aucun moyen de transport en commun pour se rendre au début de l’itinéraire, il faut prendre une Jeep jusqu’à At Dzhailoo. Le prix est faramineux pour le pays : 12 000 som (150€). Tant pis, on décide de casser la tirelire. On réserve donc le trajet avant de rassembler deux semaines de provisions au marché de Karakol. La veille du départ, les permis en poche, les sacs sont prêts, les batteries chargées et la motivation à bloc. Le chauffeur nous appelle, la route a été emporté par un glissement de terrain. La seule possibilité est d’emprunter une autre piste qui longe la frontière avec le Kazakhstan, ce qui passe le temps de trajet à 8h et augmente le prix de 5 000 som. La motivation est trop grande pour annuler.
Départ matinal. Kudrat conduit prudemment. Ça change des chauffeurs de minibus. C’est un colosse doux qui n’hésite pas à piler pour nous montrer un oisillon sur le bord de la route. A mi-parcours, les nuages s’écartent et laissent apparaitre un panorama sur d’immenses montagnes au loin qui émergent des steppes. Un troupeau de yaks détalle à la vue de la voiture. Après 6 heures de route, nous arrivons au troisième check point militaire où nous laissons la dernière copie de notre permis.
Quelque chose cloche, le militaire et Kudrat sont engagés dans une vive discussion qui semble contrarier notre chauffeur. Il nous explique avec deux ou trois mots d’anglais à grand renfort de signes et onomatopées qui y a eu d’autres glissements de terrain plus loin dans la vallée. Il est embêté et ne veut pas nous laisser ici, on s’engage pour voir jusqu’où ça passe. Une dizaine de minutes plus tard, la route est effectivement bloquée par un amoncellement de roches et de gravas. Après avoir jaugé le terrain, il tente le coup. On déplace quelques blocs, le moteur gronde et ça passe !! Ovation générale pour notre pilote. Deux minutes plus tard, deux autres éboulements nous barrent de nouveau la route. Même topo : tout doucement, ça passe. Au troisième, une coulée de boue liquide s’est amassée devant la roche. Kudrat est un peu moins confiant. Il lance un « this … problem » avant de s’élancer avec un peu d’élan. On est stoppés net. La voiture est enfoncée jusqu’aux portières. Impossible d’avancer ni de reculer. Aucune chance qu’une voiture ne passe, on est bloqués, comme il faut.
Kudrat semble garder son sang froid. Il part à pied en direction d’une petite ferme (seule habitation à plusieurs kilomètres à la ronde). Il revient quelques minutes plus tard avec une personne en renfort et trois pelles. Sous une pluie froide, pieds nus dans la boue, on commence à peller autour des roues. La boue est très liquide. Le temps de se tourner pour éjecter la pelée dégoulinante, la boue a repris sa place initiale. La voiture repose sur le châssis, les 4 roues tournent dans le vide. De temps en temps, des petites coulées viennent se déverser faisant monter le niveau de quelques centimètres.
Il ne fait pas bon de rester là, mais on n’abandonne pas notre chauffeur seul dans cette galère, alors même si on sait qu’il n’y a aucun espoir de dégager la voiture, on creuse avec lui pendant une bonne heure. Il finit par accepter l’évidence. Trempés, frigorifiés et couverts de boue, on va s’abriter dans la maisonnette d’à côté. C’est rudimentaire, mais le poêle à bois est rouge vif.
En plus de l’hospitalité, nos hôtes nous offrent le repas : du pain fait maison et du beurre battu à la main. On y ajoute notre contribution : quelques légumes et un petit pot de miel qu’on avait prévu pour le repas du départ. La soirée sera joyeuse. Ils s’épuiseront à essayer de nous apprendre en kirgi et en russe chaque objet qui compose notre table. La pluie continue de tomber. Au milieu de la nuit, un ami de Kudrat arrive de Karakol pour le tirer d’affaire. Ils réussissent à tirer la Jeep de son bourbier, mais à force de faire patiner les roues deux pneus sont crevés. Avec une seule roue de secours, Kudrat est bloqué ici et doit attendre de l’assistance pour faire demi-tour.
Partie 1 : Eboulements et embrouilles militaires
Distance : 80 km
Dénivelé + 1 920 m
Dénivelé – 1 380 m
Le lendemain, plus d’électricité ni téléphone. D’autres glissements de terrain ont certainement arraché la ligne plus loin. Il ne pleut plus, on décide de partir à pied. Il va falloir économiser la bouffe, la coupure rajoute entre deux et quatre jours de marche. On y va quand même. Plus loin, les éboulis sont nombreux, certains énormes. Par endroit, la route est complément arrachée. Même avec toute la bonne volonté de notre ami Kudrat, on n’était pas près de passer…
Après plusieurs heures, on arrive à la ville d’Inylchek qui donne à voir un spectacle étrange. La ville a été déserté, les bâtiments sont éventrés, les fenêtres éclatées et la végétation reprend ses droits sur le béton. Des grandes barres d’habitat collectif en construction ont été abandonnés avant la fin des travaux. L’ambiance est assez lugubre, évidement on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il est arrivé à cette ville. On apprendra par la suite qu’une mine d’étain a employé jusqu’à 5000 personnes. C’est autant de familles qui vivaient dans cette ville isolée du reste du monde. Avec la chute de l’URSS, la mine a fermé. Il reste quelques dizaines d’habitants qui occupent la rue centrale, l’un deux a une vieille Lada de l’époque soviétique. On lui demande de nous avancer dans la vallée jusqu’au camp militaire de At Dzhailoo, la fin de la piste où nous devions commencer la rando, une trentaine de kilomètres plus loin dans la vallée. Il accepte contre 3 000 som.
