Cerro Castillo – Chili

Durée : 3 jours
Distance : 48.3 km
Dénivelé : 2 514 m
Massif :  Andes – Chili
Point de départ : Carretera Austral (n°7)
Coordonnées du point de départ :  45°58487 S  71°57164W

Le point de départ du sentier « Las Horquetas » se situe sur la Carretera Austral, 30km au nord de Villa Cerro Castillo, à l’extérieur d’un virage à 180°.

Le Cerro Castillo ; un immanquable de la Carretera Austral qui porte bien son nom. C’est une succession de pics, de parois verticales et de glaciers. Il existe un itinéraire facile de trois jours, que l’on conseille de faire dans le sens est-ouest pour finir au pied de cette impressionnante montagne. On peut rejoindre le point de départ en bus depuis Villa Cerro Castillo, mais c’est également faisable en stop.

Distance : 15.3 km
Dénivelé + 458 m
Dénivelé – 320 m

On cherche à rejoindre le point de départ de la rando en stop depuis Puerto Rio Tranquilo. On se fait embarquer dans un énorme 4×4 à côté duquel les pickups standards paraissent ridicules. Le gars n’est pas très bavard, mais on a deux heures de voiture à faire ensemble donc on finit par discuter un peu. Il nous dit qu’il ne faut surtout pas aller en Colombie, trop de délinquance. La Bolivie en vélo : trop dangereux, tous les Boliviens seraient des imbéciles ou de la mafia…

On se rapproche du point de départ. Il fait nuit et il pleut. Il nous prend pour des dingues. Ça fait 10 fois qu’il nous répète qu’on se trompe, qu’il fait la route depuis plusieurs années et qu’il n’a vu aucun départ de sentier dans cette zone. On arrive finalement au point de départ de la rando, il est visiblement déçu, mais il nous prend toujours pour des dingues.
On monte la tente à la frontale sans trainer : les affaires se mouillent.

Le lendemain matin, on se fait réveiller de bonne heure par des meuglements de vaches curieuses de nous voir là. On jette un œil dehors ; le paysage est devenu blanc. Il a neigé cette nuit. Un garde parc du CONAF étonné de voir une tente sous ce temps vient à notre rencontre. On est encore dans les duvets. On lui explique la rando qu’on veut faire. Il nous averti que ça ne sera pas facile à cause de la neige, et que dans deux jours, il ferme le secteur pour l’hiver. Encore un qui nous prend pour des dingues. On plie tout et on part sous la neige humide.

On croise une cabane qui doit certainement être la caisse. La zone est payante : 5000 pesos. Mais vu la météo, il n’y a personne.
Le début de la rando se fait au travers d’une forêt blanchâtre le long du Rio Estero La Lima. Le sentier n’est pas toujours très agréable : de grandes portions inondées nous obligeront à mouiller les chaussures…

Il faut remonter toute la vallée jusqu’à la lisière de la forêt. On traverse une première rivière à pied. L’eau est franchement froide. Trois autres traversées pied nu suivront, dont l’avant dernière est suffisamment large pour ne plus sentir ses doigts de pieds. On arrive à un panneau du CONAF avec l’inscription » « Bienvenido – Reserva Cerro Castillo – Sendero de Chile ». Un nouveau panneau indique le prix : de nouveau 5000 pesos. De nouveau personne… On passe alors le premier campement. On ne s’y arrêtera pas : la vue n’est pas assez dégagée et il est encore tôt.

Une petite heure après on arrive au milieu d’un espace très ouvert qui nous permet d’apercevoir le col Portezuelo Penon qu’on devra traverser le lendemain. Très enneigé. Espérons que demain avec les premières chaleurs ça aura fondu un peu…
On plante la tente pas trop tard pour une fois, ce qui nous permettra de nous installer tranquillement pour manger avant le coucher de soleil.

Distance : 13.5 km
Dénivelé + 1 114 m
Dénivelé – 752 m

Le lendemain, tout est givré : la tente mais aussi les habits qu’on avait laissé dehors à sécher…
On se pose pour le petit déjeuner. Les premiers rayons du soleil sont plus que bienvenus. En plus de nous réchauffer un peu, ils font scintiller tout le paysage gelé autour de nous.

