Durée : 4 jours
Distance : 33.5 km
Dénivelé : 2 120 m
Massif : Pic Lénine – Kirghizistan
Point de départ : Camp de base pic Lénine
Coordonnées du point de départ : 39.4953°N, 72.9270°E
Un enchaînement de faces Nord croulant sous les séracs, des montagnes aux couleurs exubérantes et des pelouses qui viennent chatouiller les glaciers. Voilà ce qui vous attend autour du pic Lenine. Au fil des années, le sommet a gagné la réputation d’être « le plus facile des 7000 » et attire de nombreux alpinistes pendant la courte saison d’ascension, de Juin à Août, mais les grands espaces qui entourent cette montagne diluent les touristes dans des paysages grandioses.
Video
Itinéraire complet
Jour 1
Distance : 14.4 km
Dénivelé + 1 390 m
Dénivelé – 207 m
Deux pistes permettent d’accéder aux itinéraires de la vallée, la première part de Sary Moghol et remonte la rive droite de la rivière qui coule des glaciers du Lenin. Elle finit aux yourtes du CBT (community base tourism) installées au milieu d’une étendue de lacs turquoises une petite quinzaine de minutes de marche du camp de base. La seconde route part de Kashka Suu et permet d’accéder directement au camp de base. On choisi la première option. De passage au camp de base aux centaines de tentes jaunes, on décide de s’offrir les services de chevaux pour monter jusqu’au camp 1. Une fois le prix négocié on attend nos montures.
Peu de temps après, deux chevaux arrivent. Les sacs vont sur le cheval du guide et on comprend vite qu’il n’y a qu’un cheval pour nous deux. Le guide nous lance un « niet problem » qui nous encourage à monter à deux sur le cheval. On n’y connaît rien et on trouve les chevaux plutôt grands donc on s’exécute. On se sent vite mal à l’aise. Le cheval avance mais ce n’est visiblement pas sans peine. Du coup on le montera chacun notre tour, ce qui permettra au passage de se rendre compte du rythme réel auquel il avance. Lui reprend vite du souffle mais de notre côté il faut cavaler pour avancer à sa vitesse.
Le chemin devient de plus en plus escarpé. On s’enfonce dans une vallée secondaire de plus en plus étroite pour finir sur une sente sur un flanc de pierrier rouge. Une fois au premier col Traveler’s Pass, la vue s’ouvre sur les glaciers qui coulent des faces Nord au fond de la vallée, le tout entouré de montagnes aux couleurs ocres exubérantes. Le sentier se corse encore. La sente tracée sur un terrain de gravier meuble devient plus étroite et les pentes plus raides. A pied ça passe sans problème, mais sur le cheval on serre les fesses. Le dada dérape quelques fois mais ça ne le fera pas sortir de l’itinéraire. Il a l’habitude.
Après une bonne longueur à flanc, puis quelques passages de torrent au débit soutenu, on arrive sur le début du replat qui accueille les tentes du camp 1. La voie normale d’ascension du pic Lénine continue plein sud sur une grande face glacière, on quitte à ce moment l’itinéraire principal pour continuer vers l’Ouest du camp 1, en direction du pic Yukhina, un petit 5 000 qui a l’air très appétissant sur les cartes.
On abandonne les chevaux peu après le camp. Ils nous ont déjà bien aidé, on s’en rend vite compte en continuant la montée avec les sacs sur le dos. On pose le camp sur un petit replat au pied du sommet que l’on vise. Si tout se passe bien on dort au sommet le lendemain. D’ici, la vue est déjà invraisemblable. Des séracs dégoulinent de la paroi juste en face, en dessous le glacier s’ouvre en grosses crevasses vers le fond de vallée. On trouve un gros rocher qui offre un spot abrité pour profiter du spectacle et d’où on peut apercevoir en face les derniers alpinistes descendre du camp 2.