Vu le poids des sacs, on est franchement contents de ce petit coup de pouce sur lequel on ne comptait plus. À peine dix kilomètres plus loin, on arrive à un premier checkpoint. La barrière est ouverte, mais un militaire arrive en courant pour la refermer devant nous, il est bientôt rejoint par d’autres. Notre chauffeur s’arrête. S’en suit un échange bref. Les militaires auraient expliqué qu’il y a eu un glissement de terrain. Ils ont pour consigne de ne laisser passer aucune voiture. Le sort s’acharne.
Tant pis, on s’était déjà fait à l’idée qu’il nous faudrait rajouter ces deux jours de marche. On envoie à notre chauffeur l’un des trois mots kirgiz que l’on connaisse
«Ok, pishkam. » (Ok, on marche)
Il discute avec les militaires.
« Niet »
Comment ça niet ?
« landslide,… niet machina, niet tourist. »
On est abattus. Ce parcours devait être le dernier gros itinéraire engagé du voyage. Il a demandé plusieurs jours de planification et coûté une fortune de Jeep. Et puis, faire demi tour pour aller où ? La vallée est coupée par 5 éboulements, elle risque de ne pas être ouverte pour des semaines, il nous faudrait deux jours pour retourner à la Jeep sortie du bourbier mais Kudrat ne sera certainement plus là. Aucun réseau pour le prévenir. Aucun village à moins de 200 km dans la direction d’où l’on vient. La seule possibilité est de continuer sur l’itinéraire prévu pour trouver un échappatoire vers le Nord pour atteindre la route au niveau du camp militaire de Karkara, à la frontière avec le Kazakhstan.
Les militaires n’en démordent pas, interdiction formelle de passer.
Dégoutés.
L’endroit où est implanté le checkpoint est joli. C’est un fond de vallée plat, tout en pelouse, beaucoup plus intéressant que la ville fantôme d’où on a pris la Lada qui nous a amené ici. Quitte à être bloqués, autant que ce soit ici. On fait demi tour dans la voiture sur quelques centaines de mètres pour s’arrêter aussitôt hors de vue de la tour de guet qui domine le camp. Pour la première fois depuis le début du périple, on est bloqués, sans plan B, sans pouvoir avancer ni reculer. On monte la tente.
Plus on y pense, moins on arrive à voir une autre solution que passer outre l’interdiction militaire et continuer à avancer en contournant le checkpoint… Le camp est bien situé, il occupe tout l’espace entre les falaises et le torrent, bien trop puissant pour essayer une traversée (chose peu connue, mais les torrents sont parmi les éléments les plus mortels en montagne, et on tient beaucoup à la vie). Deux options s’offrent à nous. Passer par le bord du torrent, au pied du mirador ou par les crêtes. On opte pour la première solution, alors on se couche tôt pour viser un départ avant l’aube.
À 4h du mat’, la tente est pliée et les sacs sont faits. Deux heures avant le lever de soleil, la nuit est encore noire. En haut du mirador, un énorme spot orientable dirige son faisceau sur l’hélicoptère du camp. La phase d’approche est assez aisée, bien masqués par les buissons. On avance sans bruit. Arrivés à une centaine de mètres du camp les choses se corsent. Plus aucune couverture. Tous les buissons ont été brûlés, et on dirait que le terrain a été aménagé pour ne pas offrir la moindre planque. La rivière fait un lacet au niveau du camp, nous obligeant à passer au pied du mirador. L’aube commence à blanchir l’horizon, la pression monte. On scrute le camp à la recherche de la moindre activité. Aucun mouvement. Le spot halogène est allumé mais immobile, difficile de dire avec certitude s’il y a ou non un guetteur dans la tour. La pression monte.
On doit avoir une grosse centaine de mètres complètement à découvert avant les prochains buissons de l’autre côté du camp. On y va.
On marche aussi discrètement que possible, mais sans traîner le pas pour diminuer le temps d’exposition, le tout en essayant de garder une démarche assez naturelle au cas où on se fasse choper. Vu d’un œil extérieur, la scène doit être hilarante. Nous, on est un peu en panique.
On passe au raz du camp. Rien ne bouge. Ca passe sans problème. Les buissons nous protègent à nouveau de l’autre côté du camp. Le soleil sort une fois qu’on se trouve hors de vue du mirador. Mission accomplie. Enfin, pour le moment.
Nous sommes maintenant clandestins dans la vallée, et il y a de fortes chances pour que des convois militaires empruntent la piste pour rejoindre la zone du glissement de terrain. Mieux vaut éviter de les croiser. Toute la journée, on prendra soin de rester le moins visible possible de cette piste, il faudra parfois faire des détours peu commodes dont on aurait pu se passer vu le poids des sacs. Quelques véhicules passeront, sans nous repérer.