On se met en route. Le sentier replonge dans la forêt pour une bonne partie de la montée jusqu’au col, ce qui nous évitera d’avoir à trop marcher dans la neige. On passera le second campement dans la forêt, plus sympa que celui qu’on avait croisé la veille à l’entrée du parc.

Arrivés en haut, tout est encore enneigé malgré le soleil qui tape depuis plusieurs heures. Il y a une vingtaine de centimètres de neige par endroit… Parfois plus.
Le col est surprenant : très encaissé, il s’allonge sur plusieurs centaines de mètres. Ça n’en finit plus, et plus on avance plus ça se charge en neige. À la sortie du col on se pose sur un mamelon que la neige a épargné pour manger.

La descente se fera dans un pierrier pas très évident à cause de la neige. Le soleil aura quant à lui disparu. Au fur et à mesure qu’on avance, les premiers contreforts du Cerro Castillo se découvrent. On descend jusqu’à rentrer de nouveau dans la forêt, toujours aussi magnifique. Malgré les premières neiges il reste encore de belles couleurs aux Lengas. Les quelques rivières à traverser sont équipées de ponts. Ça fait plaisir un peu de luxe…

Le sentier part sur la droite pour remonter dans la vallée en direction de la Laguna Verde. À la sortie de la forêt, on commencera à deviner le replat où se cache le lac. Le sentier suit le ruisseau se déversant depuis celui-ci. Nous arrivons au bord de la Laguna Verde, mais visiblement on est pas les seuls à avoir pensé à planter la tente ici aujourd’hui. On est samedi. Les locaux randonnent aussi.
On s’installe sur un replat en surplomb du lac. La Laguna Verde est juste au pied du grand Cerro Castillo et des quelques glaciers qui vont avec. Le coucher de soleil est magnifique. Assez de nuages pour que ce soit intéressant, mais suffisamment peu pour avoir les belles couleurs.

Distance : 19.5 km
Dénivelé + 942 m
Dénivelé – 1 923 m

On profite des premiers rayons du soleil pour se faire un petit bain dans le lac. L’eau n’est pas chaude mais on commence à s’habituer à ce que ça pique.

On plie la tente un peu frigorifiés. C’est toujours long de se réchauffer après une baignade. On décide de monter hors sentier au premier sommet qu’on voyait depuis le col de la veille : le Morro Rojo, qui nous donnera une très belle vue sur toute la vallé. On profite des dalles qui sont au sommet pour faire un kairn avant de rejoindre le col qui permet la descente direct sur Villa Cerro Castillo, mais on continue en direction du petit sommet en face.

En haut on se prend une soufflante impressionnante. Il en est même difficile de garder l’équilibre. On se trouve un endroit un peu à l’abri du vent pour manger avant le passage du sommet. On profite une dernière fois de la vue sur l’imposant Cerro Castillo avant de redescendre. Par la suite, on réalise que potentiellement le couple qu’on avait croisé avant de s’arrêter pour manger est probablement venu en voiture jusqu’au départ du sentier de ce côté de la vallée. Ça pourrait nous éviter de parcourir à pied la longue piste jusqu’à la ville.

On décidera donc malgré les genoux qui commencent à se plaindre d’augmenter le rythme pour les rattraper. La descente n’est pas aisée, on attaque par du pierrier et ensuite quelques ruisseaux empruntent le sentier, le rendant glissant. On arrive le long du Rio Estero Parada. La piste n’est plus très loin mais toujours personne en vue.

On dépasse une Estancia et on arrive enfin sur la piste, les genoux en feu. On vient de descendre 2 000 m avec des gros sacs à un bon rythme, mais grande déception. Pas de parking et pas de voiture. C’est partie pour une bonne 10aine de km de piste monotone. On finira par se faire prendre en stop une 10aine de minutes avant d’arriver à Villa Cerro Castillo. C’est toujours ça de gagné.

On demande à notre chauffeur s’il y a une brasserie artisanale, il nous amènera au bout du village devant une brasserie, fermée… En revanche, on s’appercevra vite que le voisin de la brasserie est Roberto, a qui on a donné un petit coup de main pour la construction d’un refuge de montagne dans la vallée Leone, une centaine de km plus au sud… Il discute devant chez lui avec Pedro et Juan que l’on connait aussi. On passera finalement la soirée chez eux, en mode dégustation de pisco.