Durée : 12 jours
Distance : 127 km
Dénivelé : 6 245m
Massif : Patagonie – Argentine
Point de départ : Hosteria el Pilar, El Chalten
Coordonnées du point de départ : 49,2314°S, 72,9274°O
Le point de départ de la rando se situe sur la piste au nord d’El Chalten en direction du Lago del Desierto, au niveau de l’Hosteria El Pilar, juste avant le passage du Rio Blanco.
Combinaison de plusieurs itinéraires dans la région d’El Chalten pour faire une traversée du massif du Nord au Sud, entre 6 et 10 jours de marche en fonction des variantes. L’itinéraire passe sous les sommets mythiques de la région, Fitz-Roy et Cerro-Torre en tête, avec un passage en balcon au dessus de l’océan de glace Hielos Continentales.
Pour donner une petite idée, El Chalten pourrait ressembler à notre Chamonix, sans les bijouteries et les hôtels de luxe… Capitale du trek de la Patagonie, elle attire aussi les grimpeurs et quelques expéditions à l’engagement et la technicité parfois hors normes.
Pour la partie Sud de l’itinéraire, il faut s’enregistrer au bureau des Rangers de l’APN (Administración de Parques Nacionales ), et louer du matériel pour passer trois tyroliennes (baudrier, vache et mousquetons). L’entrée du parc et les campements sont gratuits, pas besoin de réserver ; pas besoin de tricher.
Itinéraire complet
Jour 1
Distance : 5.1 km
Dénivelé + 290 m
Dénivelé – 10 m
Une fois les sacs remplis, on commence par faire un peu de stop au début de la piste qui mène au Lago del Desierto pour rejoindre le point de départ du trek, au niveau de l’hosteria El Pilar, qui se situe à la confluence entre le río Blanco et le río Eléctrico.
Vu le départ tardif, on n’est pas sur d’avoir le temps de rejoindre le bivouac Poincenot pour passer la nuit, on décide de viser le Lago Piedras Blancas pour poser le premier bivouac (on s’y est mal pris pour le départ, mais il suffit de deux heures pour rejoindre le bivouac Poincenot par la rive droite).
On commence donc par une traversée sauvage du río Blanco, pour rejoindre une sente de l’autre côté. Il n’y a pas vraiment de chemin mais quelques Kairns qui aident à trouver les endroits où ça passe le mieux, nous ne sommes donc pas les premiers à passer par là. Après une petite portion à travers la forêt on arrive à notre point de bivouac en balcon du Lago Piedras Blancas. Le coucher de soleil devant le glacier Fitz Roy Este valait bien le détour…
Le Fitz ne se découvrira complètement que plus tard dans la nuit…
Jour 2
Distance : 4.4 km
Dénivelé + 155 m
Dénivelé – 140 m
Levé de soleil grandiose depuis notre Mirador. Même si le sommet du Fitz est couvert, on aura le droit à quelques instants de lumières spectaculaires.
On décide de se rapprocher un peu du glacier en aller retour sur la petite crête qui démarque la moraine. Toujours pas de sommet du Fitz, mais encore quelques belles percées de lumière.
On plie bagage pour aller manger au bord du Lago Piedras Blancas. On profite du fait qu’il n’y ait pas de campement en dessous pour faire un brin de toilette dans le lac, plutôt franchement pas très chaud (5°C)… D’autant plus que le vent sera de la partie, au point de soulever des lames d’eau du lac pour nous les envoyer dans la face. Finalement pas besoin de se jeter à l’eau pour être mouillé…
On rejoindra le bivouac Poincenot sous le vent et la pluie (cette fois ci venue du ciel…) accueilli par un couple de Caracas en pleine recherche de chenilles fraiches.
Jour 3
Distance : 23 km
Dénivelé + 1 650 m
Dénivelé – 1 620 m
Réveil une heure avant le lever du soleil (juste au cas où), grosse surprise : le Fitz Roy est complètement dégagé !! On embarque de quoi prendre le petit déj avec nous et on file à la frontale regarder le spectacle de plus près. Direction la Laguna de los Tres, le point de vue clasico touristique pour admirer l’enfilade d’aiguilles : Saint Exupéry , Poincenot, et le Fitz Roy.
Motivation largement récompensée…
On décide de profiter du réveil matinal et de la bonne météo pour aller s’attaquer à un autre point de vue qu’ on a repéré sur la carte : la Pointe des Ardoises (Loma de las Pizzaras). Ça rajoute bien 1000m de dénivelé à la journée avec un peu de longueur et une fin de parcours pas évidente sur des pierriers un peu pentus, mais encore une fois la vue de là haut en vaut la peine…
Première vue sur le Cerro Torre sur la montée : le moins qu’on puisse dire c’est qu’il en impose. Beaucoup plus élancé que le Fitz Roy, avec son mini glacier sommital, de quoi faire rêver grimpeurs et alpinistes.