Nous sommes à quelques mètres au dessus de la piste lorsque les deux derniers arrivent à toute berzingue. On ne les a pas entendus et on n’a pas pu anticiper. On se jette dans l’herbe à plat ventre, on ne bouge plus. Les deux voitures passent à fond sans ralentir.
On finit par arriver au niveau de la coupure de la piste. Effectivement, aucune voiture ne passe mais à pied c’est un jeu d’enfant. On est maintenant proches d’At Dzhailoo, la fin de la piste d’où nous devions commencer la rando. Vu que la piste est coupée, le camp a certainement été évacué. Il ne devrait plus rester personne dans la vallée, on se remet à marcher sereinement sur la piste.
En arrivant en vue du camp il nous semble distinguer une ombre. On s’arrête quelques instants, puis c’est trois personnes qui sortent d’une petite maison. On est à quelques centaines de mètres, en plein milieu de la piste. Ils nous ont probablement déjà repéré. On prétend une pause ; s’ils nous ont déjà vu on préfère jouer la carte des randonneurs paumés que de jouer au chat et à la souris avec les militaires. Un d’entre eux s’avance sur la piste dans notre direction, le fusil en bandoulière.
Très amical, il nous salue et se présente, Askar. Il nous demande en russe nos noms, d’où l’on vient et où on va, avant de nous demander nos passeports. On s’exécute, agréablement surpris mais un peu méfiants. On lui montre également nos permis d’entrée sur la zone frontalière dont il semble se moquer éperdument. On essaie tant bien que mal de lui expliquer notre itinéraire, il nous demande de le suivre en direction du camp. C’est mal barré. D’autres militaires sont sortis, il y en a qui arrivent à cheval de plus haut. La vallée est loin d’être vide. Il y a deux types d’uniformes : les treillis verts que l’on croise depuis qu’on est rentrés dans la zone militarisée, mais il y a aussi des militaires tout en noir qu’on n’avait pas encore vu, plus lourdement armés et protégés de gilets pare-balles.
Askar discute avec le reste du groupe. La discussion est animée et prend un certain temps. Ils tentent une liaison radio (certainement avec le checkpoint précédent) visiblement sans succès. Tant mieux pour nous. Après délibération, ils nous demandent de nouveau de faire demi-tour. On feint la surprise, pourquoi devrait on faire demi tour maintenant qu’on a passé la coupure ? De nouveau, on explique notre projet, notre itinéraire, nos réserves de nourriture, etc.
-Niet… terrorist ! En disant cela l’un des militaires en noir mime un pistolet avec son index montrant le fond de la vallée.
-….
Ils ne savent plus quoi inventer !! Ils devinent à notre grimace que nous ne croyons pas à ce nouveau prétexte pour nous empêcher de passer. Alors l’un deux sort son téléphone et nous montre une photo morbide de deux cadavres dans de grands sacs blancs tachés de sang. Un double meurtre a eu lieu exactement ici, deux jours plus tôt. Il nous explique que le terroriste s’est enfuit plus loin dans la vallée avec une arme. Sans les glissements de terrain qui ont stoppé la Jeep l’avant-veille, nous aurions dû arriver ici même le soir du meurtre.
-Please, don’t go.
Cette fois ci on y croit, et ça nous calme pas mal. Faire demi-tour nous est toujours impossible alors on fait un marché avec les militaires. On plante la tente sur le petit promontoire au centre du camp et on laisse passer quelques jours. S’ils retrouvent le terroriste on continue notre rando, si non, on rentrera avec un des convois militaires à Karakol.
Les deux jours suivants nous verrons donc chaque matin une trentaine de militaires partir à cheval à la recherche du fugitif. Ils pensent qu’il a traversé la rivière pour sortir de la vallée en direction du Kazakhstan. Le lendemain des nouvelles troupes arrivent du fond de la vallée. L’un des militaires en noir fraîchement débarqué parle quelques mots d’anglais. Il nous explique faire partie d’une unité de l’armée dédiée aux affaires criminelles et nous en apprend un peu plus sur la situation..
L’homme en fuite n’est pas vraiment un terroriste. Ce serait un porteur d’un groupe de trek qui s’est embrouillé avec l’équipe de gestion du camp, à priori à base de Vodka. Ce n’est donc pas un terroriste qui se cache dans la vallée pour zigouiller des touristes, mais un mec paumé en fuite, certainement déjà loin… Dans tous les cas on est toujours tenu par notre deal avec l’armée. Il faudra attendre deux jours de plus pour qu’ils nous laissent finalement continuer, après avoir trouvé des traces de pas plus bas dans la vallée, de l’autre côté de la rivière.
