Durée : 4 jours
Distance : 44 km
Dénivelé : 2 691 m
Massif : Garibaldi – Canada
Point de départ : Rubble Creek Trailhead
Coordonnées du point de départ : 49.9568°N , -123.1210°E
Sur la côte ouest du Canada, la Colombie Britannique est un territoire sauvage où l’océan semble s’infiltrer dans les montagnes par des fjords tentaculaires. Les forêts de sapins pointus caractéristiques de cette région colonisent les piémonts tandis que les sommets sont souvent recouverts de neige, parfois jusqu’au milieu de l’été. Des glaciers se forment alors, et glissent lentement vers le fond des vallées donnant aux lacs des couleurs saphir.
Partis sous la pluie, on n’a pas pris le temps de regarder les panneaux d’indication au début du sentier. Nous avons appris au retour que le bivouac sauvage n’est permis qu’au cœur du parc provincial. Dans les zones périphériques, comme ici, il faut passer la nuit sur les points de bivouac signalés, à réserver en ligne sur http://bcparks.ca (on trouve aussi sur ce site la délimitation des zones où le bivouac sauvage est autorisé).
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Itinéraire complet
Départ sous la pluie donc. Mais rapidement, le ciel s’ouvre et les rayons de soleil éclairent le sous-bois humide. Un chemin enchaine les lacets pour remonter la vallée jusqu’au lac de Garibaldi. De l’autre côté du lac, la vue s’ouvre sur les sommets recouverts de neige. Le campement principal se trouve en lisière de la forêt. Les nuages reviennent rapidement, nous poussant dans un petit abri au camp pour laisser passer l’averse.
On repart ensuite plein Nord, en direction du Black Tusk où l’on pense passer la nuit. Le sommet est pris dans les nuages, mais on mise tout sur la météo du lendemain. Là-haut, une petite couche de neige recouvre la caillasse. C’est d’ailleurs ce qui nous coutera le sommet. Il faudrait grimper dans une cheminée, mais la neige et la glace ne permettent pas de se rendre compte de la stabilité des prises, dans une roche assez friable, et le brouillard bouche la vue sur la suite du parcours. Ça craint un peu, alors on fait demi-tour pour poser la tente sur une antécime non loin du sommet.
Le lendemain, les nuages sont partis et on découvre le sommet sur lequel on a buté la veille. Il porte bien son nom. Un grand rocher d’un noir profond dépasse au-dessus de la montagne. Ce sont les reste de lave solidifié d’une cheminée de volcan. L’érosion a eu raison du cône volcanique qui s’est délité autour de la roche plus dure de l’intérieur de la cheminée. En tout cas, on n’est pas mécontents d’avoir fait demi-tour. La parcours jusqu’au sommet aurait été franchement exposé, sur une roche friable à moitié prise dans la glace, ça aurait été un peu débile de monter là-haut.
On profite d’un beau levé de soleil sur le bassin qui entoure le lac dont s’échappent quelques nuages qui ne semblent pour l’instant pas inquiéter le ciel bleu. Pourtant, quelques heures plus tard, une chappe de brume s’accroche d’abord sur les sommets puis se généralise sur l’ensemble du massif. Cette fois ci, on vise un bivouac sur la Panorama Ridge, une arête qui surplombe le versant Nord du lac. De nouveau, la neige nous cueille là-haut. Pas de Panorama pour ce soir.
Au reveil, une couche d’une bonne quinzaine de centimètres de neige a recouvert nos traces de la veille, mais pour l’instant, le ciel est vide de nuages. On est rejoints par deux jeunes canadiens venus pour le lever de soleil. Ils pataugent dans la neige avec des petites chaussures de toile et n’ont qu’un petit pull sur un T-shirt. On leur prête quelques plumes et on refait un tour de café chaud qu’ils accueillent avec un grand enthousiasme. Ils nous expliquent qu’ils ont passé la nuit plus bas dans un hamac avec un petit duvet, sous la neige.
Ils n’ont pas fermé l’œil et se sont décidé à commencer à monter avant les premières lueurs pour éviter de finir gelés. On fait un troisième tour de café.
Après avoir bien profité de l’endroit, on plie le camp pour descendre vers la forêt, en plein débâcle. Comme une sensation de déjà-vu, le ciel se charge progressivement dans l’après-midi. De retour au niveau du lac, on décide quand même de rajouter une petite excursion au sommet du Mont Price, au Sud. Une magnifique petite sente sillonne la forêt en direction du sommet. Le ciel continue de s’assombrir. Finalement, la neige commence à tomber en milieu d’après midi sur les dernières pentes sous le sommet.
Ici, point de cheminée volcanique, donc on atteint le sommet sans embrouilles, mais on est encore sur un vieux volcan. C’est d’ailleurs à lui que l’on doit la présence du lac quelques centaines de mètres plus bas. Un petit million d’années plus tôt, le Mont Price crachait une quantité de lave phénoménale qui s’est entassé sur près de 300 mètres de hauteur sur son flanc Ouest, créant un barrage naturel qui donna naissance au lac de Garibaldi. Le sommet est sensiblement moins fréquenté que la partie Nord du bassin, pourtant c’est un très bon point d’observation du lac et des sommets qui l’entourent.
Après une dernière nuit en hauteur, on plie le bivouac pour entamer la descente pour de bon. Passé le camp qui borde le lac, on continue sur le chemin qui enchaine les lacets dans la forêt qui nous ramène jusqu’au Parking. En fin d’après-midi, il ne pleut toujours pas. Alors en prend le temps de lire les panneaux d’information qui présentent la topologie du bassin, informent les randonneurs de la présence de l’ours brun et du grizzly dans le parc, et signalent qui le bivouac sauvage n’est permis qu’à l’Est du lac…
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