Attention, si vous décidez de suivre cette partie de l’itinéraire, il faut bien compter 4-5h de marche, et la fin de la montée est assez délicate. Il est possible de s’arrêter au premier sommet (très belle vue aussi, un peu moins aérienne) ce qui évite le pierrier final.
La belle pause qu’on s’est offerte au sommet nous a un peu retardé dans le timing de la journée, on est un peu trop juste (et on en a plein les pattes) pour aller jusqu’au camp d’Agostini. La nuit est sur le point de tomber. On plantera donc la tente en mode sauvage dès qu’on rejoint la forêt.
Jour 4
Distance : 11.7 km
Dénivelé + 355 m
Dénivelé – 479 m
Pluie dès le matin : très bon prétexte pour une mini grass mat. On a encore deux jours de nourriture pour 6h de marche. Au deuxième réveil le temps s’est déjà bien amélioré. On plie le bivouac pour rejoindre le camp d’Agostini. Sur la route on croisera des pics occupés à dénicher des larves. Visiblement habitués aux touristes ils ne sont pas du tout farouches et se laissent bien observer. On croisera par la suite un couple de Merganette des torrents qui remontent un courant puissant à la recherche de repas.
Après un superbe couché de soleil et une nuit s’annonçant sans vent, on décide finalement de passer la nuit au bord du Lago Torre avec une incroyable vue plutôt que dans le camp en pleine forêt. Nous profitons de la proximité du lac pour faire un petit bain de minuit entre les glaçons.
Jour 5
Distance : 18.5 km
Dénivelé + 557 m
Dénivelé – 415 m
Levé de soleil spectaculaire sur le Cerro Torre. Pas un nuage et pas un souffle de vent (première fois après 3 semaines en Patagonie…), ce qui nous permettra de profiter d’un levé de soleil avec reflet, chose rarissime dans la région !
On arrive au bout de notre première ration de nourriture, il nous faut retourner à El Chalten pour refaire le plein, louer les baudriers et s’enregistrer auprès des rangers pour la seconde partie du trek.
On en profite pour se prendre quelques empanadas et une (ou deux) de nos bières préférées du coin : les fameuses Otro Mundo Roja.
Après avoir loué le matos nécessaire au trek, s’être enregistrés au bureau de l’APN (obligatoire pour cette partie du trek). On refait le chemin du matin dans l’autre sens, cette fois ci face au Cerro Torre. Le spot du Mirador Maestri nous ayant bien plu, on ira planter la tente là haut, pour profiter du coucher de soleil toujours sans nuage et en espérant un beau levé de soleil pour le lendemain…
Jour 6
Distance : 0.1 km
Dénivelé + 50 m
Dénivelé – 0 m
Il a plu une bonne partie de la nuit, et le vent s’est levé. Vu qu’on s’est installé sur un spot assez visité, il faut quand même plier le camp au levé du jour.
Dans un élan de motivation on s’extirpe de la tente, et on aura le droit à une récompense qui se passe de commentaires :
On ira replanter la tente dans la forêt quelques mètres au dessus pour laisser passer la pluie de la fin de la matinée. Au second réveil il ne pleut plus et les nuages commencent à se dissiper, vu qu’il est trop tard pour s’attaquer au prochain col, on en profite pour lézarder encore un peu dans le coin.
Jour 7
Distance : 14.9 km
Dénivelé + 1 074 m
Dénivelé – 1 159 m
Réveil matinal pour retourner au Mirador pour le lever de soleil. On ne sera pas déçus. On décolle ensuite pour une assez grosse journée dont on est pas certain de l’itinéraire : pas de trace GPS pour le col par lequel on veut passer.
Arrivés au niveau du Lago Torre, on s’équipe pour franchir la tyrolienne (après avoir délogé les hirondelles du Chili qui l’occupaient) pour franchir le Rio Fitz Roy.
Une fois de l’autre côté on trouve qu’il fait vachement sombre pour cette heure de la journée. Ce n’est qu’en regardant en direction du soleil avec les lunettes de glacier qu’on comprend ce qui se passe : une éclipse, tout simplement.
Rassurés sur le cours du soleil on reprend la montée au col de las Agachonas. Finalement le sentier est franchement bien marqué et on aura pas de mal à le suivre presque jusqu’au col : on décidera de le quitter quelques centaines de mètres avant de le passer pour faire un aller retour au sommet ouest (sans nom). Une fois de plus on a été bien inspirés : juste en face du Cerro Solo, le sommet à une vue 360 qui mérite franchement le détour…
On attaque ensuite la descente, du mauvais côté du ruisseau (si vous suivez cette trace, après le col il faut descendre rive gauche du ruisseau !)