Ils ne mettront jamais la main sur le fuyard, le rapport officiel faisant état d’une probable noyade dans le torrent qui nous avait fait peur pour éviter le checkpoint : https://24.kg/english/135609_Murder_in_Issyk-Kul_region_Police_drop_search_for_suspect/
Nous sommes enfin libérés et on peut reprendre la piste pour remonter la vallée! C’est ici que la Jeep aurait dû nous déposer 4 jours plus tôt, il va donc nous manquer 4 jours de bouffe. Tant pis, on rationnera. Après toute l’énergie déployée à pouvoir fouler enfin ce glacier, ce n’est pas le manque de nourriture qui va nous arrêter. Nos hôtes militaires, avant de nous relâcher, nous avaient conseillé de donner toutes nos provisions au cas où notre route croiserait celle du fugitif. L’idée qu’il est peut-être encore dans la vallée reste dans le coin de nos têtes.
Il nous reste encore entre un et deux jours de marche avant de rejoindre le glacier. Avant d’y arriver, on traverse à plusieurs reprises des bras de rivière d’eau de fonte. Il faut s’enfoncer parfois jusqu’aux hanches dans une eau glaciale dont le débit emporte des caillasses qui roulent sur les pieds nus. Ça pique…
Au pied du glacier, la rivière se fait engloutir par des monticules de roches charriés des hauteurs de la vallée sur un glacier couvert de gravas. Au détour d’un ruisseau, on tombe sur le premier camp de la vallée. Quelques tentes sont installées au pied du pic Nansen, hors de portée des séracs qui s’écroulent régulièrement de la face Nord. Au total, 5 camps intermédiaires sont échelonnés sur l’itinéraire jusqu’au camp de base du Khan Tengri et du Pobeda, tout au fond de la vallée.
À partir du premier camp, l’itinéraire se fait en aller-retour. Une bonne partie des réserves de bouffe restera à l’abri sous un rocher. Ça fait déjà près d’une semaine qu’on tape dans les stocks alors qu’on aurait dû arriver ici en un ou deux jours. C’est certain, on va avoir faim. Pour autant, on n’abandonne pas l’idée de remonter le glacier. On sépare les 10 jours de ration qu’il nous reste en deux sacs. Il devrait nous falloir une semaine pour aller et revenir du fond de la vallée, et une semaine pour rejoindre le village le plus proche, au Nord en direction de la frontière Kazakhe.
Le tracé de l’aller n’est pas idéal. À chaque jour son lot d’erreurs. Pour les trois premiers kilomètres, les deux possibilités se valent à peu près. Il est possible de remonter sur le glacier en restant au fond de la vallée comme on l’a fait à l’aller, ou sur le flanc Sud comme on le fera au retour. Juste après la première jonction de glacier nous avons pris de la hauteur en montant sur une sente marquée de cairns, malgré l’indication « STOP » peinte sur un rocher. Très bonne leçon sur les limites des cairns, ces petits tas de cailloux auxquels on accorde parfois une confiance aveugle.
On le regrette peu de temps après : des glissements de terrain ont emporté la sente et une fois là-haut il n’y a plus d’autre option que de suivre une traversée à flanc dans un pierrier fin, trop raide, pas top. Certains passages sont un peu tendus. Mieux vaut rester plus bas sur les abords du Glacier (en suivant la trace GPX retour). Après quelques centaines de mètres, les cairns indiquent un passage pour rejoindre une vire enherbée à flanc après la zone d’éboulis. On pose le camp sur un petit replat en balcon au dessus du glacier dont on commence tout juste à imaginer la taille.
Il s’avère que nous avons posé la tente à quelques mètres du second camp que l’on découvre en cherchant de l’eau. Le gardien, étonné de voir deux touristes nous lance : « where is your guide ? ». Ce sont presque ses seuls mots d’Anglais. Lorsqu’il comprend que nous sommes seuls, sans groupe, guide ni porteurs, il fait immédiatement chauffer de l’eau pour le thé qu’il nous servira accompagné d’une montagne de biscuits. D’après le planning qu’il nous montre, nous avons de la chance d’être seuls. Des groupes de randonneurs sont attendus dans les jours qui viennent, son rôle semble être de s’assurer que le camp soit en ordre pour les recevoir. On passera tous les trois la soirée dans la tente principale du camp, à jouer aux cartes dont les règles du jeu sont expliquées en langue Kirghize ou Russe. Autant dire qu’on ne comprend pas grand chose de ce qu’il se passe, mais on rit beaucoup.
Partie 2 : Le glacier sans fin
Distance : 41 km
Dénivelé + 2 180 m
Dénivelé – 1 245 m
On abandonne le camp en promettant à notre ami qu’on passera le saluer au retour. Un chemin facile à suivre nous amène rapidement au camp 3 où on s’offre le luxe d’un repas simple mais qui change de notre croute de pain qui commence déjà à moisir. À partir de cet endroit, plus de chemin. Il faudra composer directement avec le chaos de roche et de glace de la vallée. Environ trois kilomètres après avoir quitté le camp, il est possible de regagner un petit replat en balcon sud de la vallée.
Dans cette vallée de plus en plus abrupte et minérale, on découvre une dernière petite ile herbeuse qui invite à la détente. Il y a des centaines d’Edelweis. On partage l’endroit avec quelques familles de marmottes et un groupe de bouquetins. Certainement peu habitués à la présence de l’homme, ils prennent leurs distances mais gardent un œil sur nous depuis la crête, quelques centaines de mètres au dessus. La hauteur permet de dégager une vue sur une vingtaine de kilomètres de glacier, une fraction de sa longueur totale.