Jour 2
Distance : 1.1 km
Dénivelé + 380 m
Pas de pression. On a la journée pour faire les quelques centaines de mètres qui nous séparent du sommet. On profite, il fait beaucoup moins froid que prévu. Le thé s’éternise. On se décide finalement à se mettre en route tard dans la matinée. On croisera quelques groupes qui montent. La proximité du camp 1 fait du sommet une bonne excursion d’acclimatation. L’itinéraire atteint le col juste sous le sommet par un pierrier raide, orienté plein sud, où la neige à complétement fondue. Les derniers mètres se font sur une petite calotte de neige dure dont le sommet rocheux dépasse de quelques mètres. Parfait. On va pouvoir rester au sec pour cette nuit.
On a toute l’après-midi de libre pour profiter de l’endroit. Donc on profite. On fera un petit aller retour sur le début de l’arête de l’autre côté du sommet. On compte s’avancer un peu plus demain matin, mais on profite de la petite couche de neige molle pour poser nos traces de descente qui nous serviront le lendemain matin quand la neige sera plus dure.
On aura le droit à un coucher de soleil assez incroyable. Des orages localisés bouchent le font de la vallée et les sommets voisins mais ne menacent pas la sérénité de la soirée.
Jour 3
Distance : 10.3 km
Dénivelé + 310 m
Dénivelé – 1 290 m
La nuit a été très bonne : il a fait chaud compte tenue de l’altitude. On profite des bonnes conditions pour faire un petit tour sur l’arête. La descente est effectivement en neige dure, mais la pente est assez molle et n’est pas exposée, donc on y va dans nos traces de la veille. Après le second sommet, on passe sur du glacier. La première partie est très bouchée, aucune trace de crevasse et il n’y a qu’une très fine couche de neige sur la glace qui ne semble pas pouvoir créer de ponts de neige donc on continue.
Ça commence à se gâter un peu avant de rejoindre la deuxième partie de l’arête. Les ruptures de pente laissent apparaître quelques fissures dans la glace. Finalement on s’arrêtera là. À quelques mètres de l’arête qui aurait pu nous amener au sommet suivant. On continuera la prochaine fois qu’on viendra dans les parages, avec corde et crampons… Retour par nos traces vers le sommet où l’on a laissé la tente et les sacs. On a beau ne pas être monté jusqu’à notre objectif, ça reste très beau. Tout est blanc : le dôme sur lequel on se trouve, les nuages qui viennent le chatouiller et les glaciers qui couvrent les faces au dessus. Seul le bleu du ciel apporte un peu de couleur.
De retour au sommet, on récupère les sacs avant d’attaquer la descente. Les premières pentes sont un régal. On descend sur un pierrier raide, dans un mélange de gravier et petits cailloux de taille idéale. En ski-semoule chaque pas nous fait perdre un mètre de dénivelé. 5 minutes plus tard on a déjà perdu 400 mètres. Après un petit replat on a le droit à un deuxième pierrier du même genre. 300 mètres de moins. Impossible de tricher ensuite, le sentier devient plus classique. On contourne le camp 1 puis on réalise qu’un sentier bis existe sur le bord du glacier pour ne pas à avoir à traverser le torrent de la veille.
Sans chevaux, c’est pas la même. Le sentier en balcon tire sur une bonne longueur à flanc de pierriers multicolores. Après une bonne longueur on arrive sur le petit replat herbeux que l’on visait pour passer la nuit, sous le Traveller’s Pass. L’endroit est magique et inespéré. Un îlot de verdure vient faire trancher dans ce paysage de roche et de glace et offre une vue spectaculaire sur la vallée. Seul problème ; il n’y a pas d’eau. Vu l’endroit, on décide quand même de s’y arrêter quitte à devoir faire une mission remplissage de gourdes de l’autre côté du col.
Jour 4
Distance : 7.7 km
Dénivelé + 40 m
Dénivelé – 630 m
Dernier jour. Avant de redescendre sur le camp de base on fait un petit aller retour sur le sommet à l’Est du col qui offre un panorama assez perché à l’entrée de la vallée. L’endroit offre l’une des vues les plus variées de tout le séjour : un tableau de montagnes aux couleurs exubérantes au pied des géants blancs d’où coulent des rivières de glace. Une fois imprégnés de la vue, la dernière, on descend pour de bon. Après deux heures de descente, on arrive en vue des yourtes du camp de base qui marqueront la fin de la randonnée mais aussi du voyage…
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