À la fin de pierrier il nous faudra traverser une forêt assez dense, et un marécage bien humide avant de retrouver le chemin qui nous amènera jusqu’au camp de la Laguna Toro.
Jour 8
Distance : 10.3 km
Dénivelé + 929 m
Dénivelé – 425 m
Réveil matinal pour passer le col du vent avant la pluie… et le vent. Départ à la frontale, jusqu’au Lago Toro où l’on prendra le petit déj devant le lever de soleil. On arrive ensuite sur la seconde tirollienne du parcours qui traverse le río Túnel, moins longue mais plus impressionnante que la première…
On entame ensuite la montée jusqu’au col, en passant au raz du glacier du río Túnel. On fera le petit détour jusqu’à l’entrée du tunnel qui donne son nom au glacier et au torrent qui passe dessous.
Après 600m de dénivelé (encore dans du pierrier…) on arrive enfin au Passo del Viento. Le vent est déjà là et la pluie fait son arrivée en même temps que nous. On devine quand-même l’étendue du champ de glace de l’autre côté du col : le glacier continent (Hielos Continentales). De la glace à perte de vue, qui ferait passer notre mer de glace de Chamonix pour une petite flaque. On découvrira dans les heures qui suivent que la météo du coin est encore plus capricieuse que dans le reste du massif…
Le projet initial était d’aller poser la tente au bivouac de la Laguna de los Esquies, au raz du champ de glace. Plus on avance sur la moraine (de plusieurs kilomètres de large), plus le vent et la pluie s’intensifient, jusqu’à rendre toute progression impossible. Rassurés par le GPS, mais quand même un peu paumés dans ce chaos de roche au milieu d’une belle tempête, on décide de faire demi tour probablement quelques centaines de mètres avant l’objectif pour retourner au bivouac précédant (bivouac de la Laguna Ferrari) un peu moins exposé.
On reviendra le lendemain si la météo le permet…
On plantera la tente derrière un paravent de pierre déjà bien établi qu’on consolidera un peu avant de s’enfermer pour la nuit, trempés et frigorifiés.
Jour 9
Distance : 0 km
Dénivelé + 0 m
Dénivelé – 0 m
La tempête continue. Au premier réveil, il pleut encore des trombes, au deuxième réveil aussi…
Plus de réveil.
On aura le droit à quelques minutes de soleil dans la journée qui nous précipiteront hors de la tente en espérant pouvoir rejoindre le champ de glace, mais on sera vite déçu.
Retour en courant dans la tente une petite trentaine de minutes plus tard, de nouveau sous la pluie, et toujours ce vent…
On profite de notre temps enfermés dans la tente pour mettre au point un jeu de carte à deux à mi chemin entre le Napoléon et la coinche qui nous occupera quelques heures. Au bout d’un certain temps le bruit de la pluie sur la tente s’adoucit. On en profite pour jeter un coup d’œil dehors, et effectivement il ne pleut plus, il neige !!! Les deux photos ci dessous ont été prises à quelques heures d’intervalle. La première pendant l’éclaircie de mi journée, la seconde en fin d’après midi. Les changements de météo de ce côté du Passo del Viento ce n’est pas une légende !
La popote du soir se fera une fois de plus dans la tente, abrités du vent et de la neige.
Jour 10
Distance : 0 km
Dénivelé + 0 m
Dénivelé – 0 m
À peu près la même journée que la veille. Entre vent, pluie et neige mouillée. On perfectionne les règles de notre jeu de carte, on dort, on fait quelques réparations …
Pas grand chose quoi.
Les réserves de nourritures commencent à sérieusement baisser. Si demain le temps ne s’améliore pas on devra dire adieu aux espoirs de vision du champ de glace et du Cerro Fransisco Moreno juste derrière.
Jour 11
Distance : 24.3 km
Dénivelé + 786 m
Dénivelé – 1 678 m
Au réveil, la météo s’annonce moins pire que celle des jours précédents : on a le droit à de belle lumières et quelques bouts de ciel bleu. La vision sur la champ de glace s’améliore, et on voit même quelques petits sommets de l’autre côté. Par contre le Cero Francisco Moreno n’est toujours pas de sortie.
Une fois de plus, l’éclaircie ne ce sera que de courte durée, et nos espoirs de voir le champ de glace de plus près seront vite douchés. Le temps de finir le petit dej et plier les affaires, on se fait de nouveau reprendre dans un blizzard de neige mouillée. Cette fois ci on a plus vraiment le choix, on décolle pour le sud.