Si on a pris la peine de monter tout notre matos sur ce petit replat, c’est pour essayer continuer à grapiller quelques centaines de mètres en direction du sommet. Le lendemain, le mauvais temps nous oblige à passer la journée dans la tente. La faim commence à se faire sentir, mais il faut rationner en fonction de l’effort. Impossible de tuer l’attente en grignotant.
Après une nuit ventée, notre patiente sera récompensée. Peu avant l’aube, le ciel d’un violet uniforme est vide de nuage. On décolle avant que le soleil ne perse. S’il faut marcher sur la neige mieux vaut arriver en haut avant qu’elle ne ramollisse trop. On atteint assez rapidement le fil de l’arête qui permet de rejoindre le sommet, un peu plus aérien que prévu. Il faut mettre un peu les mains, mais ça passe.
Arrivés au premier faux sommet, le glacier se dévoile encore un peu plus. Alimenté par plusieurs vallées glacières, il est rayé de bandes noires sur lesquelles les rochers effondrés en amont sont envoyés doucement vers le fond de la vallée.
Une petite pente exposée en neige dure nous empêche d’aller plus loin. On est déjà bien ici, pas la peine de prendre des risques inutiles. La météo est particulièrement clémente, la tente n’est pas loin dessous et le paysage incroyable. On profite.
Après une troisième nuit sur le tapis d’Edelweis, on continue à remonter la vallée, et on continue les erreurs d’itinéraire. Pendant quelques kilomètres, on s’obstine à suivre le tracé que nous indiquent les cartes. L’itinéraire traverse un dédale d’éboulis, dont certains semblent récents. On emprunte un tracé mal aisé et exposé aux chutes de séracs qui pendent juste au dessus. Finalement on décide d’abandonner la trace pour s’éloigner des falaises. Bien plus en sécurité, on trouve un terrain plus facile.
On tombe rapidement sur des cairns qui témoignent que d’autres avant nous ont pris la décision de ne pas suivre l’ancien tracé. Il vaut donc mieux descendre directement sur le glacier après le camp 3 (en suivant la trace Gpx du retour). On remonte la valée sur le glacier, en restant autant que possible sur les lignes rocheuses. Par endroit, il faudra changer de « bande rocheuse » en traversant des zones de glace affleurante. L’absence de neige permet de ne pas craindre les crevasses bien visibles, mais ces passages sur glace devraient en toute rigueur être faits avec corde et crampons. Pour la troisième fois en quelques jours, un énorme hélicoptère remonte la vallée. Nous allons bientôt comprendre pourquoi.
Alors que nous nous rapprochons du fond de la vallée, le paysage devient grandiose. Compressé par les milliers de tonnes qui descendent des sommets, le glacier se transforme en océan dont les vagues de plusieurs mètres de haut semblent figées, attendant que le temps reprenne son cours. De part et d’autre de la vallée, les géants de glace observent la scène. Beaucoup culminent à plus de 6 000 mètres, et deux des trois 7 000 du pays sont ici : le Khan Tengri au Nord et le Pobeda au Sud.
A mesure que nous approchons du camp de base des deux sommets (le « south Inylchek base camp »), l’empreinte de l’homme devient visible. D’abord ce sont des petits drapeaux plantés ça et là pour marquer l’itinéraire à suivre pour rejoindre le camp. Rapidement, des déchets en tout genre viennent confirmer la présence de touristes dans la zone. Il y en a pour tous les goûts : papiers plastiques, conserves éventrées, cannettes de bières et bouteilles de Vodka éclatées. Jusque-là, les camps intermédiaires nous paraissaient plutôt corrects, en dehors de la pollution visuelle des tentes jaunes, ils restent relativement sobres et propres, presque mignons. Celui-ci nous fait nettement moins bonne impression. En plus des déchets, le bruit du générateur allumé en permanence signale la présence du camp et brise la quiétude du lieu. Les tentes sont éparpillées, certaines éventrées semblent laissées à l’abandon. Une cinquantaine de personnes occupe les lieux. Beaucoup sont venus en hélicoptère pour passer quelques heures ou quelques jours dans le camp avant de repartir de la même manière. Quelques alpinistes sont ici pour en découdre avec les sommets. Eux aussi sont venus en hélicoptère. Nous aurons une discussion agréable avec l’un d’entre eux, très modeste dans sa manière de présenter sa démarche mais certainement très balèze, il fait partie de l’équipe nationale d’alpiniste d’Ouzbékistan. Il devrait ouvrir une voie pour le Khan Tengri avant de monter sur le Pobeda, beaucoup plus difficile d’après lui.
Partie 3 - Au pied des géants
Distance : 65.3 km
Dénivelé + 2 410 m
Dénivelé – 2 290 m
Depuis notre bivouac sur la branche sud du glacier, on s’offre une petite sortie jusqu’à un sommet sans nom, quelques centaines de mètres au dessus du fond de la vallée qui mène au Pobeda. C’est l’un des rares sommets accessibles sans crampons. On observe depuis un bon moment cette ligne rocheuse. Elle monte jusqu’à une belle petite pointe qui offre un point de vue aérien. Les deux glaciers qui descendent du Khan Tangri et du Pobeda fusionnent et descendent des quantités de glace phénoménales au pied de la vallée.
L’arrivée du mauvais temps nous oblige à redescendre de notre perchoir avant que les choses ne se gâtent. Les bancs de brouillard arrivent en même temps que nous remettons les pieds sur le glacier. La tente est déjà montée, il n’y a qu’à se replonger dans les duvets en attendant le lendemain. Dès le milieu de la nuit, les nuages s’ouvrent et laissent la place aux étoiles. Vu l’énergie qui a fallu pour arriver ici, on fera un autre petit aller-retour sur la branche du Glacier qui monte en direction du Khan Tangri.
En continuant quelques centaines de mètres vers l’Est nous arriverions en Chine. Ici, pas de poste frontière. Seules quelques crevasses limitent l’accès et nous feront renoncer à avancer plus loin. Une petite couche de neige dure commence à recouvrir la glace et à cacher les crevasses. On s’arrête là. En faisant demi-tour, les nuages nous engloutissent. On ramasse nos affaires au camp de base et on se remet en route. Il est temps de redescendre le long du glacier Inylcheck. Peu de temps après il se met à neiger.
Dès le lendemain, le soleil est de nouveau de sortie. Le fond de la vallée s’est couvert d’un petit tapis blanc immaculé, le retour s’annonce grandiose.
L’itinéraire retour sera sensiblement plus simple qu’à l’aller. Cette fois ci nous restons sur le glacier au fond de la vallée. Au niveau du camp 3, nous apprenons qu’un lac à disparu depuis notre passage quelques jours plus tôt. Chaque année entre le début Juillet et mi Août, le lac de Merzbacher se vide entièrement de ses eaux. Plusieurs milliers de mètres cube d’eau de fonte sont absorbés par le glacier et relâchés plus bas dans la vallée. Bien que la fonte d’un bouchon de glace semble l’explication la plus plausible, le phénomène qui se produit chaque année garde une part de mystère.
Nous repassons proche du camp 2 pour une dernière nuit sur le glacier. Cette fois notre ami est bien occupé. Deux groupes accompagnés de leurs guides se sont installés pour la nuit. Nous sommes invités à prendre le thé avec des beignets fris avant que le repas des deux groupes ne soit servi. On fait la connaissance de Sergeï, un russe qui guide des groupes de randonneurs pendant ces vacances. Dans un très bon français, il nous parle de la vallée, de notre itinéraire et de la médaille du léopard des neiges, remise aux alpinistes ayant réussi l’ascension des 5 sommets à 7000 de l’ex URSS.
Pour lui (qui est guide de haute montagne), ‘les gens sont fous de risquer leur vie pour un sommet’. La nature est là pour qu’on la contemple et non pas pour se mesurer à elle. On s’entend bien. Au matin, le groupe français qu’il accompagne nous invite à partager le petit déjeuner avec eux, un festin. Porridge de riz, fromage, charcuterie… Difficile de rester raisonnable. On rattrape les petites rations des jours précédents. Sur le départ, notre ami Sergueï nous tend un sac en papier rempli de provisions. Il y a des canettes de thon, des briques de jus de fruits, des tomates, du fromages, du saucisson…
Jamais quelques conserves ne nous avaient parues si grand cadeau !
Peu avant l’arrivée au camp 1, le passage des eaux du lac qui s’est vidé en amont a complètement modifié la topographie du bord du glacier. L’étroit goulet tortueux à été comblé par un lit de gravier sur plusieurs mètres de hauteur. Il valait mieux ne pas traîner dans les parages au moment où la vague est passée par ici… On se précipite vers le spot où on avait planqué notre réserve de vivres. Il est tout juste quelques dizaines de centimètres au dessus du niveau de la ligne qui a été submergée. Le talus d’à côté a été arraché. On est passé très près de la grande faim…
Une fois les vivres embarqués, on se met en route pour traverser le glacier, avec les sacs de nouveau bien pleins. Il faut bien l’avouer, on commence à en avoir plein les bottes de ce chaos de gravier qui recouvre le glacier. Vivement qu’on regagne un vrai sentier. Cela fait déjà deux semaines que nous sommes dans cette vallée, on devrait en sortir demain par un petit col facile. Après une nuit sur un petit promontoire herbeux, on commence à remonter les pierriers qui mènent au col. De l’autre côté de la vallée, le Nansen semble s’écrouler en une succession d’impressionnantes chutes de séracs. De gigantesques aérosols de poudre s’élèvent dans la vallée.
La montée au col permet de prendre de la hauteur sur la vallée, une dernière fois avant de la quitter. Quelques plaques de neige font ruisseler un petit filet d’eau sur le col. On profite de l’occasion pour remplir les gourdes avant de continuer vers un petit sommet juste au dessus, histoire de saluer la vallée comme il se doit. D’ici, on voit une bonne partie de cette vallée qui semble n’en plus finir. En partie caché sous des tonnes de gravas, le glacier donne naissance à une rivière dont les bras serpentent sur un lit de graviers.