Au cas ou vous tenteriez le passage de l’autre côté, voici les coordonnées GPS exactes de la petite forteresse qu’on a trouvé et continué d’améliorer : 49°39161077S, 73°13116262O. En cas de grosse tempête sans visibilité ça pourrait vous aider à tomber dessus. Si ça castagne au point de ne pas pouvoir monter la tente il y a un abris sous un rocher une dizaine de mètres au nord de ce point, au cas où…
La météo s’améliore au fur et à mesure qu’on s’éloigne du champ de glace. La neige a d’abord été remplacée par la pluie, puis juste une petite brise. On profite des premières taches de verdure pour se remplir de Calafate : des petites baies qui ressemblent à des myrtilles, un peu plus amères avec beaucoup de pépins, mais surtout d’énormes épines qui ralentissent le rythme de goinfrage. Quelques oies de Magellan nous observent intriguées.
On profite d’une petite éclaircie pour sortir du chemin au niveau du Passo Huemul pour monter au petit sommet quelques centaines de mètres plus loin, avec une vue plongeante sur le front de glace du Glaciar Viedma qui se jette dans le lac du même nom. Encore une fois le petit détour vaut largement la peine ! On aura de nouveau le droit à l’accueil du Condor au sommet.
On attaque ensuite la descente de l’autre côté du col, droit dans la pente sur un terrain pas toujours très stable : une épreuve pour les genoux qui ont déjà subi plus de 1 000 m de descente sous le poids des sacs.
Jour 12
Distance : 15.1 km
Dénivelé + 449 m
Dénivelé – 440 m
On se reveille dans un nouveau spot de bivouac entourés de verdure (ça fait du bien après avoir passé 3 jours bloqués dans une moraine). On l’a déniché assez tard la veille, quelques minutes avant que la pluie ne commence. Elle durera jusqu’au (deuxième) réveil. Visiblement, le spot était déjà occupé par des petits rongeurs qui auront presque fini le peu de pain qu’il nous restait. Heureusement ils n’ont pas trouvé le sac du petit dej.
Ayant appris à profiter du soleil dès que l’occasion se présente, on se précipite hors de la tente pour prendre le petit dej en face du glacier chauffés par le soleil. L’éclaircie ne sera pas de longue durée, mais d’autres viendront dans la journée. Une fois de plus on laisse les coordonnées exactes du spot de bivouac, pas forcément facile à trouver : 49°48172211S, 72°96416633O.
L’itinéraire de la journée se fera en balcon du lago Viedma, dont on devine à peine l’autre rivage (encore quelque chose aux dimensions Patagoniesques).
Si vous faites cette boucle, nous avons empruntés l’ancien chemin qui passe par des marécages pas évidents qui mouillent facilement les chaussettes… Il vaut mieux suivre le nouveau chemin qui bascule de l’autre côté de l’arrête juste après la Bahia Cabo de Hornos (marqués par des piquets rouges).
On s’équipe pour la dernière tyrolienne de l’itinéraire au dessus du Rio Tùnel. Plus récente et mieux équipée que les deux précédentes, elle se passe sans problème. On finira l’itinéraire en faisant la course avec le bateau qui revient du glacier Viedma pour arriver à temps pou prendre le bus qui fait la jonction entre le port du nord du lago Viedma et El Chalten, ce qui permet d’enlever les dix derniers kilomètres pas forcément le plus intéressants, mais surtout d’arriver à temps à El Chalten pour une bière avant que le soleil ne bascule derrière le Fitz Roy
8 Comments
Merci de nous faire partager cette belle aventure !
Au top !
Vous êtes des champions 🙂
Vous avez choisis quelle tente?
Thkx ! Finalement on est partis avec la QuickHiker de Quechua en version trois places, histoire d’être au large quand il flotte trop longtemps…
Je ne trouve pas de mots pour vous dire mon admiration. Vos photos sont magnifiques….des reflets fabuleux! Me perdre dans les paysages que vous nous faites partager me procure une grande émotion…… Merci à vous qui n’hésitez ni à vous mettre tête en bas ni dans l’eau quasi glacée!!!….Commentaire savoureux et, en plus, vous connaissez même les noms des animaux qui viennent vous rendre visite!!!!
Prenez soin de vous. Je vous embrasse. … en attendant de partager une bière avec vous.
Merci Bernadette !
Pour ce qui est de la bière, on a hâte 😉
A+
Tribouline à tout dit, c’est prodigieux , non seulement vous le vivez mais vous avez le dont de nous le faire partager presque comme si on etait avec vous. Je ‘m régale . Bonne route, il me tarde d’avoir de vos nouvelles !
[…] Les tracés GPS peuvent être téléchargés via le lien suivant. […]