Partie 4 : Retour parmi les hommes
Distance : 75.3 km
Dénivelé + 1360 m
Dénivelé – 3 379 m
La suite du parcours sera très différente. Une fois passé ce dernier col, la caillasse laisse place à un tapis d’herbe. Après dix jours entourés de roche et de glace, ces pelouses sont un festival de vie. Le moindre insecte ou brin d’herbe est une victoire du vivant sur le minéral. Deux jours de marche plein Nord au travers des prairies du piémont nous permettent de rejoindre un camp militaire isolé qui marque la sortie de la zone frontalière. Chaque jour, la moisissure gagne du terrain sur nos réserves de pain qui deviennent bientôt immangeables.
Un homme sort des deux yourtes au bord de la trace. Il parle quelques mots d’anglais, nos permis sont vérifiés, on s’acquitte des droits d’entrée du parc national dont on sort, pour continuer au Nord vers la frontière kazakhe. Tiesh, le garde parc, nous invite dans sa yourte où nous lui achetons deux bières bien méritées mais surtout du pain frais. Après plusieurs jours de pain moisi, ça n’a pas de prix ! On propose de partager les bières qu’on vient de lui acheter, il refuse, dans une étrange mimique à la fois amusée et mélancolique . «L’alcool rend les gens fous».
On discute du léopard des neiges. Il connait une grotte où le trouver. Il accompagne occasionnellement photographes et naturalistes sur des expéditions à sa recherche… On serait bien resté un peu plus dans les parages.
Tiesh nous accompagne au début de la montée pour retrouver ses chevaux. On le quitte à l’entrée d’un petit canyon qu’il faut remonter pour accéder aux hautes steppes sur lesquelles on vise notre prochain bivouac. De là haut, on profite de la dernière vue sur les sommets du Tian Shan. Ils se dressent comme une muraille infranchissable gardant la frontière avec le voisin chinois. Au lever du jour, les plaines sont baignées d’une lumière feutrée. On jette un dernier regard sur ces montagnes célestes qui nous en ont bien fait baver, avant de continuer notre route toujours vers le Nord.
Les steppes se succèdent, de plus en plus vertes. On redescend progressivement dans une vallée au fond de laquelle plusieurs familles sont réparties dans quelques yourtes. Le retour parmi les hommes fait chaud au cœur. Peu habitués à voir passer des touristes, les habitants nous interpellent. Beaucoup nous invitent à manger, on partage pain, beurre et quelques morceaux de ragoût de mouton. Le ventre plein, on ne pourra malheureusement pas honorer toutes les propositions à partager le repas.
Même si personne ici ne parle anglais, ça fait du bien de se retrouver parmi ses semblables. À mesure qu’on redescend, les yourtes se font plus nombreuses et la piste plus marquée. Au bout de la première vallée, on arrive sur la piste par laquelle on était passés en Jeep. Une douzaine de kilomètres nous sépare du point de chute de l’itinéraire. En se rapprochant du village on croise quelques familles en pique-nique. De nouveau, on nous propose de partager le repas. Alors on s’installe avec eux. Les enfants parlent un peu anglais et traduisent ce que les anciens essayent de nous dire. L’ambiance est détendue, normal : c’est les vacances !
Premier village depuis trois semaines, Karkara marque la fin de l’itinéraire. Au bord de la frontière Kazakhe, un camp militaire est relié au reste du pays par une Marshrutka quotidienne. Ces minibus sont le moyen de transport le plus utilisés. Personne n’est laissé sur la route. A chaque arrêt, les nouveaux arrivants poussent doucement et les passagers se compressent sans rechigner jusqu’à ce que les portes se ferment. Entassés au fond de ce minibus, on se laisse conduire vers la ville de Karakol qui marque la fin de ce périple sauvage certainement le plus intense que l’on ait entrepris jusqu’aujourd’hui.
14 Comments
Toujours un grand moment d’émotions, merci de partager ce beau périple ! Bonne continuation, à bientôt !
Merci Didier,
A bientôt donc 😉
Bande de fous ! merci pour ce beau récit et cette folle aventure =)
Merci Alex !
Salut, je faisais parti du groupe de français guidé par Serguei et que vous avez croisé sur votre retour du CB du Khan Tengri. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire votre récit agrémenté de magnifiques photos.
Samuel
Incroyable !
Merci pour le petit dej du coup ! et bien joué d’avoir mémorisé l’adresse 😉
Vous avez pu monter au sommet que vous aviez prévu au dessus du camp 4 ?
Pas de sommet non, il y’avait beaucoup trop de neige 🙂
Ca fait une bonne raison de revenir 😉
Génial, ça me donne l’envie d y aller. Merci
Faut pas hésiter, c’est une des plus belles balades qu’on ai faite !
Salut,
Merci beaucoup pour ce compte-rendu très détaillé – la video et les photos sont excellentes! Je m’en suis inspiré pour faire le trek aussi le mois dernier, solo et en autonomie. J’y suis arrivé presque au camp de base – je me suis arreté à quelques km avant car j’ai eu du mal à trouver le chemin lorsqu’il fallait traverser la partie de glace blanche (juste avant la morraine qui mène au BC). C’est un veritable labyrinthe làbas! Je m’en veux un peu en voyant vos photos au BC, mais au moins je pouvais voir les géants de KT et Pobeda. Et grace à votre description j’ai aussi pu connaître l’existence du tapis d’edelweiss qui donne une super vue sur le glacier (je suis pas monté aussi haut que vous mais assez pour apprecier l’immensité.)
En tout cas c’est incroyable comme trek! L’un des meilleurs que j’ai pu faire. Et a 250km, le plus long aussi. Du coup j’ai hâte de voir où vos prochains aventures vous amèneront! (Pour ma part je suis inspiré par le Fedchenko maintenant…:) )
Rohan
Hello Rohan,
Désolé, on ne voit ton message que maintenant.
Bravo !!
En solitaire en plus, c’est du solide !
Tu devais être chargé comme une mule !?
C’est vrai que c’est un long labyrinthe ce glacier, surtout dans cette dernière partie assez tourmentée.
Par contre il est chouette hein ce petit balcon de pelouse quand ca fait déjà trois jours que t’as pas vu un brin d’herbe 😉
En tout cas content que tout ça aie pu te servir. Tu as utilisé les tracés GPX ? t’as bien fait gaffe à la diff trajet aller/retour entre le camp 4 et le camp 5 ?
Sinon, ca à l’air quelque chose ce Fedtchenko, on se croisera peut être là bas…
Autrement on a vraiment envie de tenter quelque chose en Pulka, et peut être bien sur le campo de hielo sur qu’on n’avait qu’aperçu de loin depuis O’Higgins
Mais en ce moment, c’est chantier 😉
Salut !
Bravo pour votre périple ! J’espère pouvoir me rendre au Kirghizistan l’été prochain (2022) et réaliser quelques treks en autonomie complète dont le votre qui m’attire beaucoup…Je me permets de vous demander quelques précisions même si votre blog est déjà bien complet :
– Concernant le permis d’accès à Enylchek, vous avez fait la demande au CBT de Karakol en arrivant ou par mail/site internet ?
-Concernant votre trek, tu évoques un trajet différent entre aller et retour entre le camps 4 et 5 : à quel jour cela correspond-t-il sur le points GPX au jour le jour ? Quel est le trajet le plus facile à suivre ?
– Concernant l’alimentation : vous avez fait le plein à Karakol ou Bishkek ? Qu’avez vous trouvé (pâtes ? semoule ? gateaux pour le petit déj ? fruits secs dispo ?) ?
– Pour chauffer de l’eau, gaz ou réchaud à alcool ? Si gaz, on peut trouver des recharges à vis du type MSR à Karakol ?
– Enfin quels sont les températures nocturnes sur le glacier ? Négatives ?
-Globalement trace facile à suivre pour le retour vers Karkara ou pas évidente ? J’hésite avec un retour plutôt vers Jirgalayan ? Des infos particulières ?
Je te remercie !
Je te laisse mon mail pour un contact plus précis si cela ne te dérange pas : zoreil974@gmx.fr
Raph
Hello Raph,
Désolé pour le délai de notre réponse, malheureusement on ne traine plus trop par ici ces derniers temps… :/
Pour répondre à tes questions :
-Il faut faire la demande de permis en ligne. Sinon tu es bon pour attendre une dizaine de jours sur place…
-Pour les tracés GPX, il faut prendre ceux du retour. Globalement il faut rester au centre du glacier et éviter les côtés qui se cassent la gueule. A ne pas suivre à la lettre puisque le glacier a certainement bougé depuis, mais dans l’idée, le plus simple est de suivre les langues de caillasse au milieu du glacier quand tu peux. Sinon en été la glace est affleurante, donc pas de risques de pont de neige, et ca tient plutôt bien.
-Pour l’alimentation, on a fait le plein à Karakol. Tu peux trouver des soupes déshydratées, mais il faut un peu chercher… Attention le pain local moisi assez rapidement. Principalement des Fruit secs, fromage, viande séchée…
-Tu peux trouver des recharges de gaz à l’office du tourisme (ou de teck, je ne sais plus trop le nom, mais c’est l’endroit ou tu récupère ton permis)
-Les températures sont relativement clémentes. Quelques petites gelées en haut de vallée mais de mémoire on n’est pas vraiment descendu trop en dessous de -5
-Pour le retour, on a fait pas mal de hors sentier dans les steppes, mais aucune difficulté particulière dans ce genre de terrain (par rapport à la traversée du glacier…).
Attention aux traversées de rivières, certaines avec un courant assez fort. Si tu arrives à te payer le luxe des quelques grammes de sandales ça peut servir.
Attention au bouchon de glace qui font chaque été et déverse un lac entier dans la vallée, Evite de planter la tente trop près de la rivière en aval du glacier. (ou dans les points bas du glacier).
Tu peux essayer de gratter quelques biscuits / thé sucrés dans les différents camps. On a eu faim malgré ça, alors je pense que sans ça aurait été dur… :/ C’est parfois possible d’acheter un repas sur place, mais ils ne vendent pas de nourriture (réservé pour les groupes de teck) Par contre ils ont du cognac en pagaille qu’ils acceptent de vendre… Si jamais…
Quand pars tu ?? J’espère que notre réponse n’arrive pas trop tard ! S’il te reste des questions n’hésite pas.